• inventaire topographique, Commana
Maisons, fermes et hameaux sur la commune de Commana

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Parc Naturel Régional d'Armorique
  • Adresse
    • Commune : Commana

CONDITIONS DE L´ENQUETE .

Ce dossier collectif vise deux objectifs : appréhender une « famille » d'édifices représentés en grand nombre et dégager les caractères architecturaux communs ou spécifiques à cette famille. Reflétant une sélection raisonnée sous forme d´échantillonnage, certains éléments, jugés représentatifs et pas (ou peu) dénaturés, ont été étudiés en dossiers individuels.

Environ 150 édifices sur un total de 417 immeubles (chiffres INSEE 1999), soit environ 36% du bâti, ont été repérés. Parmi ceux-ci figurent les 35 édifices ou ensembles d'édifices sélectionnées pour étude ; chaque élément repéré est illustré, soit dans un dossier individuel, soit dans le dossier collectif. Au sein de certains hameaux, entités spatiales et historiques cohérentes et significatives, plusieurs édifices ou ensembles d´édifices (entre 2 et 13), ont pu être retenus. Les maisons situées au chef-lieu de commune, en raison de leur caractère tardif ou répétitif, n'ont pas été traitées ici mais le dossier « bourg ».

La synthèse qui suit concerne uniquement l'habitat rural proprement dit, c'est-à-dire les maisons et fermes isolées ou situées en écart ainsi que des hameaux entiers lorsque aucun élément ne méritait, en raison de remaniements successifs, un traitement spécifique.

CONTEXTE HISTORIQUE .

Peu de documents permettent de connaître l´espace rural avant la seconde moitié du 18e siècle. La topographie apparaît d´une manière succinte sur la carte de Cassini (vers 1770) et surtout sur les premiers plans cadastraux de 1812 qui reflètent encore largement le parcellaire et le bâti antérieur à la Révolution.

Le réseau des voies de communication et les structures des hameaux, tels qu´ils apparaissent en 1812, perdurent au-delà des modifications intervenues depuis la seconde moitié du 19e siècle.

Dans ses « Recherches statistiques sur le département du Finistère » publiées en 1837, Armand Duchâtellier note, pour le canton de Sizun, que les « édifications nouvelles y sont rares bien que leur distribution actuelle appelle hautement à la réforme la plus positive ».

En 1843, d´après Ogée, sur un total de 4000 hectares, 1635 sont des terres labourables, 390 des prés et des pâturages, 85 des bois, 46 des vergers et des jardins ; 1625 hectares, soit environ 40% du territoire communal, sont couverts de landes qui, en grande partie exploitées, faisaient alors intégralement partie de l´économie rurale. Au 18e siècle et sans doute plus tard, certains bâtiments ruraux (crèches, étables), étaient couverts de matériaux végétaux (genêts).

Même si un grand nombre de constructions a été remplacé in situ, la densité d´éléments bâtis anciens est élevée. Peu de lieux-dits ne conservent pas un ou plusieurs éléments bâtis intéressants. A l´époque de l´activité agricole la plus importante - la seconde moitié du 19e siècle - entre quatre et douze exploitations agricoles étaient ainsi regroupées. Ce nombre est en constante diminution depuis les années 1960.

La carte de localisation montre des densités différentes suivant les secteurs : les récurrences sont assez fortes dans la frange médiane de la commune qui va de Kerfornédic et Linguinou à l´ouest jusqu´à Kerguélen et Restancaroff à l´est.

Les densités sont plus faibles sur les flancs nord des monts d´Arrée où toute la partie sud de la commune est dépourvue d´habitat.

Des résultats observés, et plus particulièrement des chronogrammes relevés sur le bâti, se dégagent plusieurs tendances situant le corpus des maisons rurales dans une chronologie allant du milieu du 17e siècle aux années 1930.

Occurrences observées : 2e moitié 17e siècle (11) ; 1ère moitié 18e siècle (2) ; 2e moitié 18e siècle (7) ; 1ère moitié 19e siècle (12) ; 2e moitié 19e siècle (30) ; 1900-1934 (22).

Sauf à Quillidiec, Kerouat et Kernaman, on constate l´absence de témoins conservés antérieurs au 17e siècle. Une vingtaine de maisons, fermes ou parties de hameaux, soit environ 13 % du total pris en compte, datent des 17e et 18e siècles ; ceci s´explique, en partie, par une conjoncture économique favorable liée au traitement du lin et au commerce des toiles, relayée, dès, le 18e siècle, par l´élevage et le commerce des chevaux.

Les faibles taux observés pour le 18e siècle correspondent à un déclin de l´économie rurale bretonne en général et à un recul des activités locales traditionnelles en particulier. Le 19e siècle - il se prolonge jusqu´en 1918 - est caractérisé, comme ailleurs en Bretagne, par le renouveau, tout modéré toutefois, des constructions rurales. Deux cas de figures dominent : la disparition de l´habitat ancien remplacé, in situ, par un nouveau logis ou la conservation des logis anciens alors déclassés en parties agricoles. 148 immeubles seraient, suivant les données de l´INSEE, antérieurs à 1915. Les constructions ou reconstructions de logis ruraux entre 1920 et la Seconde Guerre mondiale ne sont pas nombreuses mais existent, entre autres, à Bothuan, Botlan ou encore Roscoat.

Une partie du bâti ancien a connu, suite à la déprise agricole, un délaissement progressif suivi de réhabilitations ponctuelles. La comparaison entre quelques éléments recueillis en 1974 et leur état en 2006 montre une proportion assez élevée de réhabilitations (habitat non agricole, résidences principales ou secondaires).

LES COMMANDITAIRES .

Travaux historiques et inscriptions figurant sur les bâtiments les plus représentatifs révèlent, parfois, quelques noms de bâtisseurs : Cam à Runtan, Yves René Fagot à Kerouat, Prouf et Le Maguet à Restancaroff, Baron, Picart et Martin à Ponclet Izella, Martin et Prouf à Pengoaziou, Pouliquen et Iolus à Pentreff. Les familles commanditaires, souvent apparentées entre elles, appartenaient aux classes rurales dirigeantes, exploitants de domaines ruraux ou, parfois, marchands de toiles. En 1799, la présence de paysans-marchands de toiles est attestée dans 17 hameaux de Commana.

Des pierres de remploi figurant des calices ont été localisées à L´Angle (1668), Kervelly (1657), Kerouat et sur une maison au Penquer (actuellement bourg) qui porte la date de 1670 ou 1679 ; dans certains cas, il pourrait s´agir d´anciens logements de prêtres dont la présence en secteur rural n´était pas négligeable. En ce qui concerne l´habitat le plus modeste, il est sans aucun doute sous-représenté puisque peu de témoins sont parvenus jusqu´à nous.

COMPOSITION D´ENSEMBLE .

L'implantation isolée est rare et semble relativement tardive, selon toute vraisemblance postérieure à 1800. La majorité des édifices se situe au sein de villages de structures plus ou moins éclatées et, à l'origine, composés de plusieurs exploitations agricoles disposant chacune de dépendances et donnant sur des espaces ouverts ou des voies de passage. Trois, six, voire plus de fermes, avec leurs logis exposés indifféremment au sud, à l´ouest ou même au nord, forment des unités disposées d'une manière spontanée et dense (Brézéhant, Mougau, Kervéroux, Ponclet Izella, Quillidiec, Restancaroff). Cette organisation spatiale de l'habitat ancien aggloméré, présente sur la totalité du territoire communal, est corroborée par des densités démographiques remarquables : en 1936 encore, les villages de Mougau et de Quillidiec comptaient respectivement 129 et 115 habitants, Roscoat 52 et Kerradennec 47.

Les parties agricoles sont en règle générale dissociées du logis et se situent autour d'une cour (Roscoat, Brézéhant, Botlan, Linguinou, Kerfornédic). Le faible nombre d´étables et de granges - exemples conservés Rozonoual (1653), Kerfornédic, Runtan, Ponclet Izella (1838), ainsi que l´absence de cohabitation entre hommes et animaux sous le même toit sont dues au fait qu'anciennement, ce secteur n´était pas, à cause des caractéristiques du sol, orienté vers l´élevage mais vers l´industrie rurale de la toile. Subsistent néanmoins des étables et écuries, toutes bâties au 19e siècle, qui conservent leurs aménagements intérieurs d´origine : sols pavés ou couverts de dalles de schiste et stalles délimitées par des palis en schiste tenus par une structure en bois (moulin de Restancaroff, Kerspernen, Kervéroux, Créac'h Goarniel).

La présence de trous d'attache pour le bétail s´observe aussi bien sur la façade principale du logis qu´à l´extérieur ou à l´intérieur des anciennes étables ou écuries : de petites niches réservées dans la maçonnerie servaient, à l´aide d'une ardoise centrale évidée, à passer une corde pour attacher le bétail ; ce dispositif existe, parfois, sur la partie supérieure de la façade, en dessous de la corniche, servant alors à la fixation d´une échelle pour intervenir sur les toitures.

Des traces architecturales de l´activité toilière subsistent encore sur le territoire communal. Parmi les 58 buanderies dites « kandis » (petits édifices équipés pour le traitement et le blanchiment du lin) connues par les archives et les travaux historiques, la quasi-totalité n'est parvenue qu'à l'état de vestiges. Lors de cette enquête, non exhaustive pour ce type d´édifices, des installations ont été localisées à Créac´h Goarniel et Restancaroff.

Le nombre de puits conservés et localisés, seize, n´est pas très élevé. Construits en moellon de schiste et de granite, sans décor, ils se caractérisent par leur plan semi-circulaire ou carré et leurs couvertures en grandes dalles de schiste posées sur les montants. Les exemplaires les plus représentatifs existent à La Garenne, Keravan, Kerdrein Bras, Kervénolou, Kervelly, Pentreff, Runtan, Roscoat et Stamoisac´h. Jadis éléments constitutifs de chaque hameau, les fours à pain sont rares (Kerouat, Restancaroff).

MATERIAUX ET MISE EN OEUVRE .

Pour le gros œuvre et les toitures, l´emploi de deux roches, le granite d´extraction locale appelé « granite de Commana » et le schiste dit « pierre bleue », est majoritaire. La diffusion des matériaux utilisés montre que les constructions rurales de la commune sont majoritairement en moellon de granite, parfois associé au schiste, les grandes dalles issues des anciennes carrières des monts d´Arrée étant réservées aux sols, aux cloisonnements des étables, aux toitures, ou encore, fixées sur des corbelets encastrés dans la façade des logis à avancée, aux auvents protégeant la porte d´entrée (La Garenne, Roscoat). Elles servaient également à délimiter les lavoirs et les bassins des buanderies et à en couvrir les sols.

Des mises en œuvre en pierre de taille ou en moellon équarri de granite particulièrement soignées ont été observées à la métairie du manoir du Bois de la Roche, La Garenne, L´Angle, Kerfornédic, Ponclet Huella et Quillidiec. Des assises en lits alternés de schiste et de granite existent, entre autres, à Brézéhant, Mendy Didreux, Mougau, Keruélen, Kerradennec et Rozonoual. Les appareils mixtes en moellon de schiste et de granite sont toutefois largement majoritaires ; certaines façades, mais pas toutes, étaient, dès l´origine, couvertes d´un enduit (Mendy Didreux, Brézéhant, Kerouat), alors que pour les logis plus tardifs (19e - 20e siècle), l´habitude d´enduire les élévations était largement répandue.

Les encadrements des baies sont majoritairement en granite. Le recours au bois pour les linteaux reste marginal et s'observe soit sur les anciennes dépendances agricoles (Kerguélen, Keravan), soit sur des logis remaniés (Kerfornédic).

L´emploi d´un granite en provenance du Huelgoat a été observé dans un logis du 16e siècle (Quillidiec) et pour toute une série de logis construits entre le milieu du 19e siècle et les années 1930. Le recours à la kersantite pour l´encadrement des baies, comme à Kerfornédic (1887) et Kervelly est exceptionnel, tout comme la présence de la microdiorite observée à Kervelly (éléments remployés).

STRUCTURE ET ELEVATIONS .

Dans ce secteur ou la cohabitation avec le bétail est rare, les logis ruraux répertoriés peuvent être classés en deux catégories principales : la maison à avancée et la maison de type ternaire .

Avec plusieurs variantes, la « maison à avancée » est caractéristique de l'architecture vernaculaire de Commana comme d´une grande partie des campagnes du Léon et de la Cornouaille.

La maison à avancée est un logis de plan rectangulaire avec un avant-corps de profondeur variable ; la partie portée en avant de l'alignement, généralement sur la façade principale, se nomme avancée ou avant-corps. Dans le secteur étudié, le terme de « apoteiz » désigne cette particularité architecturale. En 1794, on mentionne (lieu-dit non précisé), un « cache-table en appentis au nord ».

Ces logis partagent certaines caractéristiques architecturales : les fenêtres de l'avant-corps ne sont pas placées au centre mais, en raison de l'aménagement intérieur (place réservée à la table, aux bancs et lits clos), à proximité du pignon abritant le foyer.

Au sein de cette catégorie, on peut distinguer deux types, la maison en rez-de-chaussée (ou, rarement, à comble à surcroît), et la maison à étage. Ils se déclinent, à leur tour, en deux et trois variantes qui confèrent aux édifices des morphologies particulières, encore accentuées par des formes de toitures différentes (toit rampant, toit à bâtière).

Le recensement révèle l'existence d´environ 63 maisons à avancée, soit 42 % de la totalité des maisons rurales repérées. Selon l´analyse stylistique et les chronogrammes extrêmes relevées, elles ont été bâties entre 1654 (L´Angle) et 1887 (Kerfornédic). Les avancées sont majoritairement placées sur l´élévation principale ; si elles se situent sur l´élévation postérieure, il s´agit soit d´une modification plus tardive (rajout d´une avancée sur un bâti plus ancien), soit de constructions annonçant la fin du type (Pentreff en 1851, Kerfornédic en 1887).

Maisons à avancée en rez-de-chaussée .

Neuf édifices ont été recensés dont six à avancées et toits en bâtière et trois à avancées et toits rampants. Relativement marginale, cette variante tend à disparaître avant le milieu du 19e siècle. Peu de témoins semblent être antérieurs à 1800. Deux constructions datées subsistent, notamment au Mougau (1670) et à Pengoaziou (1839), cette dernière se distinguant par deux avancées situées respectivement sur l´une et l´autre des élévations. Bien que modeste, le petit logis de Traon Didu est représentatif de cette variante dont peu de spécimens subsistent.

Maison à avancée à étage .

55 édifices ont été recensés, dont 40 à une avancée, 14 à deux avancées, 7 avec un escalier extérieur couvert, 2 avec deux escaliers extérieurs couverts ; 35 ont des toits en bâtière, 10 des toits rampants. La maison à avancée à étage est donc largement majoritaire puisqu´elle représente plus de 80 % du corpus identifié. Parmi les multiples variantes et associations de variantes, trois sont particulièrement significatives : la variante à une avancée (sans escalier extérieur), la variante à un ou deux escaliers extérieurs et la variante à deux avancées (escalier d´un côté, habitat de l´autre).

La variante à une avancée (sans escalier extérieur couvert) a été observée pour une période allant de la seconde moitié du 17e siècle à la fin du 19e siècle : Mendy Didreux (1676), Mougau (1710), Runtan (1792), Kerspernen (1845), Kerfornédic (1887). Quant à la forme du toit de l´avancée (en bâtière ou rampant), une chronologie fine n´est pas aisée à établir ; le toit rampant est, de toute manière, moins fréquent et généralement associé à la variante avec escalier extérieur (Brézéhant, Quillidiec, Kerdrein Bras).

La variante à un ou deux escaliers couverts est minoritaire mais complexe. Elle indique parfois, comme à Brézéhant et Quillidiec, des logis jumelés. La conception de tels logis doubles serait la conséquence de structures familiales regroupant, sous le même toit, les habitations de plusieurs générations ou familles apparentées et de leurs outils de travail. L´association escalier extérieur couvert/avancée (Brézéhant, Kerdrein Bras, Quillidiec) est peu répandue. Elle pose, comme pour la totalité du corpus, le problème de l´évolution du bâti au cours du temps ; en effet, certains édifices ne sont pas homogènes mais le fruit de modifications successives pas toujours aisées à identifier. La présence d´un ou de plusieurs escaliers extérieurs couverts donnant accès aux combles non habitables (absence de cheminées) serait, liée à des fonctions précises et peut-être en rapport avec la manufacture de toiles : d´un accès aisé, les combles pouvaient abriter, comme le confirment des inventaires après décès dans des communes voisines, des fils et des armoires dites « presses à lin », alors que le rez-de-chaussée était entièrement réservé à l´habitation. Quant aux métiers à tisser, leur emplacement soit dans les combles, soit au rez-de-chaussée, n´est pas démontré avec certitude ; le tissage nécessitait des pièces plutôt sombres et humides et était, en tant qu´artisanat rural, vraisemblablement effectué dans des communs ou des bâtiments annexes.

La maison à étage de type ternaire .

Une cinquantaine de logis ruraux, soit environ 30 % du total repéré, présente des façades ordonnancées, majoritairement à trois travées. Ils remontent, pour l´essentiel, à la période allant de 1840 à 1900. La concomitance d´une façade ordonnancée et d´une avancée en façade postérieure a été observée, entre autres, à Kerouat, Kerret et Kerfornédic. La normalisation de l´habitat intervient avec le renouveau amorcé depuis le milieu du 19e siècle et le recours au modèle en vogue dans les bourgs et en ville. Le type perdure au-delà de la guerre 1914-1918 (Bothuan, 1929, Roscoat, 1930).

Cas particuliers .

Deux bâtiments situés respectivement aux villages de Créac´h Goarniel et Ponclet Izella présentent des particularités architecturales dont la signification n´a pas pu être formellement identifiée. Dans les deux cas, il s´agit d´édifices datant d´au moins du 18e siècle, de plan rectangulaire abritant une étable (ou écurie) au rez-de-chaussée et une grande pièce à feu à l´étage accessible soit par un escalier extérieur comme à Créac´h Goarniel, soit, en profitant du dénivellement du terrain, par une porte comme à Ponclet Izella. L´usage d´un espace réservé aux bêtes ne fait aucun doute. Aucune communication interne n´existait, à l´origine, entre le rez-de-chaussée et la salle de l´étage dont les fenêtres sont de dimensions réduites et la hauteur sous plafond faible. A Ponclet Izella subsiste une fenêtre à coussièges. Dans ce secteur où l´activité toilière était très présente, l´hypothèse qu´il pourrait s´agir d´un espace en rapport avec le négoce de la toile n´est pas à exclure.

Trois logis du 17e siècle conservent des tours d´escaliers hors-œuvre. A Roscoat, elle est associée à une avancée sans doute plus tardive. Au village de Kervéroux deux logis conservent des tours enfermant des escaliers en vis en pierre ; dans un cas, la tour domine la façade principale, dans l´autre cas, elle forme l´angle de deux corps de bâtiments en équerre.

Enfin, le retournement de façades ou une double orientation, liés à l´évolution des manières d´habiter et aux remaniements successifs, sont assez fréquents et s´observent notamment à Brézéhant, Kerouat, Botlan, Keravan et Kerfornédic.

COUVERTURES ET DECOR .

Les maisons rurales de la commune sont généralement coiffées de toits à deux pans, à l'exception des maisons à avancée à étage et à toit en bâtière ; dans ce cas, les deux versants de l'avancée sont liés à la charpente principale par une noue.

Durant plusieurs siècles et jusqu´à une période récente, les schistes ardoisiers ont été localement exploités, notamment sur les flancs des monts d´Arrée, livrant la fameuse ardoise (ou « pierre bleue ») qui a fait la renommée de Commana. L´emploi le plus visible demeure, aujourd´hui, celui des couvertures, même s´il a tendance à diminuer. Ces belles toitures se distinguent par une mise en œuvre particulière : ces épaisses ardoises sont, à cause de leurs poids, posées à pureau décroissant, c´est-à-dire que leur dimension diminue entre la partie inférieure du versant du toit et le faîtage, les pièces les plus grandes étant réservées à la partie basse. Certaines toitures conservent leurs lignolets, faîtages constitués d´ardoises découpées et ajourées qui affichent parfois des chronogrammes ; portant la date de 1835, le lignolet d´un logis à Lingouinou semble être le plus ancien conservé. La tradition de coiffer les faîtages des toits de lignolets figuratifs (ornementations, animaux, symboles) perdure, dans le cadre de la réfection des toitures, jusqu´à aujourd´hui, même si le recours à l´ardoise d´extraction locale est en net recul. Les éléments sculptés ou gravés sont rares. Mis à part les calices (cf. supra), seuls les faîtages des toits en lignolets découpés atténuent une certaine austérité propre à cette architecture, tout en soulignant la beauté de l´ensemble des toitures. Trois édifices (Quillidiec, Kerouat, Kernaman) conservent des baies avec linteaux à double accolade, témoins de leur ancienneté et de leur qualité.

DISTRIBUTION INTERIEURE .

Malgré de nombreux remaniements, certaines constantes et particularités en ce qui concerne les distributions et les aménagements intérieurs des logis traditionnels demeurent encore identifiables.

Dans les maisons à avancée, les deux tiers de la surface du rez-de-chaussée étaient réservés à l'habitation (salle), l'avancée abritant toujours table et bancs ; l'autre tiers servait en général de cellier ou de resserre. Les saloirs en pierre encastrés dans l´épaisseur du mur et surmontés d´armoires murales sont nombreux (Créach´Goarniel, Kervéroux, Restancaroff). Aménagées entre la cheminée et la fenêtre de l'avancée, des niches peu profondes servaient de bancs semi-encastrés (Créach Goarniel, Rosvern, Brézéhant, moulins de Kerouat) ; elles étaient parfois associées à une armoire murale qui était fermée par des vantaux en bois. Les sols en terre battue étaient traditionnellement couverts de très grandes dalles de schiste disparues lors des réhabilitations récentes. Les linteaux et corbelets des cheminées sont, à quelques exceptions près, en bois ; le linteau de Restancaroff porte la date de la construction du logis (1760). Quelques rares cheminées en granite ont été repérées (métairie du manoir du Bois de la Roche, Créac´h Goarniel, Ponclet Izella, Quillidiec).

CONCLUSION .

Suite à l´évolution des manières d´habiter, les maisons rurales de la commune de Commana ont, pour la plupart, connu des remaniements importants. Toutefois, le nombre élevé de maisons à avancée bâties entre 1650 et 1850 constitue un corpus architectural intéressant et varié, témoin d´une « mode » architecturale adoptée par le même groupe social que celui qui initie aussi des travaux dans le domaine de l´architecture religieuse dont l´enclos paroissial (1600-1750). A partir du milieu du 19e siècle, la transformation du bâti existant et la reconstruction de nouveaux logis d´allure urbaine n´éclipsent pourtant pas entièrement le bâti ancien de qualité.

Il convient de mettre partiellement en doute la thèse suivant laquelle toute maison à avancée correspondrait exclusivement à l´habitat d´artisans tisserands ou de marchand de toiles. L´artisanat du lin était, certes, largement répandu dans cette zone, mais cette activité domestique ne définissait pas nécessairement une forme particulière d´habitat. Le type est répandu au-delà des zones de transformation et de tissage du lin et l´avancée n´était pas forcément réservée à l´emplacement d´un métier à tisser. La forme architecturale du logis correspond plutôt à une manière de faire localement enracinée, à une « mode » adoptée par tous ceux vivant à la campagne à un moment donné.

Les hameaux de L´Angle, Brézéhant, Kerfornédic, Kervéroux, Mougau, Pengoaziou, Ponclet Izella, Quillidiec et Roscoat conservent des édifices représentatifs du bâti vernaculaire de la commune.

Chronogrammes relevés : 1653 ; 1654 ; 1657 ; 1668 (4 fois) ; 1669 ; 1670 ; 1676 (2 fois) ; 1737 ; 1739 ; 1760 ; 1762 ; 1763 ; 1781 (2 fois) ; 1782 ; 1792 ; 1811 ; 1815 ; 1827 ; 1828 ; 1835 ; 1837 ; 1838 (2 fois) ; 1839 ; 1842 ; 1845 (2 fois) ; 1848 ; 1851 ; 1852 (4 fois) ; 1856 ; 1863 ; 1867 ; 1869 ; 1870 ; 1871 ; 1873 ; 1874 ; 1875 (3 fois) ; 1875 ; 1876 ; 1877 ; 1879 (3 fois) ; 1885 (2 fois) ; 1887 (2 fois) ; 1888 ; 1893 ; 1898 (2 fois) ; 1902 ; 1903 (2 fois) ; 1904 (3 fois) ; 1905 (3 fois) ; 1909 ; 1910 (2 fois) ; 1913 ; 1914 (2 fois) ; 1924 (2 fois) ; 1926 ; 1929 ; 1930 ; 1934.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Typologies
    maison à avancée. Maison de type ternaire
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 417
    • repérés 150
    • étudiés 35

Bibliographie

  • Commune de Commana. ZPPAU (zone de protection du patrimoine architectural et urbain). Présentation, prescriptions, recommandations. 1988.

  • DOUARD, Christel, LE BRIS DU REST, Erwan, DELMOTTE, Pascale. Bretagne. Habitat rural et société. Fiches et cédérom. Itinéraires pédagogiques n°2, Fiche 14 : les maisons à avancée. CRDP, Rennes, 2000.

  • LAURENT, Jeanne. Un monde rural en Bretagne au 15e siècle. La quévaise. Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris, 1972.

  • MORVAN, Claire. Les buanderies des paroisses de Plounéour-Ménez, Commana et Sizun au 18e siècle. Mémoire de maîtrise d´histoire. Université de Bretagne occidentale. Centre de recherche bretonne et celtique, Brest, 1994.

  • OLIER, Ernest et Yvonne. La maison de tisserand à porche extérieur surélevé dans le Haut-Léon au XVIIe siècle. Dans : Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, t. CIX, 1981, p. 289-309.

  • Ouest-Aménagement. Bassin versant du Drennec. Etude agro-pédologique. Parc naturel régional d'Armorique, 1992.

  • Ouest-Aménagement. Etude paysagère. Bassin versant du Drennec. Parc naturel régional d'Armorique, 1993.

  • Ouvrage collectif. Le bocage des Monts d'Arrée. Paysage de bocage. Gestion des espaces naturels, agricoles et forestiers. Fédération des Parcs naturels régionaux / Parc naturel régional d'Armorique / Ministère de l'agriculture et de la pêche, Paris, 2000.

  • TANGUY, Jean. Quand la toile va. L'industrie toilière bretonne du 16e au 18e siècle, Editions Apogée, Rennes, 1994.

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006