Ce dossier correspond à une transcription numérique d’éléments d’enquêtes antérieures à 2000. Tout enrichissement est le bienvenu.
L’initiative de l’installation d’un site industriel à l’écluse de Caradec sur l’Oust (canal de Nantes à Brest) revient à M. de Bronne, directeur de la Compagnie Minière du Morbihan. En 1855, il demande une concession de chute d’eau « pour une usine qui serait une minoterie, ou une scierie mécanique, ou une papeterie, ou deux de ces établissements réunis ». L’année précédente il a acheté les terrains nécessaires à cette implantation, rive droite de l’Oust, la navigation sur le canal à ce niveau se faisant du côté de la rive gauche. Autorisation accordée en 1856.
1858 : M. de Bronne cède ses droits à la Compagnie Minière, dont il est directeur, et cette compagnie formule le projet d’installer une usine métallurgique, en l’occurrence une fonderie de minerai d’étain. La même année, un procès-verbal de visite des lieux indique qu’ « aucun travail n’a été exécuté ».
1859 : M. Teulère, ingénieur civil agissant pour M. Cabasson, négociant à Paris, formule une demande de concession de prise d’eau à l’écluse de Caradec.
1860 : P.V. de visite des lieux : « l’usine nouvelle est en construction », conformément à l’autorisation de 1860. Le bâtiment principal mesure 26 x 16 m. Plan au 1/200e (A. D. Morbihan, série S 1060).
1861 : décret impérial autorisant M. Cabasson « à établir sur la rive droite de la rivière d’Oust ... une usine destinée à la moulure et à la trituration des végétaux filamenteux en vue de confectionner, avec les fibres, du papier ou carton ou autres produits du même genre ».
1884 : L’usine est vendue par M. Le Déliou à la société Droniou et Amiel. Plan de détail en 1884.
1885 : Paul Droniou obtient la concession, renouvelée en 1891 : « autorisation pour la mise en jeu d’un moulin hydraulique destiné au broyage de la paille pour la confection de papier, avec prise d’eau au droit du barrage de Rouvray en Guégon », moyennant 201 fr. de rente annuelle (A. D. Morbihan, série S 1060).
À partir de 1887, l’usine se développe et possède cinq turbines hydrauliques actionnant sept paires de meules pour écraser la paille de seigle hachée et chaulée (Nizan, p. 120-121). L’usine s’étend au site du Rouvray, en amont de Caradec. Plan et coupes de l’usine en 1887 (A. D. Morbihan, série S 1060).
Plus tard, mais les archives n’en disent rien, l’usine du Rouvray sera convertie en usine hydroélectrique ; c’est ainsi qu’elle est dénommée sur la carte I.G.N. Le site est actuellement [en 1990] abandonné. Rappelons que dans les années 1930, la chute des forges de Lanouée (commune des Forges) fut, elle aussi, convertie pour la production d’électricité.
Vers 1914, l’usine de Caradec emploie 70 ouvriers et produit 7000 kilos de papier (Nizan, p. 120). L’usine passe après 1920 à la société Le Jeune et Cie. Difficultés en 1934. Nouveau
départ en 1935 avec Léon Clergeau, ingénieur des Arts et Métiers (Du Halgouët, B.S.P.M., p. 52 et Association bretonne, p. 12). L’usine ne fabrique plus de papier mais le transforme pour faire des caisses d’emballage (Nizan, p. 120).
Après guerre, l’usine est complètement modernisée et fortement agrandie. Les bâtiments du 19e siècle sont réduits à l’état de vestiges, en mauvais état. La cheminée construite en 1887 est toujours en place.
(J. -P. Ducouret)
Directeur de la Compagnie Minière du Morbihan.