Bien représentés sur la commune de Romagné, les fermes et bâtiments de fermes édifiés entre 1850 et 1950 témoignent de la prospérité que connaissent l'agriculture et l'élevage dans le Pays de Fougères à cette époque. Rares sont cependant les ensembles constitués ex-nihilo pendant cette période, les fermes possédant la plupart du temps des bases anciennes révélées par la variété des styles des bâtiments qui les composent. On se limite ici aux ensembles les plus homogènes.

Ces fermes présentent les caractéristiques architecturales de l’époque, lisibles aussi bien dans l’habitation que dans ses dépendances : ouvertures réparties de manière régulière en façade (symétrie, travées) ; usage important du granite taillé (traitement des ouvertures, des chaînages d’angles ou encore des bandeaux) et de la brique (baies des dépendances : jours d’étables, gerbières, portes) ; toits à faible pente; présence fréquente de niches à statues en façade de l'habitation.

Comme c'est traditionnellement le cas dans le Pays de Fougères, l'organisation des bâtiments dans l'espace (habitation et dépendances) détermine deux grandes variantes : les fermes conçues en alignement et celles qui sont organisées autour d’une cour.

Dans la grande majorité des cas, habitation et dépendances (étable, écurie, cellier, hangar, soue) sont abritées sous un même toit ou dans une série de bâtiments mitoyens édifiés en plusieurs étapes. Il n'est pas rare qu'une dépendance isolée soit associée à cet ensemble. La ferme de la Petite Marche est ainsi formée d'un long alignement dans lequel écurie (Ouest) et étable (Est) encadrent l'habitation. Une troisième étable isolée par la cour fait face au logis. La ferme de Moncorps présente une organisation voisine : à l'habitation datée 1875 ont été greffés vers 1900 une étable (à l'Est) et un hangar (à l'Ouest). Les lucarnes passantes des greniers aménagés à l'étage de l'habitation et de l'étable révèlent un certain soin dans la mise en œuvre, perceptible également dans la longue dépendance qui fait face à l'alignement.

Dans d'autres cas, l'habitation, isolée ou intégrée à un alignement, est accompagnée de dépendances réparties de manière plus ou moins régulière autour d’une cour. A la Martinais, qui possède une base ancienne mais où l'essentiel des bâtiments ont été édifiés en 1850 et 1950, trois des côtés de la cour sont occupés par des bâtiments séparés les uns des autres : une vaste étable fait face à l'habitation alors qu'une soue à cochons associée à une écurie ferme en partie le côté Ouest de la cour.

Parfois encore, la cour est close sur deux de ses côtés comme le montre la ferme (1867) située au n°3 de la Rue de Saint-Germain dont l'habitation et les dépendances se développent sur un plan en équerre.