La cité scolaire a bénéficié de quatre décorations au titre du 1% artistique. Deux pour le lycée classique et moderne, une pour chacun des lycées techniques. Ces deux dernières ont disparu, mais celle du lycée Jules Lesven est bien documentée.

Sculpture en ronde bosse de Noor-Zadé Brener.

La sculpture en bronze de Noor-Zadé Brener représente "deux jeunes gens". Les dossiers de la commande publique aux archives nationales ne comprennent pas de procès-verbal d'agrément, ni d'arrêté. Une fiche manuscrite porte la mention "accord" en face de la description de l'œuvre et informe de l'évolution du projet : passage d'un groupe sculpté en pierre reconstituée évoquant la jeunesse à une sculpture de "deux jeunes gens", en bronze. Le procès-verbal de la réunion du Conseil général des bâtiments de France, du 18 octobre 1960, précise que cette décoration devait à l'origine se situer dans "le jardin du bloc cuisine réfectoire". Elle a vraisemblablement été déplacée à l'occasion d'une restructuration de celui-ci et installée dans le hall d'entrée du lycée la Pérouse-Kerichen. La sculpture a été achetée 26 000 NF.

Deux obélisques de Marcel Renard

La commission d'agrément des artistes, réunie le 17 mars 1961, n'évoque pas le projet de Mme Brener car elle attend d'avoir reçu les maquettes pour statuer. Elle ne se prive cependant pas d'être sévère avec Marcel Renard : "Cette gravure a un caractère de mauvaise illustration folklorique. Elle ne tient pas compte ni de la qualité du granit, ni de l'architecture très heureuse des volumes." Le 4 mai 1961, elle examine de nouvelles maquettes qu'elle juge : "(...) pas tout à fait satisfaisantes, mais la commission estime que l'on peut faire confiance à Monsieur Mathon et donne son accord sous réserve que la stylisation de la gravure soit plus poussée." 45 000 NF ont été réservés à ces sculptures. (Jean-Baptiste Mathon est l'architecte de la cité scolaire).

L'œuvre de Marcel Renard est composée de deux obélisques de deux mètres de hauteur qui semblent avoir été réalisés en pierre bleue de Belgique [une roche calcaire que l'on nomme parfois, paradoxalement, "petit granite bleu"]. Ils sont sculptés sur les quatre faces et devaient évoquer ""la Marine", "la Pêche", "la Bretagne agricole", "artisanale", "folklorique", "légendaire", etc." Ils devaient être positionnés "dans les jardins du bloc enseignement classique et moderne et classes spécialisées". Jusqu'en 2020 - 2021, les sculptures étaient en effet implantées sur un espace de pelouse entre le lycée La Pérouse-Kerichen et le service de restauration mutualisé. Elles ont été déplacées en 2020 ou 2021 pour installer un ensemble de classes mobiles. Leur nouvel emplacement se situe à l'ouest du long mail qui relie l'entrée est de la cité scolaire à l'accueil du lycée "général", face à l'entrée principale du lycée La Pérouse-Kerichen.

Les gravures évoquent l'histoire et les légendes de Bretagne ou l'agriculture, la faune marine, mais aussi des activités symboliques et très contemporaines de la ville de Brest des années 1960 : la "Royale", l'aéronavale, l'arsenal de Brest. Ces dernières thématiques, tout comme leur traitement, sont fort éloignés de toute tentation folkloriste.

Un bas-relief sculpté par Raymond Delamarre qui a disparu

Après qu'un premier projet de Raymond Delamarre (1890-1986), Premier Grand Prix de Rome de sculpture en 1919, de trois bas-reliefs en céramique émaillée symbolisant le travail, a été écarté par la Commission, le 31 janvier 1962, l'arrêté d'agrément du sculpteur, du 28 février 1962, stipule :

"La décoration est la suivante : au-dessus de l'entrée principale des ateliers, un bas-relief sculpté en pierre, de 2m50 x 2 m environ.

Le prix de ce travail est fixé à 19 500 NF."

Ce bas-relief n'est plus en place.

Une sculpture en métal et céramique d'Yslav et Claude Bignens, également disparue

Le sculpteur Yslav [André Berraud pour l'état-civil, né en 1940], a réalisé, avec le céramiste Claude Bignens (1935-1991), une sculpture en métal et céramique pour la décoration du lycée Jules Lesven. Un article du Télégramme, en date du 21 novembre 1975, indique que l'artiste a été choisi, que le thème de la sculpture est : "l'élément de vie, une ouverture sur le nouveau monde", présenté ainsi par l'artiste : "L'œuf, la gangue dans laquelle sont enchâssés les cristaux et [ou plutôt "est" ?] le creuset où bouillonne le métal en fusion". Cette œuvre, en partie dégradée était située sur une pelouse dans la cour intérieure du lycée.

Lors d'un entretien réalisé le 29 octobre 2020, Yslav qui parle se sa sculpture comme d'une "géode", nous a indiqué qu'elle avait été implantée en un lieu qu'il n’avait pas prévu. Il envisageait qu’elle soit placée, dans un environnement planté selon ses orientations, à la confluence de plusieurs cheminements intérieurs de l’établissement. Le proviseur aurait demandé une autre implantation, sur une pelouse, puis "dissimulé" quelque peu la sculpture, côté rue, par une haie de troènes.

Lorsqu'Yslav intégrait de la céramique à ses sculptures, il faisait appel à Claude Bignens. Leur collaboration pour cette géode n'est donc pas unique.

Lors de l’enquête de terrain menée au lycée Lesven, en février 2019, il a été indiqué au chercheur que lors de travaux paysagers l'œuvre avait été endommagée, puis mise à la ferraille.

Le Dictionnaire des lycées publics de Bretagne, édité en 2012, a publié une photo de la sculpture in situ prise par Marc Rapilliard, le 18 avril 2011. Sa légende présente l’œuvre comme étant un exemple de « 1% à l’abandon » (p.591).