Dossier d’œuvre architecture IA22002139 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, Pléneuf-Val-André
Salines de Dahouët (Pléneuf-Val-André)
Œuvre recensée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communes littorales des Côtes-d'Armor - Pléneuf-Val-André
  • Commune Pléneuf-Val-André
  • Lieu-dit le Bignon
  • Cadastre 1811 E
  • Dénominations
    saline
  • Destinations
    bassin de port

Les méthodes de production du sel sous l´Ancien Régime : chroniques

Pour le procédé de production de sel, il faut attendre 1636 et les récits de voyage de Dubuisson Aubenay décrivant sa traversée des marais d´Yffiniac : A la descente dans Finiac, vous trouvez un ruisseau, et à la sortie et remontée (car Finiac est un fond) encore un autre, qui est la rivière d´Urne. Tous deux vont prendre dans un large vallon et marais au-dessous de Finiac, plein de salines, où ils font du gros sel gris, au soleil, dans le marais et du même sel blanc, dans des chaudières de plomb.

Un peu plus tard, en 1672, un autre voyageur, Jouvin de Rochefort, venant de Morlaix et de Saint-Brieuc, évoque également la fabrication du sel blanc à Yffiniac, par évaporation de l´eau de mer dans des marmites en plomb. La fabrication de sel en baie de Saint-Brieuc est aussi attestée par les notes du président de Robien en 1756 dans sa « description historique et topographique et naturelle de l´Ancienne Armorique » ; où il indique que :

sur les Côtes du Nord depuis celles de Normandie, le long de celles de Dol, de Finiac et en quelques endroits, on passe le sable de mer à plusieurs lotions d´eau douce ; on fait ensuite évaporer l´humide sur un feu très clair, dans des vaisseaux de plomb de 18 pouces de long et de 12 de large.

Cette technique de lessivage des sables salés fut aussi répandue sur les rivages de l´Europe du Nord-Ouest, de la baie de Saint-Brieuc, aux rivages du pays de Lancieux, de Ploubalay et de Saint-Briac ainsi qu´en Normandie, de l´Avranchin à la baie de Seine aux plages du Marquenterre et de la baie de Somme en Picardie. Mais cette technique fut aussi utilisée bien et plus loin et encore récemment en Chine et au Japon, sur les côtes du Bénin.

Cependant, le climat humide de nos côtes participa au déclin de ces salines.

En 1638, l´afféagement des marais et « « paluds » fut rédigé :

Les paluds et marestz despendant du havre de Dahouët scittués en la paroisse de plenneuf séparés d´une digue et eschaussés en l´un desquels il y avait autrefois des salines à gros sel aprésant ruisnéses et inutiles au tour duquel il y avait encore que apparence de levée et l´autre marest joingnant au chemin conduisant du dit havre de dahouet aux bourgs de la dite parouesse de plenneuf et de sainct alban entre lesquels marestz paluz passe la rivière qui descend du moullin du guemadeuc à la mer..

A la veille de la Révolution, ces marais faisaient partie du domaine du Guémadeuc, racheté par Baudes de la Vieuville et étaient considérés comme pâtures.

D´après les recherches de Jacques-Henri Clément et de Michel Grimaud « Les amis du Vieux Lamballe et du Penthièvre n° 25, 1993 ».

Histoire des marais de Dahouët Le marais du Bignon Les premières mentions des salines de Dahouët apparaissent en 1538, toutefois la documentation se limite à diverses mentions sur de "maisons des salines", en bordure de l'ancien chemin du Bignon. La seigneurie de Lamballe possédait beaucoup de rentes sur les maisons de Dahouët, de même que sur les marais situés en arrière du havre. En 1604, la duchesse de Mercoeur qui résidait alors à Lamballe, formait le projet de créer à Dahouët des marais salants. Elle décida à cette fin d'acheter les 252 acres (12 ha 600) du marais du Bignon afin d'y établir des salines, avec le conseil de sauniers du Poitou et de l'île de Ré. L'établissement de ces salines dans le marais coûta en 1607. Ce fait n'est-il pas l'indice de l'état fâcheux du port de Dahouët à cette époque ? Cependant, ces salines furent un échec et abandonnées en 1638. Le sel produit devait être porté et amoncelé sur les taisseliers : aire de stockage du sel à l'air libre, ceci avec des matériaux fournis par la duchesse. Une contribution à l'ouvrage des salines était estimée à 20 journées d'hommes pour mailler et droisser les dits marais. En 1750, ce fut l'élevage du ver à soie qui fut proposé aux habitants des villages des Mielles et du Bignon, mais cette nouvelle culture ne tint pas non plus ses promesses et on ne conserva de son souvenir que le nom de baptême du hameau du mûrier, autour de l'habitat des jardiniers initiateurs de cette culture, sur la rive gauche du port. Il fallut encore attendre la date de 1941 pour que le marais du Bignon, domaine public maritime depuis 1789, ne soit cédé à la commune de Pléneuf, afin de l'assainir et d'y réaliser des plantations d'arbres. En échange de cette acquisition, la commune s'engageait à tenir ce terrain à l'abri des flots. Un terrain de jeu devait y être construit en 1942 pour l'école publique proche et la jeunesse du pays. Cependant, la municipalité prit la décision au milieu de la guerre de louer le terrain à un particulier Francis Le Péchon. Celui-ci entreprit les plantations prévues. Le marais fut repris par la commune après la fin de la guerre et servit de décharge publique avant d'être transformé en camping en 1970 puis en bassin à flot en 1990. Il faut aussi rappeler que le fond du havre de Dahouët était très fréquenté avant la Révolution, d'une part par les villageois du Mûrier, des Mielles et du Bignon, pour passer l'autre rive ou se rendre au Minihy et à Pléneuf, d'autre-part par les négociants lamballais, qui devaient venir approvisionner leurs magasins à grains situés sur la rive droite du port. La seule possibilité était la descente par le "Chemin-Fond", le bien nommé, qui prolongeait la vieille route venant de Lamballe par Planguenoual. On traversait alors le marais, on passait la Flora sur un pont de bois le "Pont-Carla", et on remontait ensuite par le chemin de la Croix (Croix dite de chez Rose Ollivaut", déplacée plus tard sur le terre-plein devant la chapelle de Dahouët), dont un tronçon existe encore aujourd'hui, en contrebas de la route actuelle, en partie remblayée lors de la construction de la voie ferrée. Pendant les grandes marées, le flot innondait le marais, le tronçon de la route et le Pont-Carla, avant qu'une digue ne soit construite au niveau du Pont-Neuf en 1791. En 1883, un ingénieur des Ponts et Chaussées à la retraite Le Vacon obtint de l'Etat une concession dans le marais pour y réaliser une première voie d'accès. A l'extrémité de cette ancienne vasière se trouve le village des Mielles, ainsi nommé parce qu'il y avait à cet endroit des dunes que les gens de la côte appellent "mielles" ou nielles". Devant les Mielles, passait l'ancienne ligne du chemin de fer départemental, qui rejoignait la route de Lamballe.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : 18e siècle
    • Secondaire : 17e siècle
    • Secondaire : 16e siècle

Le marais du Bignon était situé entre le port de Dahouët et la Côtière, en limite du quartier du Mûrier au nord et le quartier des Mielles au sud. L'ancien marais des Salines avait une surface de 12 hectares au 17èmème siècle. Une partie des marais du Bignon fut endiguée et comblée pour servir de terrain à bâtir et de voie de circulation au 19èmème siècle. Il fut ensuite entièrement comblé pour réaliser un camping et enfin recreusé pour aménager un bassin à flot à la fin du 20èmème siècle.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • CLEMENT, Jacques-Henri. L´industrie du sel dans le Penthièvre littoral. Mém. Thèse de doctorat en Pharmacie : Rennes : UER Médical et pharmaceutique, 1989.

  • MAÎTRE, Léon, BETHOU (de), Paul. Dubuisson-Aubenay. Rennes : Archives de Bretagne, Société des Bibliophiles bretons, Tome IX, 1898.

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003