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Les maisons et fermes (Goulien)
Copyright
  • (c) Communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme, écart
  • Aires d'études
    Cap Sizun
  • Adresse
    • Commune : Goulien
      Cadastre : ?

L’enquête topographique de 2018 sur l’habitat rural de Goulien s’inscrit dans la continuité d’une enquête réalisée en 1978 par l’Inventaire Général. Ces deux enquêtes concernent le bâti qui présente les caractéristiques architecturales traditionnelles du Cap-Sizun, c’est pourquoi les constructions postérieures au 1er quart du 20e siècle n’ont pas été prises en compte.

En effet, après les types transitoires du début du 20e siècle, comme la « maison neuve » du moulin Brotel, par exemple, les constructions qui se sont élevées ensuite ont rompu sensiblement avec l’architecture locale.

Sur la centaine de maisons et fermes repérée lors de ces enquêtes de 1978 et 2018, 14 d’entre elles et 5 écarts ont été sélectionnées pour leur caractère représentatif et font l’objet d’un dossier individuel.

La comparaison entre le cadastre de 1836 et le cadastre actuel montre que l’implantation des villages et leur structure n’a pas tellement été impacté par les modifications des années 1960. Pourtant, les voies de communication, notamment le réseau des chemins qui reliaient les villages les uns aux autres, a été remanié en grande partie. De nouveaux chemins d’exploitations plus larges, en meilleur état et des voies goudronnées reliant les villages à la départementale ont en effet vu le jour au moment du remembrement.

Même si de nombreuses constructions ont vu le jour entre 1836 et aujourd’hui (on remarque l’apparition de nouveaux groupement d’habitations comme Interidi, Croazhent, Kerros, Menez Bihan…), l’enquête de terrain montre que le bâti ancien est extrêmement bien préservé. Notons cependant la disparition du village de Kermoal qui se trouvait à mi-chemin entre Kerbeulec et Trovréac’h d’al Laé.

Le bâti ancien observé sur la commune concerne dans une écrasante majorité des constructions datant du milieu du 19e siècle. 84% des dates portées relevées à Goulien concernent le 19e siècle dont 59% entre 1825 et 1875. Cette constatation témoigne du renouvellement profond et exceptionnellement homogène de l’habitat rural qui eut lieu dans tout le Cap-Sizun à ce siècle.

Quelques dates portées évoquent quand même les 17e et 18e siècles : 1642 et 1673 sur des linteaux de maisons à Kergonvan et Kervarguen, 1661 sur une pierre dans une cheminée à Trohalu ou 1689 dans l’encadrement d’une porte à Brehonnet. À Kerlala, une écurie et deux puits sont datés respectivement de 1738, 1731 et 1741. Mais les taux de dates relevées de cette époque sont très faibles à Goulien : 3% des bâtiments recensés portent une date du 17e siècle et 9% une date du 18e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle

LES ECARTS

La commune est composée de deux zones géographiques aux caractéristiques relativement opposées. La partie nord, bordée par les falaises de la baie de Douarnenez, est un plateau peu accidenté offert à tous les vents dont la végétation est assez rare sinon autour des habitations et dans de rares déclivités. La partie sud, quant à elle, est un paysage de collines et de vallées à la végétation plus dense. Malgré tout, l’implantation des villages sur l’ensemble du territoire de la commune est régulière.

L’habitat est dispersé, en écarts plus ou moins importants. Une des particularités de Goulien par rapport aux communes voisines est la forte proportion de fermes isolées : un quart des villages de la commune ne possédait qu’un seul feu en 1836 (Berivalen, Kerbrizel, Trovreac’h d’an Traon, l’ancien manoir de Mespirit, etc…). Le groupement de deux ou trois fermes est le plus fréquent (environ la moitié des villages de Goulien), alors que les hameaux plus importants (5 à 10 fermes), sont peu nombreux (environ 20%).

Notons que le rôle habituellement structurant et fédérateur qu’ont les puits et les fours à pains dans d’autres territoires de la région est absent du Cap-Sizun car chaque ferme possède généralement l’un ou l’autre (voire l’un et l’autre). Ici, c’est plutôt le lavoir maçonné à usage communautaire qui remplit ce rôle, bien qu’il soit souvent éloigné du centre du village.

LES MATÉRIAUX

Le sous-sol de Goulien présente deux bandes de granulites au nord et au sud séparées d’une zone de micaschistes. Ces matériaux d’extraction locale sont tous deux utilisés dans la construction des bâtiments.

Le moellon est utilisé pour le gros œuvre (pignons, élévation postérieure, dépendances) et l’usage de la pierre de taille est généralement limité aux chainages d’angles, bandeaux, corniche du toit, souches de cheminées et encadrement des baies. L’usage du moellon enduit était majoritaire sur les façades antérieures des logis, mais il arrivait, dans certains rares cas de fermes à étage principalement situées au sud de la commune, que ce soit la pierre de taille qui soit employée (Trevern, Kergonvan, etc...).

Le moellon non enduit est de plus en plus visible en façade. En plus des rares maisons élevées en moellons sans volonté d’y poser un enduit (Breharadec, Pennarun d’Antraon…), ces dernières décennies ont vu les propriétaires de maisons traditionnelles ôter le crépi de leur façade dans un but exclusivement esthétique, motivés par un effet de mode.

LA FERME ET SES BÂTIMENTS.

Commune rurale, l’écrasante majorité des bâtiments anciens recensés et sélectionnés sur Goulien sont d’anciennes fermes.

On y observe deux types : la petite ferme dont l’activité n’est qu’un revenu d’appoint pour un pêcheur, artisan ou manœuvrier et la grande ferme constituée d’un ensemble de dépendances dont l’activité est exclusivement agricole.

La petite ferme est peu représentative de l’habitat de Goulien. Elle possède un logis sans étage et une ou deux petites dépendances en enfilade. L’exemple le plus typique se trouve à Kerguerriec, où l’on peut observer un logis accolé à une petite crèche qui abritait encore dans les années 1950 deux vaches, un cochon et probablement quelques poulets.

La grande ferme, soit environ 75% des habitations recensées à Goulien, est un ensemble de dépendances variées, aux fonctions spécifiques, organisé autour d’un logis à étage. « Ici, étable, écurie, porcherie, grange, remise, fournil et puits sont dispersés autour de la cour. Celle-ci est soigneusement close de grands murs de pierre où s’expriment à la fois la nécessité de s’abriter du vent et le désir de s’isoler du voisinage. » (Toscer, Douard, 1979)

L’écurie (Ti marchossi).

Elle est presque systématiquement en enfilade du logis avec quelque fois un véritable étage qui servait d’habitation. Une porte intérieure sur le pignon qui sépare les deux bâtiments permet d’y accéder rapidement. Cette profonde connexion entre le logis et l’écurie est accentuée par le fait que leur façade présente souvent le même décor.

On peut encore observer à l’intérieur des anciennes écuries non rénovées un pavage en galets de mer sur champ en légère pente vers la porte. Ce système permettait une bonne évacuation des purins. D’autres galets, plus longs, ont été observés sortant de la maçonnerie, à l’intérieur de la dépendance. Ces derniers servaient à suspendre le collier et les éléments du harnachement du cheval.

L’étable (Ti zaout).

Moins soignée que l’écurie, cette dépendance indispensable pour abriter les vaches et produire le précieux fumier est en moellons et ne porte pas de décor particulier. Elle peut se trouver dans l’alignement principal ou isolée dans la cour formant parfois clôture. Certaines fermes en possèdent plusieurs.

Les étables de Goulien n’ont pas d’étage, sinon un comble à surcroit éclairé par un petit jour observé dans une ferme de Pennarun d’Antraon. Elles sont de taille variable, mais en règle générale, elles ne peuvent pas accueillir plus de deux ou trois vaches dans leur version la plus simple. Leur façade la plus courante présente trois baies : une porte au centre entourée de deux petites fenêtres plus larges que hautes. Elle n’est jamais crépie. A l’intérieur, très peu d’aménagements sont visibles sinon les nombreux trous d’attaches qui étaient disposées dans la maçonnerie. Ces trous sont de petites cavités aménagées dans le mur où l’on coince un galet allongé.

Les crèche à cochons.

Les crèches à cochons de Goulien, comme celles de tout le Cap-Sizun, sont extrêmement soignées dans leur construction. Il s’agit de petits bâtiments, généralement composé d'un niveau et isolées du logis.

Chaque cochon possède sa propre cellule présentant une porte basse associée à une mangeoire. Chaque cellule est séparée, à l’intérieur du bâtiment, par des cloisons en bois. La longueur du bâtiment est déterminée par le nombre de ces cellules. Elles peuvent varier d’une (Kerguerriec, Kerveguen, Brehonnet) à six (Kerbeulec).

La mangeoire, appelée louarn (renard) dans le Cap-Sizun, est caractéristique du pays. L’ouverture, souvent surmontée d’un linteau en arc surbaissé, permet de verser directement la bouillie au cochon dans sa crèche sans avoir à y rentrer. La nourriture est guidée par une pierre inclinée et se déverse dans une auge en pierre incorporée à la maçonnerie et accessible de l’intérieur.

La façade des crèches à cochons de Goulien est généralement en moellons. On peut cependant observer quelques cas en pierres de taille (Kerlala ou Pennarun d’Antraon (détruite) et un cas de façade enduite de crépi (Mespirit). Il n’est pas rare non plus d’observer sur ces dépendances une corniche du toit moulurée.

Les crèches à cochons sont de temps en temps associées à un petit poulailler (Moulin Brotel). Ce type de bâtiment présente généralement en façade une porte basse associée à un jour avec appui saillant et larmier qui permettait la circulation des poules. A l’intérieur, on peut observer plusieurs pondoirs encastrés dans la maçonnerie.

La grange (Ti kar).

Le terme de grange a rarement été utilisé lors du recensement à Goulien. Ce bâtiment, qui servait à ranger la charrette, le char à banc, divers engins agricoles et éventuellement le pressoir à cidre, est appelé le ti kar.

Ce dernier possède une porte charretière rectangulaire dont l’ouverture est en plein cintre pour les plus anciennes comme à Kerveguen, puis en arc surbaissé pour finir en arc segmentaire (Toscer, Douard, 1979). On observe également quelques linteaux droits en bois.

Le ti kar peut être intégré à l’alignement principal comme à Kerisit, Trevern ou Lezoulien. Dans ce cas, la porte charretière se trouve en façade. Mais il est généralement indépendant et la porte charretière se trouve majoritairement sur le pignon.

Les murs sont montés en moellons de granite ou de schiste souvent bruts. (Très peu de ti kar crépis ont été observés à Goulien et aucun en pierres de taille).

Le fournil, la maison à four. (Ti forn)

La plupart des ti forn de la commune ont également une porte charretière : en façade (Berivalen, Mesmeur) ou en pignon (moulin Brotel, Lezoulien, Kerisit…), d’autres non (Lannourec, Brehonnet…).

Les rares culs de four encore debout aujourd’hui montrent un intérieur soigneusement vouté en pierres de tailles et un extérieur en moellon avec une couverture en mottes de terre sur laquelle pousse la végétation. Le pignon sur lequel est appuyé le four présente des pierres qui servaient au bon écoulement de l’eau sur les côtés et préserver son étanchéité.

La gueule du four est majoritairement en plein cintre et se trouve dans un renfoncement dans lequel est aménagée une niche qui permettait de récupérer la cendre qui sera réutilisée pour la lessive. Il se trouve qu’à Lannourec et Kerguerrien, selon des témoignages oraux, le ti forn servait également de buanderie. Il contenait une cuve à lessive (« bib ») se trouvant à proximité immédiate de la cheminée.

Notons l’emplacement inédit d’un four à pain contre la façade postérieure d’une ferme de Kergonvan. Ici, pas de maison du four, l’accès se fait par l’extérieur.

Le puits.

Associé à une ferme ou une maison, le puits occupe majoritairement trois positions : adossé à la façade antérieure du logis, isolé dans la cour, au sud ou intégré dans la maçonnerie de la maison. Quelques rares exceptions existent pourtant, comme ce puits accolé à l’angle nord-est de la ferme de Berivalen.

Lorsqu’il est adossé au logis, un canal peut être creusé dans le mur du logis permettant ainsi une liaison entre le puits et un évier mural intérieur (Trovréac’h d’al Lae). Le puits isolé dans la cour n’est jamais très loin du logis et peut, dans le cas particulier d’une ferme de Lannourec, y être relié par un passage couvert de quelques mètres. Dans ces deux cas, le puits est très souvent associé à une auge monolithe utilisée comme abreuvoir posée contre lui. Une pierre creuse et un petit évier tous deux intégrés dans la maçonnerie de l’ouvrage permet de remplir cette auge sans sortir le seau.

La troisième configuration, plus rare, est le puits intégré à la maçonnerie de la maison. Il peut être ouvert vers l’extérieur (en façade), comme sur les logis de Kerbrizel et de Moulin Coste Goalarn ou sur les écuries des deux fermes de Brehonnet, ou ouvert vers l’intérieur comme à Kerveguen ou Trevern. Dans ce cas, il se trouve accolé à la cheminée, sur un mur pignon ou sur le mur gouttereau sud. Dans le cas de la ferme de Trevern, un écoulement est visible sur le mur sud, à l’extérieur.

La majorité des puits extérieurs de Goulien est en pierres de taille, de section carrée avec toit pyramidal surmonté d’une sorte de boule plus ou moins ronde (an ado puns, l’aiguille du puits). Certains d’entre eux ont une corniche moulurée.

D’autres types de puits ont été observés sur la commune : sans couverture (Mespirit, Bourg), de section ronde (Mespirit, Pennarun d’an Traon) ou encore en moellons et toit à un pan (Berivalen, Kergulan, Kerguerriec).

LES LOGIS.

Malgré de nombreuses petites variations, ce qui frappe quand on observe les habitations des 18e et 19e siècles de la commune, c’est la grande uniformité aussi bien dans l’architecture que dans l’aménagement intérieur. Ces deux aspects de l’habitat sont d’ailleurs profondément connectés.

Exceptés quelques rares exemples observés à Moulin Coste Goalarn et Kerveguen, le logis est toujours exposé au sud et sa fonction d’habitat est bien séparée de la fonction agricole des autres bâtiments.

Les élévations postérieures sont rarement percées. On peut observer de temps en temps un jour d’escalier ou une porte, souvent en accolade, située dans l’axe de la porte sud (Trovreac’h d’al Lae, Kerisit…). Les façades antérieures des logis sont très stéréotypées : on peut déterminer trois schémas principaux qui peuvent s’assortir de quelques variantes : la petite maison sans étage, la maison sans étage avec comble à surcroit et la maison à étage.

La maison à une ou deux pièces en rez-de-chaussée. (22,5% des maisons recensées)

A Lannourec, Kergonvan ou Breharadec, on peut observer de petites maisons à pièce unique sans étage appelées penti, soit « maison à un bout ». Il s’agit ici du plus petit type d’habitation présent sur la commune.

Ce « bout » est en fait la pièce commune que l’on retrouve dans toutes les maisons de Goulien et du Cap-Sizun. La famille y mange, se réchauffe et dort. L’élévation de la petite maison sans étage, soit l’élévation de la salle commune du Cap-Sizun est la suivante : Une porte, une fenêtre qui éclaire la table et un jour qui éclaire l’arrière cuisine, derrière le drustuilh. Cette succession de trois baies de taille décroissante se retrouve dans tous les logis traditionnels de la commune.

Il arrive que les petits logis sans étage aient deux pièces. Dans ce cas, une quatrième baie, de la taille de la fenêtre qui éclaire la table est ouverte de l’autre côté de la porte. (Kerguerriec, Kerspern, Menez Bihan…) Cette dernière éclaire un cellier ou un petit débarras. Cette variante du logis à pièce unique se rencontre souvent dans l’habitat côtier dont les parties agricoles sont peu développées voire absentes.

La maison à deux pièces en rez-de-chaussée avec comble à surcroit éclairé par des jours ou des lucarnes. (13% des maisons recensées)

Peu représentatif de l’habitat de Goulien, ce type de logis ressemble beaucoup au penti vu précédemment. La différence majeure est la hauteur des combles. Le plancher des combles de ce type d’habitation est en effet situé en-dessous du faîte des murs et le volume de comble utilisable est ainsi plus important. Quand des jours d’aération sont ouverts, ils le sont généralement au-dessus des ouvertures du rez-de-chaussée, formant ainsi des travées régulières.

A Kergulan, deux fermes montrent cette élévation, les jours sont rectangulaires et au nombre de trois tandis qu’à Breharadec, les jours sont en plein cintre et forment cinq travées.

La maison à étage carré et généralement deux pièces par étage. (64,5% des maisons recensées)

Ce type d’habitat est le plus représentatif de la commune. Dans la majorité des cas, le rez-de-chaussée est composé de cinq ouvertures : la porte d’entrée au milieu, deux fenêtres qui l’encadrent et deux jours entre celles-ci et les pignons. L’étage, lui, est ouvert en façade par trois à cinq fenêtres. Les maisons à étage de Goulien se répartissent donc en deux types principaux : les élévations à travées (trois ou cinq) et les élévations en quinconce.

L’élévation à trois travées est le type le plus fréquent à Goulien, environ la moitié des maisons à étage de la commune présente cette façade : trois fenêtres sont ouvertes à l’étage au-dessus de la porte d’entrée et des deux fenêtres qui l’encadrent. L’élévation à cinq travées est plus rare et semble être réservée aux fermes les plus importantes (Kerguerrien, Trevern, Trovreac’h d’an Traon…). Attention cependant aux modifications des façades destinées à amener plus de lumière : une ferme de Trevern, par exemple, s’est vue gagner deux travées lors d’une récente restauration.

L’élévation en quinconce (environ 20% des maisons à étage recensées) propose une alternance de pleins et de vides : cinq baies au rez-de-chaussée pour quatre fenêtres à l’étage (Berivalen, Kerbeulec, Trovreac’h d’al Lae…).

Les efforts de symétrie n’aboutissent pas toujours et quelques rares maisons proposent des élévations irrégulières : Kergonvan ou Brehonnet par exemple.

Le rythme horizontal des maisons à étage est parfois accentué par la présence d’un bandeau saillant en pierres de taille situé entre les deux niveaux d’habitation. Ce dernier, souvent répété sous la corniche du toit, se détache fortement sur les enduits, le moellon ou plus rarement la pierre de taille (Kerguerrien). Notons le bandeau d’une ferme de Kermaden très saillant et mouluré qui fait figure d’exception sur la commune.

Les chainages d’angles et encadrements des baies, toujours harpés et en pierres de taille renforcent cette impression de géométrie parfois austère surtout lorsque la façade est crépie.

Notons pour finir que l’on rencontre au bourg une variante du type à étage très peu représentée sur la commune : la maison à étage carré et une pièce par étage. L’élévation observée dans ce cas montre deux travées.

Les décors.

Bien que régularité et fonctionnalisme semblent être les principes qui régissent cette architecture, certains éléments ornementaux viennent parfois compléter les compositions décrites plus haut.

Les inscriptions gravées au-dessus des ouvertures (nom des bâtisseurs, de leurs enfants ou signes religieux) en sont l’élément le plus caractéristique. Celles-ci, très présentes sur les maisons à étage sont plutôt rares sur les petites maisons en rez-de-chaussée.

On peut aussi considérer comme éléments de décor les corniches du toit et les souches de cheminées toutes deux bien appareillées en pierres de taille et moulurées selon différents motifs.

Les corniches du toit du logis peuvent se prolonger aux dépendances attenantes. Bien qu’ayant la fonction d’empêcher les infiltrations d’eau dans les murs, elles sont également très décoratives qu’elles soient moulurées en cavet (une grande majorité), en doucine ou en quart de rond.

Les souches de cheminées observées sur la commune, quant à elles, proposent deux types de décors : les plus anciennes sont terminées par une corniche moulurée en « talon renversé » alors qu’à partir de la seconde moitié du 19e siècle, celles-ci sont chanfreinées.

Niches et éviers muraux.

On observe de nombreuses niches murales dans les habitations traditionnelles de la commune. Elles se trouvent autour de la cheminée (dans l’âtre ou au niveau du jour qui éclaire l’arrière cuisine) ou sur le mur sud où elles servaient à placer le pot de chambre du lit-clos.

Les éviers muraux sont plus rares et font généralement partie d’un système ingénieux de circulation de l’eau entre l’intérieur et l’extérieur du logis comme à Trovreac’h d’al Lae par exemple.

L’ÉVOLUTION DE L'HABITAT TRADITIONNEL ENTRE 1978 ET 2018.

Les quarante années d’écart entre les deux enquêtes d’inventaire permettent de mettre en relief certaines tendances concernant l’évolution de l’habitat rural sur la commune.

Outre les restaurations ou les destructions (peu nombreuses) observées en 2018, on remarque que la façon d’habiter une maison traditionnelle a évolué ces dernières décennies-surtout à partir des années 1970- apportant lumière et augmentation de la surface habitable et ce à des fins de confort.

Amener de la lumière.

Même si l’on remarque une tendance à l’agrandissement au courant du 19e siècle, les ouvertures des maisons traditionnelles de Goulien sont de dimensions plutôt réduites. Ajoutons à cela que pour se préserver de l’humidité et du fait de l’absence de soleil, la façade nord est aveugle.

Le premier constat est que les baies de la façade antérieure ont été de manière générale largement agrandies. Le petit jour, si représentatif de la disposition des meubles et de la présence du drustuilh, montre maintenant sur certaines maisons des dimensions égales à celles de la fenêtre qui éclairait la table quand ils n’ont pas été transformés en porte ou tout simplement disparu. La fenêtre de la table a également pu être agrandie dans certains cas, ainsi que les fenêtres de l’étage.

C’est moins observable que sur d’autres communes, mais il arrive aussi que des fenêtres ou portes aient été ouvertes également sur le mur nord du logis (Kergonvan, par exemple).

Dans le modèle architectural traditionnel, les combles sont aveugles, même si l’on peut remarquer de temps en temps deux jours en pignon pour l’aération. Aujourd’hui, ceux-ci sont habités pour la plupart, surtout dans le cas des penti. La tendance actuelle est donc d’y percer des ouvertures pour apporter un maximum de lumière. Cette pratique avait déjà débuté lors de l’enquête de 1979, certaines photographies de cette époque montrent en effet la présence de lucarnes à Trovreac’h d’al Lae ou Pennarun d’an Traon et de petits vasistas sur les toits de la plupart des habitations. Aujourd’hui, la création de lucarnes est devenue courante et la taille des vasistas a largement augmenté.

Une troisième solution pour rendre l’intérieur de la maison plus lumineux a été observé sur la commune : la création d’une mezzanine alliée à des ouvertures importantes sur le pan nord du toit. Selon les propriétaires rencontrés ayant opté pour cette solution, tous s’accordent pour dire qu’elle offre deux avantages : la lumière du nord est douce et constante et ce système ne dénature pas la façade.

La plupart des maisons ont également vu leurs speurn disparaitre (cloisons en bois délimitant les pièces). Le décloisonnement permet en effet une meilleure circulation de la lumière et donne par la même occasion une impression de volume plus important.

Gagner en volume.

La maison traditionnelle du Cap-Sizun a été conçue autour d’une pièce commune destinée à abriter toute la famille qui servait de cuisine, de chambre à coucher, de salle à manger, de salle de bain, etc… Les pratiques ainsi que le mobilier ont évolué et les pièces des maisons se sont spécialisées. L’enjeu depuis des décennies est de trouver dans ces maisons la place pour toutes ces « nouvelles » pièces et nouveaux meubles. Cet enjeu est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de maisons élémentaires.

Une première solution consiste à surélever la maison en y ajoutant un étage. Deux maisons surélevées ces dernières décennies ont été observées à Breharadec et Leslannou. L’ennui dans les deux cas c’est la différence de matériaux utilisés pour les deux étages : le rez-de-chaussée est en moellons et l’étage en parpaings. Dans les deux cas, la hauteur généralement égale des deux niveaux, n’a pas été respectée. Il est aisément compréhensible que cette méthode, bien qu’anecdotique sur la commune, n’ait pas fait l’unanimité (témoignage oral).

Le cas particulier d’une ferme de Pennarun d’an Traon a été traité dans un dossier individuel. Précisons tout de même ici que pour pouvoir faire rentrer des meubles hauts de deux mètres, les propriétaires ont décaissé sur une cinquantaine de centimètre le sol de leur logis. Dans la même volonté de gagner de la hauteur sous plafond, on a pu, dans certains cas, surélever le plancher de l’étage.

Mais la manière la plus courante et la plus efficace pour gagner du volume et aménager de nouvelles pièces à vivre c’est de remanier les dépendances agricoles, notamment l’écurie attenante. En effet, lorsqu’elle a été remaniée, cette dépendance est aujourd’hui majoritairement transformée en cuisine. Placards, éviers, table à manger, lave-vaisselle ont remplacé ici les stalles, auges à piler la lande et animaux.

Les crèches à cochons, du fait de leur petite taille, peuvent servir de débarras ou d’atelier. L’une d’elles repérée à Kergonvan sert même de salle de babyfoot pour une résidence secondaire.

Les ti kar et étables sont plus volumineux. Certains d’entre eux sont devenus des habitations à part entière : résidences principales (Moulin de Kergonvan, Kerguerriec), résidences secondaires (Moulin de Kergonvan) ou gîtes ruraux (Lezoulien, Trevern, Moulin Brotel).

  • Typologies
    plan allongé ; logis à pièce unique ; logis à deux pièces par étage ; à fonctions multiples juxtaposées ; type ternaire ; charpente sans poinçon ; puits intégré ; puits couvert en maçonnerie
  • Toits
    ardoise
  • Murs
    • granulite moellon enduit
    • granulite moellon
    • granulite pierre de taille
    • schiste
  • Décompte des œuvres
    • repérés 93
    • étudiés 19

Bibliographie

  • PELRAS, Christian, Goulien, commune bretonne du Cap-Sizun, entre XIXe siècle et IIIe millénaire, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2001.

    Collection particulière
  • Daniel Bernard, Cléden-Cap-Sizun : monographie d'une paroisse et d'une commune de la presqu'île du Cap-Sizun, 1952. (réédition 2002)

    Collection particulière
  • INVENTAIRE GÉNÉRAL DES MONUMENTS ET DES RICHESSES ARTISTIQUES DE LA FRANCE, Architecture rurale et mobilier au Cap-Sizun. juillet 1979, Audierne.

  • SIMON, Jean-François. Tiez : La paysan breton et sa maison, tome 2 : La Cornouaille. Le Chasse-Marée, éditions de l'estran, Douarnenez, 1988.

  • DOUARD, Christel. LE BRIS DU REST, Erwan. DELMOTTE, Pascale. Bretagne : Habitat rural et société. Rennes : CRDP de Bretagne, [2001]. 26 fiches + 1 cédérom. (Itinéraires pédagogiques ; 2). ISBN 2-86634-342-5.

  • RÉGION BRETAGNE. Service de l'Inventaire du patrimoine culturel. COLLECTIF. Architecture rurale en Bretagne. 50 ans d'inventaire du patrimoine. Editions Lieux-dits. 2014.

Périodiques

  • ROZEC, Yves et SIMON Jean-François, Un meuble original en Cap-Sizun in Ar Men n° 70, septembre 1995.

    Collection particulière
    p. 2 à 13

Documents figurés

  • Cadastre de la commune de Goulien, 1836 : Tableau d'assemblage et feuilles. Série 3P66.

    Archives départementales du Finistère : 3P66

Annexes

  • Chronogrammes visibles sur les édifices
  • Enquêtes de 1977-1978, 1980-1984
Date(s) d'enquête : 1977; Date(s) de rédaction : 1984, 2018