Recensement

35 croix de chemin ou croix de cimetière ont été repérées (en points roses et rouges sur la carte) sur le territoire du canton ; 9 ont été sélectionnées pour étude et font l´objet d´une notice individuelle. 4 croix repérées sont des croix de cimetière ; celle de Plénée-Jugon, sculptée par Yves Hernot, est sélectionnée.

Les croix qui sont parties constituantes d´édifices ne sont pas comptabilisées dans ce recensement ; sont concernées 4 croix dépendant d´une église paroissiale, 2 croix dépendant d´un manoir (la Touche Sauvagère et la Touche aux Provost) et une croix dépendant d´un château (le Guillier). Ces croix, aux caractéristiques différentes du corpus traité en dossier collectif, seront le cas échéant évoquées dans le cours du texte.

Paramètres du repérage et localisation

Dolo

Bourgneuf, croix ronde sur soubassement, datant du 20e s.

Au cimetière, croix sur socle et soubassement, datant du 17e s.

Le Closset (sélection), petite croix ronde sur socle, du 17e s.

La Croix Made, vestiges : socle décoré, datant du 16e siècle ?

Le Pigeon Blanc, croix sur socle circulaire, datant du 16e siècle ?

Jugon-les-Lacs

Le Marchix, croix simple du 17e s.

Saint-Igneuc, croix Hernot à 3 personnages, datée de 1896.

Plédéliac

Croix de cimetière de l'atelier Hernot, datée de 1885.

La Plançonnais (sélection), croix palis sur soubassement, unicum local, datant du 17e siècle.

Saint-Esprit (sélection), croix haute sur socle, datant du 17e s.

Le Goudais, croix sur socle, datant du 17e s.

Plénée-Jugon

Croix du cimetière (sélection), croix Hernot à 3 personnages, datée de 1901, 1913.

Au village, sortie est, croix sur socle datant du 18e s.

Au village, rue du Général-de-Gaulle (sélection), croix haute, ronde puis carrée, sur socle et soubassement, datant du 16e siècle.

Au village, rue Capitaine de la Mottte, croix haute sur socle, datant du 17e s.

La Biardière, croix de type tombal, datée de 1896.

Caëden, croix sur socle datant du 17e s.

Les Champs Margareux, croix ronde sur socle, datant du 19e s.

Les Champs Margareux (près), croix ronde sur socle, datant de la fin 19e s.

La Chapelle es Bouvet, petite croix simple datant du 20e s.

La Croix es Nogues, croix sur socle, cassée, datant du 17e s.

La Croix Guégan, croix sur socle, à niche, datant du 17e ou 18e s.

La Hautière, croix ronde sur socle, datant du 20e s.

Le Lorrain (sélection), croix monolithe sans base datant du 17e s.

Rotouée, croix ronde sur socle datant du 17e s.

La Ruselée, croix sur socle, datant du 17e s.

Saint-Maleuc, croix sur socle datant du 17e et du 19e s.

La Ville Bouesnard (sélection), croix haute monolithe sur socle datée de 1665.

Plestan

Bellevue, croix simple datant du 19e s.

Le Coudray (sélection), croix haute monolithe sur socle, blason, niche, datant du 17e s.

Tramain

Au cimetière 1, croix Hernot datée de 1909.

Au cimetière 2, croix monolithe sur socle datant du 16e s.

Au village (sélection), croix monolithe pattée sur socle circulaire, datant du Moyen âge.

Le Dolais, croix sur socle et soubassement, datant du 19e s.

Le Temple, croix sur socle, datation incertaine.

Chronologie

Une croix de la fin du moyen âge (au village de Tramain) a été étudiée ; elle est remontée avec son socle ancien, de forme circulaire, sur un soubassement plus récent près de l´actuelle mairie.

5 croix du 16e siècle, datées parfois avec une forte incertitude, sont repérées. Deux sont étudiées.

Le 17e siècle représente presque la moitié du corpus (15 sont repérées, 5 sont étudiées). La croix la Plançonnais est difficile à dater (17e siècle) étant donné le peu de paramètres disponibles ; la rusticité de cette croix pourrait inciter à la dater d´une période assez haute, mais cette irrégularité est plutôt le fait de cassures qui occultent un dessin en réalité assez régulier. Par ailleurs, cette croix construite en palis de schiste est unique en son genre dans le canton.

Le 18e siècle est presque vide (1 repérée, 0 sélection). On notera la rareté des dates inscrites sur les croix anciennes : la date 1665 est la seule qui soit antérieure au 19e siècle.

Le 19e siècle est mieux représenté (8 repérées, 0 sélection), la fin du siècle principalement, puisque sont recensées ici les croix du sculpteur Hernot, actif aussi au début du 20e siècle.

Le 20e siècle est représenté par 5 croix repérées et une sélection, la croix Hernot du cimetière de Plénée-Jugon. Les dates relevées pour cette période sont : 1885, 1889, 1896, 1896, 1901, 1909, 1913.

Description

Les matériaux

Les croix sont toutes en granite sauf celle de la Plançonnais qui est en palis de schiste, c´est-à-dire taillée dans une mince dalle de schiste monolithe. Les croix d´Hernot sont en granite. Celle du cimetière de Plédéliac utilise aussi la kersantite, ce dernier matériau étant réservé aux parties sculptées ; mais on sait que ces croix étaient fabriquées en atelier à Lannion. Elles n´utilisent pas le matériau local.

La typologie

La typologie est peu diversifiée. Elle comprend 3 cas uniques, un type présent à 5 exemplaires et les croix Hernot.

Type 1 unique : Croix en palis de schiste, sur soubassement maçonné à la Plançonnais.

Le mauvais état de la croix, qui porte plusieurs cassures, ne doit pas occulter le tracé assez régulier de la forme, qui indique une datation du 17e siècle, en aucun cas une datation du moyen âge.

Type 2 unique : Croix (le Lorrain) monolithe sans base, fût de section rectangulaire chanfreinée, à branches courtes. Cette croix, cassée sous la traverse, semble amputée d´une partie de son fût et a pu bénéficier d´un remontage qui pourrait expliquer l´absence de socle ; au 17e siècle en effet, les croix sont généralement portées par un socle. La croix porte une inscription partiellement déchiffrée et un Christ sculpté sur la face postérieure.

Type 3 unique : Croix au village de Tramain, remontée sur un soubassement moderne près de l´actuelle mairie ; croix monolithe pattée sur socle circulaire. La datation du moyen âge se fonde sur la forme pattée de la croix et sur la forme circulaire du socle.

A l´origine, le socle pouvait être enfoui.

Type 4 : Croix haute à branches courtes sur socle (5 sélections). Le type compte deux variantes selon que le fût est de section ronde ou de section carrée chanfreinée. La croix le Closset amputée d´une partie de son fût a été classée dans ce type.

Le type couvre une période chronologique longue qui va du 16e siècle (croix à Plénée-Jugon) au 19e siècle, mais l´essentiel du corpus se situe au 17e siècle. La croix la Ville Bouesnard fournit la date 1665.

Type 5 : les croix Hernot : la croix du cimetière de Plénée-Jugon

L´atelier Yves Hernot, actif de 1860 à 1920 environ, installé à Lannion, recouvre en réalité trois générations de sculpteurs, tous prénommés Yves. Son histoire n´est pas connue dans le détail car les archives de l´atelier n´ont pas été conservées. Cet atelier s´est spécialisé dans la fabrication de croix de chemin ou de cimetière, d´un type aisément reconnaissable et inlassablement répété à des centaines d´exemplaires en Côtes-d´Armor et en Ille-et-Vilaine ; il eut aussi une activité de tombier et c´est précisément le cas au cimetière de Plénée-Jugon, dont la croix fut donnée en 1901 par une dame Valadou ; la tombe de cette personne, située à côté de la croix, fut sculptée par Y. Hernot et on y reconnaît en effet la figure du Christ en croix exactement conforme au modèle de la croix du cimetière.

La croix de Plénée-Jugon est une version à trois personnages, la Vierge et saint Jean ayant été fournis par l´atelier de fondeur parisien Raffl en 1913.

La croix dite Croix Malo à Dolo conserve un socle ancien exceptionnellement sculpté de personnages et d´arcatures trilobées, dont la datation peut remonter au 15e siècle ou au début du 16e siècle (voir fig. 9).

Les croix dépendant d´édifices (églises ou manoirs) appartiennent pour trois d´entre elles au type dit historié à bâtière (voir le château de Guillier, 15e siècle, le manoir de la Touche aux Provost et l´église de Plestan, 16e siècle). Voir aussi la croix de l´église de Jugon-les-Lacs qui est supposée provenir de l´ancienne paroisse de Lescouët. La croix du manoir de la Touche Sauvagère, de type monolithe sur socle et soubassement, est datée de 1587.