• patrimoine industriel, Inventaire du patrimoine industriel de l'arrondissement de Dinan
  • inventaire topographique, Dinan
Ancienne usine de bonneterie d'Engoulvent, actuellement maison et centre commercial, 7 rue Gambetta ; 9 rue Gambetta ; 23 rue Charles Beslay ; 21B rue Charles Beslay (Dinan)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Arrondissement de Dinan
  • Commune Dinan
  • Adresse 7 rue Gambetta , 9 rue Gambetta , 23 rue Charles Beslay , 21B rue Charles Beslay
  • Cadastre 1983 AK 399, 457 à 460, 464, 494 ; 2016 AK 458 Surface de la parcelle : 52 m² ; 2016 AK 399 Surface de la parcelle : 130 m² ; 2016 AK 460 Surface de la parcelle : 133 m² ; 2016 AK 464 Surface de la parcelle : 248 m²
  • Dénominations
    usine de bonneterie
  • Appellations
    usine de bonneterie d'Engoulvent, puis Bonneterie Bayle, puis Société Lemaire, Trenteseaux et Cie, puis Société Pierre Duthilleul et Cie, puis Bonneteries de l'Ouest, actuellement maison et centre commercial
  • Destinations
    maison, centre commercial
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, bureau, logement patronal, magasin industriel

A l'origine les bâtiments de la manufacture et la résidence patronale s'implantaient sur la même parcelle. Cette disposition était très courante à la fin du 19e et au début du 20e siècle.

Aujourd'hui seule la résidence patronale subsiste.

(Justine Le Goanvic)

L'usine de bonneterie d'Engoulvent est fondée en 1845 (date portée) par M.-H. Marielle auquel succède M. Bayle en 1862. Jusqu'en1888, l'entreprise ne réalise que de la fabrication à forfait de quelques articles de bonneterie : gilets marins, caleçons, chaussons, etc. Le 8 juin 1897, le fils Bénédict Bayle se rend adjudicataire des terrains et immeubles situés à proximité afin d'agrandir son usine. La bonneterie Bayle est spécialisée dans la fabrication et l'imitation du tricot main et réalise des articles pour les marins et des sous-vêtements en laine. Pendant la Première Guerre mondiale, l'établissement est acheté par des industriels du Nord : Jean et Jacques Lemaire, Joseph Trenteseaux, et Joseph Motte. Formée en 1916, la société en nom collectif Lemaire, Trenteseaux et Cie a pour objet la fabrication de bonneterie et tout ce qui se rattache à ce genre d'industrie. Sous leur direction, l'usine fait l'objet de plusieurs agrandissements avec notamment la construction, en 1917, d'un grand atelier de fabrication d'une contenance de 538 m2, de vestiaires et de bureaux en façade, sur la rue Gambetta. La vente des lainages, dont les débouchés commerciaux ne s'étendaient guère, jusqu'à présent, au-delà de Nantes (44), Caen (14) et du Havre (76), prend un grand essor. En 1919, l'entreprise change de raison sociale ; elle devient une société en commandite par actions, inscrite sous le nom de Pierre Duthilleul et Cie, avec un capital social fixé à 750 000 francs. La marque de fabrique BOR est déposée au greffe du Tribunal de la Seine le 7 mai 1920. Le 21 juin de la même année, J. et J. Lemaire, J. Trenteseaux et J. Motte forment les statuts de la société anonyme de la Bonneterie de l'Ouest, au capital d'1 500 000 francs et dont le siège social est à Paris (75). Les associés apportent à l'entreprise les terrains, bâtiments et matériel industriel de leur fabrique de bonneterie et de teinturerie située à Rennes (35). Le 18 septembre 1923, les statuts de la société sont modifiés ; la raison sociale devient Bonneteries de l'Ouest réunies. Une salle des machines est construite en 1924. Après la cessation d'activité de l'usine de bonneterie, la Caisse régionale d'assurance mutuelle agricole de Bretagne s'installe dans les locaux désaffectés vers 1940. Actuellement, le site, en partie détruit, abrite une maison et un centre commercial. En 1919, le matériel industriel de l'usine se compose de quarante-trois machines circulaires Maxim et Harrisson, de soixante-quatorze machines rectilignes à tricoter, manuelles et mécaniques, de vingt-cinq machines de finissage (à coudre, rabatteuses, boutonnières, surjeteuses, remmailleuses - Singer, Union Special, Hurter -), de machines de préparation, d'un moteur à gaz Winterthur développant 15 ch et d'une machine à vapeur Nassivet 1/2 fixe d'une puissance de 20 ch. Vers 1920, l'usine de bonneterie emploie cent vingt ouvriers environ.

[Marina Gasnier]

Quand Benedict Bayle devient le propriétaire de la bonneterie, la résidence patronale connait plusieurs phases de construction (entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle). Le premier corps de bâtiment de la résidence, sur la rue Gambetta, date de la fin du XIXe siècle. La seconde phase de construction est le pavillon qui fait l’angle entre la rue Gambetta et la rue Charles Beslay, construit au début du XXe siècle. Sa pièce au rez-de-chaussée reprend les caractéristiques des halls de manoirs anglais avec dans le même espace grand séjour avec cheminée et escalier monumental. L'ensemble de ce décor d'une grande originalité est attribuable à l'ébéniste Alfred Ely-Monbet.

[Justine Le Goanvic]

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1845, porte la date
    • 1917, daté par travaux historiques
    • 1924, daté par travaux historiques

L'extérieur :

Il ne subsiste plus que le logement patronal, le magasin et une petite partie des ateliers du site des Bonneteries de l'Ouest. Implanté à l'angle des rues Gambetta et Charles Beslay, le logement patronal compte un étage carré et un étage de comble couvert d'un toit à longs pans en ardoises. Inspiré de l'architecture balnéaire, le logement se compose de trois corps de bâtiment : deux en retour d'équerre dont la jonction est faite par le troisième, un haut pavillon d'angle surmonté d'un toit en pavillon à égouts retroussés en ardoises ; supporté par des aisseliers apparents, le toit est décoré de deux épis de faitage et d'une crête. Ses façades sont percées de baies rectangulaires encadrées de pierres de taille en granite et de baies à arcs en plein cintre et à arcs surbaissés en briques rouges. Cette polychromie est également présente dans la partie haute de l'édifice par le biais d'un petit cordon en briques qui couronne le bâtiment. Au nord du logement sont accolés l'atelier subsistant couvert de sheds en tuiles mécaniques, et le magasin en rez-de-chaussée édifié en moellons de granite et couvert d'un toit à croupes en ardoises. A l'ouest, un autre atelier, dont une grande partie à été rasée, est également accolé au logement. Édifié dans les mêmes matériaux partiellement enduits, il présente un pignon en façade, compte un étage carré couvert d'un toit à longs pans en ardoises décoré d'un lambrequin. L'extrémité ouest, en rez-de-chaussée, porte encore les traces de l'ancienne inscription, en partie amputée : Bonneteries de l'Ouest Réunies.

[Marina Gasnier]

La résidence patronale est légèrement en retrait de la rue et elle est délimitée par une clôture en moellons et ferronnerie. Elle comporte un sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de combles. La porte d’entrée est desservie par un escalier à rampe droite et elle est marquée par la présence d’une marquise en ferronnerie. Une imposante souche de cheminée fait saillie à l'étage du côté de la rue Charles Beslay.

On peut distinguer deux phases de constructions dans les différents corps de bâtiments du logement patronal. En effet, les encadrements des baies, la toiture et les intérieurs présentent une architecture et une esthétique différentes.

L'intérieur :

Dans le premier corps de logisi se trouve trois cheminées. La première se situe dans le salon du rez-de-chaussée. Elle a un manteau en marbre blanc ouvragé et un ébrasement en faïence avec des motifs floraux. La deuxième et troisième cheminées sont au premier étage. L’une a un manteau en marbre rouge et un ébrasement en faïence de teinte verte. Sa dalle de foyer est composée de carreaux de ciment représentant des motifs végétaux. La dernière cheminée est de style plus modeste. Son manteau est en bois et des carreaux de terre cuite constituent sa dalle de foyer. L’escalier qui dessert les niveaux supérieurs est à retour tournant. Sa structure et son garde-corps sont en bois. Une rosace en plâtre vient habiller le plafond du salon du rez-de-chaussée. Elle est composée de motifs végétaux, floraux et de coquilles Saint-Jacques. Enfin ce bâtiment présente une particularité dans sa quincaillerie, avec la poignée de portes des toilettes du premier étage qui affiche si l’espace est libre ou occupé.

Le rez-de-chaussée du pavillon présente un métissage architectural unique entre la culture anglo-saxonne et bretonne. Sa conception reprend les caractéristiques d’un hall de manoir anglais avec cheminée monumentale et sur le côté imposant escalier. Ainsi, cette pièce répond à la fois à un usage de réception et de circulation.

Les murs sont recouverts de boiseries et de nombreuses sculptures dont la thématique bretonne viennent enrichir la pièce. Les corbelets des poutres du plafond sont sculptés de personnages. La cheminée habillée de boiseries se prolonge dans la pièce de chaque côté de l'âtre par des banquettes d'attache. L'escalier, les poignées de porte et le verre des fenêtres (aujourd'hui seulement sur les soupiraux) sont ornés de motifs végétaux et floraux.

[Justine Le Goanvic]

  • Murs
    • granite
    • enduit partiel
    • moellon
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique
  • Plans
    plan régulier en H
  • Étages
    2 étages carrés, étage de comble, sous-sol
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • shed
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre cage ouverte
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • Énergies
    • énergie électrique
    • produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, vestiges
  • Techniques
    • menuiserie
    • sculpture
    • céramique
    • vitrail
  • Représentations
    • personnage profane symbole régional,
    • personnage profane symbole régional,
    • personnage profane symbole régional,
    • personnage profane symbole régional,
    • scène de la vie sociale, scène de la vie rurale symbole régional,
    • portrait symbole régional,
    • feuillage, fleur symbole de la nature,
    • salamandre
  • Précision représentations

    Les boiseries du pavillon présente une thématique bretonne. Ainsi, les sculptures sous les solives représentent une tisserande, une paysanne, un joueur de bombarde et un joueur de biniou.

    La cheminée est couverte d'une boiserie ornementée par des motifs végétaux et des figures bretonnes. Une scène de bolée bretonne est sculptée sur la hotte (aujourd’hui caché par un tableau). L’ébrasement est en faïence avec des motifs de salamandre. La dalle de foyer est composée de carreaux de ciment avec des motifs végétaux.

    L'ensemble des boiseries est signé par "RBIGOT.6.SRULPUT" (situé sur la hotte de la cheminée).

    (Justine Le Goanvic)

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Côtes d'Armor. Série P ; sous-série 3 P : 3 P 55 (12). Fonds du cadastre ancien. Documentation cadastrale par ordre alphabétique de communes. Dinan, matrice des propriétés bâties (cases 1-480), 1882-1911.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 55 (12)
  • AD Côtes d'Armor. Série P ; sous-série 3 P : 3 P 55 (14). Fonds du cadastre ancien. Documentation cadastrale par ordre alphabétique de communes. Dinan, matrice des propriétés bâties (cases 1-944), 1911-1966.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 55 (14)
  • AD Côtes d'Armor. Série U ; sous-série 4 U : 4 U 12 (97). Justice de paix de Dinan, tribunal de commerce, actes de société (cantons de Dinan), 1909-1919.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 4 U 12 (97)
  • AD Côtes d'Armor. Série U ; sous-série 4 U : 4 U 12 (100). Justice de paix de Dinan, tribunal de commerce, actes de société (cantons de Dinan), 1920-1922.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 4 U 12 (100)
  • Consultation en ligne sur le site : http://archives.cotesdarmor.fr

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 6 M
  • Consultation en ligne sur le site : http://archives.cotesdarmor.fr

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 6 M
    p.133

Bibliographie

  • CHAIGNEAU-NORMAND, Maogan. La Rance industrielle au 19e siècle. Etude historique et archéologique. Rennes, 5 vol. Th. univ. : Histoire de l'art : Rennes 2 : 2001, 464 p.

  • CHAIGNEAU-NORMAND, Maogan. La Rance industrieuse. Espace et archéologie d'un fleuve côtier. Laval : Presses Universitaires de France, 2002.-270 p. ISBN 2-86847-694-5.

  • Le développement économique des Côtes-du-Nord : agriculture, industrie, commerce. Saint-Brieuc : Ministère de la guerre - comité d'action économique de la Xe région. 1919.

    Bibliothèque municipale de Rennes : 48602
    p. 261-262
  • STEPHANT, J. Etude de géographie urbaine de Dinan. Mémoire de DES, 1947.

    Bibliothèque municipale de Dinan : 52.15
    p. 164

Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2017