1- Binic : principaux repères : (Patrick Pichouron)
Binic est une commune littorale du département des Côtes-d'Armor située sur la côte du Goëlo, au nord-nord-ouest de Saint-Brieuc, à l'entrée de la rivière d'Ic. D'une superficie totale de 596 hectares, elle est bordée par la Manche à l'est et limitée par les communes de Pordic au sud, d'Etables-sur-Mer au nord et de Lantic à l'ouest. Le sous-sol est principalement constitué de schiste et de granite.
Selon Bernard Tanguy, le nom, qui résulte de la position géographique du lieu, est formé à partir d'un terme breton correspondant au cornique "ben", au gallois "bôn" et à l'irlandais "bun", signifiant "pied, base, racine", d'une part, et d'un hydronyme probablement d'origine préceltique, d'autre part.
Les vestiges du Néolithique (7 000 - 2 000 av. J.-C.), tout comme les traces d'activités protohistoriques et les thermes gallo-romains de la Banche, attestent l'ancienneté de l'implantation humaine sur cette partie du littoral costarmoricain.
L'actuelle commune de Binic faisait partie de la paroisse d'Etables sous l'Ancien Régime. Elle apparaît sous la forme "Benic" en 1419, puis "Binic" en 1545 et "Bennic" en 1565. Lieu des audiences de la cour du duché de Penthièvre aux juridictions du comté de Plourhan et de la seigneurie de la Rochesuhard dès 1632, le "haffvre de Bynic" (1564) était un des tous premiers ports de pêche morutière à Terre-Neuve à la fin du Moyen-Age.
Elle a été érigée en trève de la cure d'Etables par ordonnance épiscopale du 13 juillet 1790, mais cette décision adoptée au lendemain de la Constitution civile du clergé ne devint jamais effective. Chapelle annexe de la cure d'Etables en 1814, elle a été érigée au titre d'église succursale de la cure de Lanvollon par ordonnance du 16 mars 1820, puis à partir du 5 décembre 1821 de celle d'Etables. A l'initiative de François Le Saulnier de Saint-Jouan, relayé dans son action par la duchesse d'Angoulême, elle a reçu le titre de commune par ordonnance du 22 août 1821 en raison de son dynamisme économique, puis a été agrandie, par ordonnance du 16 mai 1836, sur la rive droite de l'Ic, d'une fraction de Pordic comprenant les villages de la Ville-Avoine, la Roche-Martin, Sainte-Marguerite, la Tourelle, la Ville-Louais, la Ville-Hulin, l'Echaussée, le Petit-Quartier et Courtel. Binic a été classée station de tourisme par décret du 15 avril 1921.
2- Binic : le patrimoine architectural : (Patrick Pichouron)
La présente enquête a été réalisée au cours des mois de février et mars 2006 dans le cadre de l'opération d'inventaire préliminaire à l'étude du patrimoine des communes littorales du département des Côtes-d'Armor. Elle a permis de procéder au repérage de 294 oeuvres, parmi lesquelles 271 relèvent de l'architecture domestique et agricole, 9 de l'architecture religieuse, commémorative et funéraire, 5 de l'architecture du génie civil, 4 de l'architecture des équipements publics et 4 de l'architecture commerciale. Le cinéma a également fait l'objet d'un répérage. La chronologie du corpus est comprise entre la 1ère moitié du 16ème siècle et le 2ème quart du 20ème siècle, incluant une très forte proportion d'oeuvres datant de la 2ème moitié du 19ème siècle et de la 1ère moitié du 20ème siècle. Au sein de ce corpus, 20 oeuvres ont fait l'objet d'une proposition de sélection pour des raisons d'ancienneté, de qualités architecturales, d'unicité ou de représentativité.
Le patrimoine maritime de la commune de Binic : (Guy Prigent)
La commune de Binic se distingue de la côte du Goëlo par son riche passé maritime, comparable à celui de Paimpol et de Plouézec, qui repose sur la Grande Pêche à Terre-neuve et à Islande, mais aussi sur une forme de tourisme balnéaire à la fois populaire et de qualité, qui a laissé des traces dans le paysage foncier et l'habitat littoral. La maritimité de Binic s'exprime aujourd'hui dans la belle plaisance, représentée par 10 bateaux à signaler, dont 9 bateaux de plaisance (le "Rigel", classé MH) et 1 bateau de charge (la "Fée de l'Aulne", classé MH), régulièrement présents dans le bassin à flot. La centralité portuaire de Binic est un atout de son identité urbaine et maritime.
Il faut aussi signaler 7 objets particuliers sélectionnés, témoins du passé maritime de Binic :
- une coffre de marin Terre-Neuvas
- un livre de bord de terre-neuvier
- un bateau ex-voto et l'autel de l'église paroissiale
- une octant
- compas de route (Musée de Binic)
- un outil de cordier (ancienne corderie de Binic).
D'autres objets, propriétés du Musée de Binic, sont à signaler : un groupe à incendie, un livre liturgique, un carillon, un moulin à grains et une armoire à lin.
L'architecture portuaire de Binic est à conserver et à valoriser, en particulier le vieux port (avec ses vieux quais et son échelle à marée) et le magasin des Ponts et Chaussées, oeuvres à étudier. Il faut encore signaler le fanal de Binic et la jetée de Penthièvre, dans l'avant-port, dont l'historique mériterait une attention particulière et un panneau d'interprétation.
Le Musée des traditions populaires de Binic mériterait également d'être valorisé, avec une orientation à la fois rurale et maritime, selon un projet scientifique encore à définir. Les usages sociaux du patrimoine littoral et maritime de Binic s'expriment en particulier dans les manifestations locales comme "la fête de la morue" venue remplacer l'ancien pardon des Terres-Neuvas.