Dossier d’œuvre architecture IA00009573 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, L'architecture gothique en Bretagne
Basilique Notre-Dame-de-Paradis et ses abords, place Maréchal Foch (Hennebont)
Œuvre étudiée
Auteur
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Hennebont
  • Commune Hennebont
  • Adresse place Maréchal Foch
  • Cadastre 1970 AV 234
  • Dénominations
    basilique
  • Vocables
    Notre-Dame-du-Paradis

Plan rectangulaire symétrique de quatre travées presque carrées, formé d'un vaisseau principal bordé de collatéraux étroits. Le vaisseau central dépourvu de fenêtres et rythmé par de grandes arcades peu élevées ouvre sur une abside à cinq pans en hors œuvre, éclairée par de hautes fenêtres que surmontent de petites fenêtres percées dans les lunettes des voûtes. A l'extérieur, la partie supérieure de l'abside, en retrait, laisse passer la coursière qui ceinture l'ensemble de l'édifice : elle est surmontée de trois hauts gâbles curvilignes percés à leur base par de petits oculi à réseau flamboyant. Deux portails symétriques ouvrent au nord et au sud en vis à vis, au droit de la troisième travée : leurs portes géminées sont surmontées d'un tympan ajouré selon un l modèle qui se répand dans le dernier quart du 15e siècle à partir du chantier de reconstruction de la cathédrale de Vannes. L'ensemble des trois vaisseaux est surmonté de fausses voûtes et couvert par un toit unique à deux versant.

Une imposante tour-porche précède le portail ouest. Elles se compose d'un massif de plan carré cantonné de puissants contreforts qui s'élève jusqu'au faite du toit de la nef, d'une plateforme sur laquelle est assis, en retrait l'étage des cloches que surmonte une haute flèche de pierre. Cette tour est ouverte à l'ouest par une haute arcade qui éclaire en second jour le bas de la nef. Les parois latérales de ce porche sont ornées d'une série d'arcatures hautes et étroites que surmontent des accolades à fleurons séparées par de grêles pinacles.

L'église est construite à partir de 1514 : en 1524, seul le choeur et les deux premières travées de la nef sont édifiées. La tour porche occidentale est élevée en même temps et terminée en 1530 à l'exception de la flèche dont la construction est achevée vers 1570. Les voutes prévues ne sont pas réalisées ; elles sont remplacées au dessus de la nef par une charpente lambrissée posée au sommet des murs. Des travaux de restauration sont effectués entre 1843 et 1861 sous la direction de l'architecte Halouis qui lance au dessus de la nef des fausses-voûtes en plâtre. Construction d'une nouvelle sacristie en 1874. Réfection de l'ensemble des garde-corps de la nef et du clocher vers 1920.

La tradition attribue l´initiative de la construction de cette chapelle dédiée à Notre-Dame à un certain François Michard, maréchal et fabricien, mandataire des habitants d´Hennebont, dans un contexte de relations délicates entre la communauté de ville et l´abbaye de la Joie-Notre-Dame sur le territoire de laquelle est construite la nouvelle chapelle. L'édifice est situé en dehors de la ville, à près de cinq cent mètres des remparts, à l´extrémité supérieure de la "ville neuve". La pose de la première pierre à lieu en 1514. La chapelle est consacrée en 1524 : à cette date sont réalisés le chœur et les deux travées orientales de la nef. Une inscription relevée en 1703 signalait que "le haut de la tour de cette église commencée en 1513 est finie en 1530". Malgré cela, en 1554 des quêtes sont encore effectuées "afin de continuer et d'achever la chapelle. En 1570 celle-ci devient le nouveau siège de la paroisse, en remplacement de l'ancienne église romane Saint-Gilles située sur la rive droite du Blavet. Le transfert définitif du service religieux est effectué en 1590 : à cette date l'édifice est pratiquement achevé, à l'exception de l'ensemble des éléments de couronnement, des garde-corps et des pinacles des contreforts. Au lieu des voûtes prévues, - dont les amorces sont installées dans les murs - une charpente lambrissée à fermes entraits et poinçons est posée au sommet des murs gouttereaux et l'église reste dans cet état jusqu'au milieu du XIXe siècle. L'installation d'un orgue au bas de la nef en 1652 occulte le réseau du portail principal En 1675, la fabrique fait l'acquisition de tapisseries aux armes de France et de Bretagne pour orner les parties hautes des murs de la nef. En 1843 débutent d'importants travaux de restauration : l´architecte Halouix restitue, en contrebas de la charpente lambrissée du XVIIe siècle, des fausses voûtes en plâtre reprenant la forme de celles initialement projetées. A la même époque le niveau du sol est relevé de près de trente centimètres et la partie inférieure des fenêtres du chevet remontée. Entre 1858 et 1861 la tour-porche fait l'objet d'une importante restauration : réalisation des garde-corps, restauration des gargouilles, des pinacles et des fleurons. Une nouvelle sacristie est construite en 1874 en style néo-gothique au sud-est du chœur ; la quasi totalité des réseaux des baies est refaite à la même époque dans un style conventionnel peu conforme à l'origine, à l'exception des fenêtres hautes du chevet : ces importants travaux de restauration se terminent vers 1925 par la réalisation stylistiquement peu convaincante de l'ensemble des garde corps de la nef et du chœur. Sacristie 19e siècle ; flèche restaurée après la 2e guerre mondiale.

Plan et ordonnance intérieure

Longue de 42 mètres y compris le chœur et large de 18, l'église est un vaste volume continu de type " nef obscure ", composé d'un vaisseau principal de quatre travées flanqué de collatéraux qui s'arrêtent à l'entrée du chœur. Ce dernier comprend une travée droite et trois pans coupés percés de cinq hautes fenêtres que surmontent cinq autres plus petites. A l'ouest, une imposante tour porche ouvre sur le bas de la nef par un portail à portes géminées à tympan ajouré, modèle abondamment diffusé dans le diocèse de Vannes à partir de la fin du XVe siècle. De part et d'autre de l'axe central, l'édifice est entièrement symétrique : au niveau de la troisième travée deux portails du même modèle que celui du bas de la tour déterminent à l'intérieur de l'édifice un transept virtuel. Cette conception architecturale rigoureusement symétrique et unitaire est renforcée par le regroupement des trois uniques autels au niveau du chœur et l'absence de tout autre mobilier d'attache ancien. Une différence dans la section des piles polygonales, légèrement concaves en haut vers le chœur, planes pour les travées du bas de la nef, de même qu'une reprise de maçonnerie dans les murs gouttereaux indiquent une rupture dans le chantier. La première étape pourrait correspondre à la date de consécration de l'édifice en 1524 alors composé du chœur et de deux travées. Malgré cette interruption du chantier, l'unité stylistique de l'édifice est remarquable.

Les grandes arcades ne montent qu'à mi hauteur des murs gouttereaux de la nef, au même niveau que les fenêtres des collatéraux, laissant au dessus de leurs écoinçons une importante partie de mur qui crée un effet de tunnel. Dans les collatéraux, des arcs diaphragmes qui descendent bien en dessous des clefs de voûtes contribuent au contrebutement de cette nef en remplissant le rôle d'arcs-boutants intérieurs. Loin d'être une maladresse, l'opposition entre cette nef de proportions écrasées, relativement sombre - dont la pénombre est accentuée par les vitraux actuels du XIXe et XXe siècle - et un chœur élancé et lumineux, semble résulter d'une recherche formelle qui vise à magnifier et mettre en scène le sanctuaire.

Les voûtes actuelles réalisées tardivement vers 1860, bien qu'étant en plâtre, sont plastiquement conformes à l'esprit du projet initial comme l'indiquent tout au long des murs des culots sculptés en pierre surmontés de tas de charges parfaitement authentiques. Léon de Groër dans sa thèse inédite de l'Ecole de Chartes interprète les arcs diaphragmes des collatéraux comme un contrebutement lié à un projet de voûtes en pierre ; la présence sur le chœur de Notre-Dame de Quelven en Guern de voûtes en pierre authentiques, en calcaire, vient à l'appui de cette hypothèse. Hennebont, dernier port fluvial en amont sur le Blavet pouvait aisément recevoir par bateau des chargements de matériaux. D'un avis tout différent, Jacques Mallet, dans sa notice du Congrès archéologique du Morbihan de 1983, imagine plutôt un projet de fausses voûtes en bois, et rapproche le cas d'Hennebont de celui de Saint-Fiacre du Faouët ou de Notre-Dame de la Houssaye à Pontivy. (Ce type de fausses voûtes totalement dissociées de la charpente de couverture ne doit pas être confondu avec les charpente lambrissées qui fusionnent en un seul élément le couvrement des nefs et le support de couverture). Quoi qu'il en soit, comme dans bien des églises bretonnes de cette époque, on se contenta à la fin du chantier d'une charpente lambrissée beaucoup plus simple installée au sommet des murs gouttereaux. Cette charpente encore en place aujourd'hui, au dessus des actuelles voûtes de plâtre a été datée par dendrochronologie de 1591-1592.

Ordonnance extérieure

La tour porche, à l'ouest, dont la flèche de pierre s'élève à plus de 65 m, domine de sa masse imposante l'ensemble de la ville. Cette tour carrée, entièrement hors oeuvre, cantonnée de puissants contreforts, est encadrée, dans les extrémités des collatéraux, par deux tourelles polygonales qui contiennent des vis d'escalier terminées par des flèches. Ces dernières sont reliées à l'étage supérieur de la tour, édifié en retrait, par des galeries portées sur des arcs-boutants. Cette impressionnante composition transcrit de façon monumentale une formule innovée au XVe siècle en Cornouaille sur la façade de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët et l'associe de façon inédite à une tour porche. A la base de la tour une haute arcade en tiers point ornée d'un lambrequin évidé devait éclairer en second jour le bas de la nef avant l'installation du grand orgue au revers du portail en 1652. Les parois intérieures du porche sont ornées d'arcatures hautes et étroites en forme de niches ; purement ornementales et non destinées à recevoir un programme statuaire elles sont séparées par de grêles pilastres dont les moulures se recoupent et les bases prismatiques viennent se fondre dans une plinthe moulurée en glacis à ressaut selon un jeu de formes cher aux dernier art gothique. Leurs gâbles en accolade à larges feuilles retournées et fleurons dédoublés présentent une sculpture de grande qualité dont la virtuosité fait oublier la dureté du matériau employé, un granite de grain serré. Toute cette partie de la composition emprunte son inspiration à la tour porche de la chapelle Notre-Dame de Quelven en Guern, commencée aux environs de 1500. Au dessus du haut gâble flanqué de pinacles qui surmonte l'arcade du porche, l'horloge actuelle, rétablie en 1834, correspond à une salle intermédiaire pourvue de fenêtres à croisées et d'une cheminée. Ces dispositions particulières ainsi que les proportions monumentales de la tour d'Hennebont l'apparentent à un véritable beffroi. Des gâbles aigus incurvés flanqués de grêles pinacles, des groupes de pseudo pinacles allègent la masse des contreforts latéraux. A leur base des niches en accolade à pinacles et fleurons et jeu de moulures croisées, dont le principe est repris du XVe siècle, ne sont plus ici qu'un motif purement ornemental répété tout autour de l'édifice sur les faces des contreforts.

Les élévations latérales de l'église, strictement identiques au nord et au sud, sont scandées par des contreforts de plan carré surmontés de pinacles aigus posés à l'oblique qui dépassent de plus de cinq mètres le sommet des murs gouttereaux et allègent la masse du toit qui couvre les trois vaisseaux de la nef. Les niches factices qui ornent leur face, les baies à larmier rehaussés de feuilles retournées composent des élévations riches dont la sculpture de belle qualité témoigne du luxe recherché. Les deux portails percés au nord et au sud dont le modèle a été repris pour le bas de la nef, adoptent le modèle à tympan évidé employé sur le bras sud du transept de Quelven quelques années plus tôt ainsi que sur le bras nord de la cathédrale de Vannes. La création de leur réseaux au XIXe siècle et la réalisation peu heureuse des garde-corps au sommet des murs vers 1925, n'ont pas respecté le parti initial recherché dans lequel les accolades des portails venaient se détacher sur le vide du tympan et le sommet du gâble pénétrant dans la corniche sommant les murs gouttereaux devait s'épanouir en fleuron au niveau du garde-corps ainsi que le montre le transept de Quelven.

Enfin l'autre originalité majeure de Notre-Dame-de-Paradis, réside dans son chevet à trois pans dont la composition à deux étages, et le retrait de la partie supérieure font écho à la tour porche. Le principe du chevet à pignons multiples dont les gâbles, en retrait du mur, sont associés à une coursière, employé sans doute pour la première fois en Bretagne sur le choeur de Notre Dame de Quelven vers 1490, est ici amplifié par l'ajout d'un haut surcroît percé de petites fenêtres. Cette innovation confère à l'abside d'Hennebont une dimension monumentale illusionniste dont l'effet pyramidal est accentué par le jeu des contreforts et des pinacles. Les gâbles incurvés des pignons, reliés à de petits pinacles latéraux par des volutes renversées, les oculi à mouchettes tournantes ouverts dans les combles, le réseau en fleur de lys des fenêtres hautes, enfin l'ensemble de la sculpture, caractéristique des recherches stylistiques des années 1510-1520, témoigne avec l'originalité incontestable du parti architectural d'une oeuvre de tout premier plan dans le contexte breton de l'époque.

  • Murs
    • granite
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvrements
    • lambris de couvrement
  • Couvertures
    • flèche en maçonnerie
    • toit à longs pans
    • noue
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    clocher
  • Protections
    classé MH, 1862
    classé MH, 1939/08/10
  • Référence MH

Le clocher-porche est à rapprocher de ceux de Notre-Dame de Quelven en Guern (presque entièrement remonté au 19e siècle), de Saint-Nicodème en Pluméliau et de l'ancienne église de Kervignac, détruite en 1944. La composition étagée de l'abside, l'épaisseur de ses murs ainsi que l'importance des éléments de contrebutements donnent à penser qu'elle fut initialement prévue pour être surmontée d'une vraie voûte. En fait, comm epour l'ensemble de l'édifice, une charpente en berceau lambrissée fut dabord installée à la fin du XVIe siècle, elle fut remplacée vers le milieu du 19e siècle par les fausses voûtes actuelles.

Documents d'archives

  • Constantin, Pierre Laurent, « La plaque de dédicace du clocher de Notre-Dame-de-Paradis », Hennebont, 2021 [notice non publié]

    Archives municipales d'Hennebont

Bibliographie

  • Le Moing (Jean-Marie), Notre-Dame de Paradis d'Hennebont, la chapelle, l'église, la basilique, Hennebont, 1913

  • Mallet (Jacques), "Hennebont : remparts et Notre-Dame de Paradis", dans Congrès archéologique de France, 141e session, 1983, p. 77-87.

  • Guilchet, Jacques, La basilique Notre-Dame de Paradis d’Hennebont, Archives Communales Hennebont (inédit), 1999, 253 pages.

    Archives municipales d'Hennebont
  • Guilchet, Jacques, Notre-Dame de Paradis - Saint-Gilles-des-champs, Archives Communales Hennebont (inédit), 1995, 122 pages.

  • Guilchet, Jacques, Liste des servants à Notre-Dame de Paradis, de 1478 à 2012, Archives Communales Hennebont (inédit), 7 pages.

    Archives municipales d'Hennebont
  • Vanel de Lisleroy (de), Thierry, Notre-Dame de Paradis, de la chapelle à la basilique, Ateliers du Vieil-Hennebont, Les amis de la basilique, Hennebont, 2020

Périodiques

  • Constantin, Pierre Laurent, « Un bain de jouvence pour une grande dame de 500 ans », Dossier Plan Patrimoine : Notre-Dame-de-Paradis, HENNEBONT Mag, octobre 2013, p. 14

  • Constantin, Pierre Laurent, « Notre-Dame-de-Paradis, un chef d’œuvre gothique en pleine Renaissance 1/2», Rubrique Raconter, HENNEBONT Mag, avril 2014, p. 16

  • Constantin, Pierre Laurent, « Notre-Dame-de-Paradis, un chef d’œuvre gothique en pleine Renaissance 2/2», Rubrique Raconter, HENNEBONT Mag, avril 2014, p. 16

  • Constantin, Pierre Laurent, « Notre-Dame-de-Paradis, tout autant fille du XIXe siècle néo-gothique », Rubrique Raconter, HENNEBONT Mag, mars/avril/mai/juin 2015, p. 16

  • Constantin, Pierre Laurent, « Des droits d’armoiries de l’abbesse dans les église d’Hennebont en 1689 », Cahiers d’Histoire du Vieil-Hennebont, n°7, Atelier d’Histoire du Vieil-Hennebont, La Garde du Vœu, Hennebont, 2019

  • Le Falher, Marie-Claude et Bernard, « Une œuvre d’art et de foi, la basilique Notre-Dame-de-Paradis », Cahiers d’histoire du Vieil Hennebont, n°3, Atelier d’Histoire du Vieil-Hennebont, La Garde du Vœu, Hennebont, septembre 2014

  • Sorin, Nadine, « Notre-Dame-de-Paradis au XIXe siècle. Regards de voyageurs », Hennebont MAG, janvier 2014, n° 63, p. 16.

  • Sorin, Nadine, « Notre-Dame-de-Paradis. Le Vœu, au rendez-vous du sacré et du profane », Hennebont MAG, octobre 2014, n° 65, p. 16.

Date(s) d'enquête : 1986; Date(s) de rédaction : 1986, 2010
Articulation des dossiers