L'ancienne maison de retenue du Pâtis installée sur le site d'un ancien manoir, se situait à la sortie du bourg de Mordelles sur la route de Cintré. L'ensemble construit durant la seconde moitié du 18e siècle se composait de plusieurs bâtiments distincts : un logis, des communs, des dépendances et un porche d'entrée.
A la fois lieu de plaisance et ferme, la demeure du Pâtis est un exemple intéressant du système de la retenue bourgeoise qui s'impose sur le territoire rural autour de Rennes entre le 16e et le 18e siècle. Si les bâtiments dédiés aux préoccupations résidentielles et ceux répondant aux besoins d'une petite exploitation agricole sont ici clairement dissociés, d'autres espaces sont partagés et mis en commun entre le propriétaire et le fermier. En effet, depuis la route, le porche d'entrée permettait d'accéder à une basse-cour qui elle-même commandait l'accès à la cour et au jardin de la retenue.
De plus, la pratique des maisons de retenue peut induire une cohabitation temporaire au sein du logis. Comme au Pâtis, le fermier pouvait occuper une partie ou la totalité du rez-de-chaussée, alors que l'étage était réservé au propriétaire lors de ses visites. D'un point de vue architectural, ce phénomène du partage du logis se traduit ici par une hauteur sous plafond plus importante pour l'étage du logis comparée à celle du rez-de-chaussée. Les dimensions des ouvertures qui donnent sur le jardin et qui éclairent les appartements du propriétaires sont également plus conséquentes. Ces différents détails illustrent l'influence des modèles urbains sur les constructions rurales et de l'aménagement bourgeois, et même citadin, de l'étage réservé au propriétaire.
Anaïs Tissier a réalisé le recensement du bâti et l'étude du patrimoine de la commune de Coatréven (22) dans le cadre de son stage de Master 2 restauration et réhabilitation du patrimoine bâti à l'Université Rennes 2 en 2018 (6 mois).