Le contexte géographique
En 1973, les communes de Jugon, Lescouët-Jugon et Saint-Igneuc fusionnèrent pour former la commune de Jugon-les-Lacs. Dans cette configuration, la commune a une superficie de 2615 ha. La population (1283 habitants en 1990) est stable.
Plusieurs cours d´eau donnent les limites de la commune, y compris l´étang de Jugon alimenté par le ruisseau de la Rosette (ou la Rosaie ou le Jugon). L´Arguenon alimentait le petit étang avant son assèchement ; il continue d´emprunter cet endroit transformé en peupleraie. En aval de la ville, il reçoit les eaux de la rivière des Eventails qui porte ce nom depuis le vannage de décharge du Grand Etang (d´où son nom : éventail, vantail, vannage). Ce cours d´eau, anciennement nommé le Jugon, a donné son nom à la ville.
Le relief est plus accentué que dans les communes avoisinantes ; la vallée de la Rosette et celle de l´Arguenon en aval de la ville entaillent fortement le plateau qui culmine vers 100 m d´altitude. Un important viaduc routier franchit ce site depuis quelques années, au nord de la ville.
La ville est localisée au confluent des deux rivières mentionnées ci-dessus, à une altitude de 25-30 m. Elle occupe le fond de la vallée et est dominée par la butte de l´ancien château, par la colline de Lescouët et aussi par la chaussée du Grand Etang, ce qui contribue à enserrer la ville dans un espace limité.
Le contexte historique
Jugon est située à la limite des anciens diocèses de Saint-Malo, rive droite de la rivière des Eventails, et de Saint-Brieuc sur la rive gauche. L´origine de la ville est liée au premier château mentionné en 1034, construit sur une éminence aux défenses naturelles. Le château passa dès le début du XIIe siècle des Penthièvre aux seigneurs de Dinan ; à cette époque, Olivier de Dinan fonda un prieuré, membre de l´abbaye de Marmoutier, qui contribua à l´éclosion du bourg. Au XIIIe siècle, le domaine tomba aux mains de Pierre Mauclerc, guerrier aventureux, qui reconstruisit le château. Il serait aussi le bâtisseur des chaussées des deux étangs flanquant le site castral, contribuant à en renforcer les défenses et permettant de faire marcher des moulins. Au cours de la longue guerre de succession du duché, déclarée en 1341, le château passa de mains en mains avant de tomber dans le domaine ducal. Après un premier démantèlement intervenu au XVe siècle sur ordre du duc, les défenses du château furent détruites après les troubles de la Ligue qui sévirent pendant dix ans à la fin du XVIe siècle. Il n´en reste rien aujourd´hui sinon le site et le nom de la rue qui y mène.
A l´origine, il y avait deux paroisses : la paroisse Saint-Malo et la paroisse Saint-Etienne ou Notre-Dame dont l´église était celle du prieuré. L´église Saint-Malo se trouvait près de la rue du Château, elle était modeste et fut peu à peu délaissée au profit de Notre-Dame ; l´union des deux paroisses fut prononcée au début du XVIIe siècle.
Les cours d´eau et leurs dérivations qui parcourent la ville sont favorables à l´établissement de moulins et de pêcheries. Ils existent depuis la création des étangs et se sont perpétués jusqu'à nos jours. Tout au long du XIXe siècle, pour lequel on dispose d´une abondante documentation (série S des archives départementales), des aménagements hydrauliques furent effectués ; on retiendra principalement l´assèchement du petit étang et la disparition du moulin qui en dépendait, la construction ou reconstruction de petits moulins artisanaux dont celui dit du Prieur, l´implantation en 1866 d´une minoterie sous la grande chaussée qui, modernisée certes, fonctionne encore. Un bâtiment correspondant aux anciens « grands moulins » existe toujours ; il était équipé de quatre roues hydrauliques.
Un fait important intervint dans les années 1850, déterminant l´aspect actuel de Jugon, c´est la nouvelle traverse de la ville, inaugurée en 1858 par Napoléon III. Cette nouvelle artère, l´actuelle rue de Penthièvre, coupe l´agglomération en diagonale et contribue à séparer la place du Martray, centre commerçant de la ville, de l´église qui se trouve ainsi décentrée ; cette voie fut empruntée plus tard par la voie ferrée de la ligne Dinan-Collinée, ouverte en 1924, déclassée en 1937, dont restent encore quelques témoins visibles : le viaduc de Bout de Ville et l´ancienne gare souterraine de l´école des filles (à l´angle de la rue de Penthièvre et de la Petite Chaussée).
Les halles de la place du Martray, plusieurs fois reconstruites, ont disparu après la première guerre : des arcades qui en proviennent ont été remployées dans la façade d´une maison voisine. Elles abritaient également la mairie et, dans les dernières années, on y donnait des représentations de cinéma.
L´enquête d´inventaire
L´enquête d´inventaire, menée au printemps 1998, a conduit à l´établissement de 25 dossiers d´architecture. Les maisons et fermes de la commune, étudiées en dossier collectif, sont au nombre de 48 repérées dont 31 dans la ville même (5 sont sélectionnées). En zone rurale, le XVIIe siècle est dominant, alors qu´en ville les dates du XIXe siècle sont nettement majoritaires ; les deux maisons les plus anciennes de la ville, remaniées l´une et l´autre, ne sont pas antérieures au XVIe siècle.
Les manoirs ont subi des avatars sérieux : le manoir de la Jarretière ne conserve plus qu´une chapelle déclassée datée de 1652 et quelques pans de mur de clôture et n´a pas fait l´objet de dossier ; des blasons sont remployés dans la maison neuve voisine. Le Mézeray est abandonné et déclassé en dépendance agricole ; le Verger tombe en ruine. Deux moulins à vent, rares dans ce secteur, ont été recensés : l´un dépend du manoir de Lorgeril, l´autre du château du Guillier sur la commune de Plédéliac ; l´un et l´autre étaient couplés avec des moulins à eau.
Les croix monumentales ne présentent pas de caractères marquants sinon la présence de l´atelier Yves Hernot à Saint-Igneuc, Lescouët et Plénée-Jugon (cimetière). La croix de l´enclos de l´église de Jugon (16e siècle) est censée provenir de Lescouët.
Une statuette du Christ en croix en ivoire, volée dans l´église de Jugon au cours de l´hiver 1998, n´a pas été retrouvée.
La ville est classée « Petite Cité de caractère ».
Statistiques communales
Population (ancienne commune) en 1881 : 2142 h
en 1975 (après regroupement) : 1292 h
en 1990 : 1283 h.
Photographe à l'Inventaire