La croix Gradlon est fichée directement en terre, au croisement de trois routes, la première menant au château de Couëdor, la deuxième au prieuré Saint-Etienne et la troisième se dirigeant en direction de Guer. Déjà citée dans des actes de la fin du 17e siècle, elle est indiquée sur le cadastre napoléonien de 1847.
Elle devait vraisemblablement servir de borne limitrophe entre le domaine du prieuré de Saint-Etienne et les parcelles de la métairie appartenant à l'ancien château de Couëdor.
L'origine et la date de son érection sont moins évidentes à formuler. Ce type de croix très anciennes en schiste, appelées "croix palis", sont difficilement datable par l'absence d'inscriptions identifiables. Les plus prudents font remonter l'apparition de ces croix seulement à compter du 11e siècle, à une période où la production de croix en trois dimensions se généralise progressivement. D'autres proposent une datation plus ancienne, allant jusqu’au 9e siècle.
Pour la croix Gradlon, la deuxième proposition est énoncée en raison de la dénomination qui lui ait attribué. Un certain Gradlon est mentionné vers 846 dans l'acte CLXXX du Cartulaire de Redon. La notice nous indique qu'il occupe la fonction de machtiern, à savoir la qualité de chef sur un ancien Plou, devenu par extension la paroisse de Guer. Ce machtiern Gradlon, en tant que plus haut responsable de la justice au niveau du Plou, assure un tribunal public dans sa résidence appelée "Lis-Kelly" en Guer, pouvant être traduit par "la cour du bocage".
Bien qu'il faille être prudent face à ce rapprochement historique, la croix Gradlon est sans doute une des plus anciennes de la paroisse de Guer. L'anthropisation précoce et attestée depuis l'époque gallo-romaine du site sur lequel est érigée la croix, plaide malgré tout en faveur d'une datation pouvant remonter jusqu'au 9ème siècle.
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