Moulin puis tannerie de Rohan.
Etabli sur le ruisseau de Rohan, le moulin de Rohan dépend du chapître de la cathédrale. Il est transformé par les chanoines en moulin à tan dès le 15e siècle, en raison du caractère rentable de cette activité. Il est mentionné par Dubuisson-Aubenay en 1636. Le chanoine Mahé fait remonter la fondation du moulin au duc de Rohan qui l'aurait donné au chapître au 15e siècle. Il était lié au moulin à vent de Rohan construit sur le chemin du Bondon vers 1787, en ruines lors de l'établissement du lotissement du champ du moulin de Rohan vers 1930.
Vendu à la veuve Mahéo à la Révolution, le moulin devient un moulin à vapeur en 1835, d'après un texte établi par Brunet-Debaines, il est en construction à cette date et les bâtiments d'habitation sont à proximité. On ne sait à quelle époque le moulin était redevenu un moulin à farine. Le propriétaire, A. Le Vannier, dépose une demande d´autorisation pour établir « un nouveau moulin à farine qui sera mu par deux machines à vapeur de huit chevaux chacune, alimentée par une seule chaudière ». Cette autorisation est donnée le 29 septembre 1835. Il s´agit alors du 1er moulin à vapeur établi sur le territoire de Vannes et la commune doit en retirer un grand avantage, tant sur le plan de la qualité de la panification que pour ses possibilités de suppléer aux autres moulions en cas de sécheresse.
Il est acquis en 1880 par Alexandre Douaud Corniquel qui désirait déplacer son usine, occupant alors l'une des roues du moulin au Duc. Une demande d´autorisation faite en mairie le 17 mars 1880 est acceptée en juin. C´est à cette époque que le moulin redevient moulin à tan.
La tannerie construite par Alexandre Douaud en 1880 subit des modifications notables au début du 20e siècle. Tout d´abord, en 1903, Alexandre Douaud sollicite la permission de recouvrir une partie du ruisseau ; l´autorisation lui en est donné le 16 mai. Suite à l´incendie de l´ancien moulin et des bâtiments adjacents en 1911, des agrandissements importants, sont exécutés sans demande d´autorisation en 1912-1913. Ils sont complétés par le projet d´un bâtiment d´administration dessiné par l´architecte Caubert en 1922, situé à l´angle des rues de Rohan et Douaud (actuelle voir Georges Pompidou). Cependant ce projet de bureaux ne semble pas avoir été réalisé : il ne figure pas sur le plan de la reconstruction de 1947. La société est alors florissante, est dotée d´un outillage moderne et emploie 200 personnes. Dès 1926 cependant, « l´entreprise chôme deux jours par semaine et prévoit un chômage plus important » (Bernard André, in : Histoire de Vannes). Les difficultés de l´entreprise amène Douaud à vendre sa maison située au dessus de l´usine, au docteur Caudrelier qui y installe sa clinique du Sacré-Coeur.
Le projet immobilier prévu sur les huit hectares de terrain (B. André) que possède la société autour de son usine, doté de larges allées plantées, ne verra jamais le jour, probablement en raison des difficultés de mise en oeuvre dans un terrain très humide, mais aussi des difficultés financières de l´entreprise.
En 1938, l´activité de la tannerie s´arrête. « La société Bretagne-Métaux, filiale d´une société parisienne, les établissements Mauger, installe une usine de transformation de métaux non ferreux. Interrompue par la guerre, l´usine occupée par les allemands est détruite en 1944» (Bernard André). Après la guerre ne subsiste qu´une activité de vente de fonte d´aluminium et bronze.
En 1990, les locaux sont transformés en centre d´affaires : le bâtiment de 1912-1913 est réhabilité, partiellement coupé au sud et augmenté d´un corps côté est. Cependant, la partie la plus ancienne de la tannerie, située à proximité du moulin, semble avoir totalement disparu : elle a été remplacé par des bâtiments industriels de stockage en tôle et bâti acier.
Les bâtiments qui subsistent consistent en deux corps de bâtiment perpendiculaires, dont l´un situé le long de la rue Pompidou, datant des années 1912-1913, et d´un bâtiment isolé également rue Pompidou appartenant dans sa partie ouest à l´époque Douaud, mais modifié ou reconstruit, peut-être après guerre, pour Bretagne-Métaux.
Le premier corps est construit en moellon enduit, avec des ouvertures et chaînes d´angle en brique et enduit alternés. Il possède une élévation irrégulière sur la rue, avec quatre travées à l´est, sept travées à l´ouest entourant un corps central à trois travées avec fronton sur la travée centrale. Il est aujourd´hui couvert en zinc d´un toit à croupes, mais à l´origine, il était comme le bâtiment en retour, couvert d´un toit en tuile industrielle, à croupes avec lanterneau. Le corps en retour vers le sud est en moellon de granite. Il se compose de onze travées au nord, de sept travées au sud, la huitième ayant été détruite en 1990. Ses ouvertures sont établies côté est et ouest ; autrefois formées de deux fenêtres rectangulaires superposées par travée, en brique, elles ont été agrandies vers le bas, formant une ouverture unique. La toiture, à longs pans avec lanterneau, à croupes, est en tuile industrielle. Ce corps à étage est accosté côté ouest d´un local en rez-de-chaussée couvert à croupes, avec deux frontons triangulaires en moellon : situé au dessus du ruisseau, ce corps de bâtiment abritait probablement les machines à vapeur.
L´intérieur des deux corps de bâtiment a été complètement vidé et repris lors de la transformation de 1990.