1- Trégastel : principaux repères : (Patrick Pichouron)
Commune littorale du département des Côtes-d'Armor, Trégastel, Tregastell en breton, est située dans le Trégor occidental, au coeur de la Côte de Granite Rose, à proximité de la ville de Lannion. D'une superficie totale de 655 hectares, elle est limitrophe des communes de Perros-Guirec à l'est et de Pleumeur-Bodou au sud et à l'ouest [fig. 1].
Bordée par la Manche au nord et à l'ouest, elle possède un patrimoine naturel, géologique et paysager remarquable. Trégastel jouit en effet de la présence de plus de 15 kilomètres de côtes très découpées et parsemées d'îlots où alternent chaos granitiques, baies, criques et plages de sable fin [fig. 2 à 4]. Le sous-sol qui est entièrement composé de granite, tout particulièrement de granite rose, appartient au complexe géologique de la côte de Granite Rose formé il y a plus de 200 millions d'années.
Plusieurs monuments datant du Néolithique (vers 7 000 - 2 000 av. J.-C.), à l'instar du dolmen et de l'allée couverte de Kerguntuil (Cl. MH 1948) [fig. 5 et 6], des menhirs de Kerédol et de Tremarc'h (Cl. MH 1960) [fig. 7], du dolmen de l'île Renote (Insc. MH 1977), tout comme la stèle gauloise dite de Sainte-Anne (4ème siècle av. J.-C.) [fig. 8] et les ruines gallo-romaines d'Ar-Hastel attestent l'ancienneté de l'implantation humaine sur cette partie du littoral costarmoricain.
Paroisse du diocèse de Tréguier sous l'Ancien Régime, Trégastel a été fondée au détriment de la paroisse bretonne primitive de Pleumeur-Bodou. Attestée dès la fin du 14ème siècle (ecclesia de Trecastell), elle existait probablement dès 1225 lorsque les moines de l'abbaye de Bégard y firent l'acquisition de terres. Le toponyme formé avec le vieux breton treb, "village", et Kastell, "château", rappelle en effet une fondation du haut Moyen Age. La paroisse a élu sa première municipalité le 24 février 1790.
2- Trégastel : le patrimoine architectural : (Patrick Pichouron)
La présente enquête, réalisée au cours des mois d'août et de septembre de l'année 2005, intègre les résultats d'une enquête conduite en 1999-2000 par Elisabeth Justome dans le cadre d'une étude thématique de l'architecture de la villégiature balnéaire de la Côte de Granite Rose (Perros-Guirec, Pleumeur-Bodou, Trébeurden et Trégastel).
La chronologie des oeuvres repérées est comprise entre la fin du 12ème siècle et la 2ème moitié du 20ème siècle. Si le corpus comprend plusieurs oeuvres datant de la période moderne (16ème-18ème siècles), essentiellement localisées en secteur rural, il se caractérise par une très forte proportion d'oeuvres datant de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, principalement situées en secteur urbain (zone côtière).
3- Trégastel : le patrimoine maritime : (Guy Prigent)
Le patrimoine maritime de la commune de Trégastel se caractérise en premier lieu par la qualité de ses paysages littoraux, espaces remarquables, dont une partie des chaos granitiques ont été classés, mais aussi par son architecture balnéaire et par son architecture littorale et portuaire, dont Porz Coz, et la chaussée du port, face au moulin à marée du Grand Traouiëro. Nous avons sélectionné cet ensemble d'espaces littoraux remarquables, avec la présence particulière d'abris sous roches (habitat troglodyte de la fin du 19ème siècle et du 1er quart du 20ème siècle). Nous avons également sélectionné le moulin à marée déjà cité du Grand Traouiëro, l'ancienne résidence de Charles Le Goffic "Run Ruz" et la pierre tombale du poète, la fontaine et le lavoir de Kericourt. Cependant, le patrimoine maritime de la commune ne se limite pas au patrimoine bâti, il se reconnaît dans les bateaux de pêche et surtout de plaisance, qui révèlent le talent des charpentiers de marine du Trégor en général et de la commune en particulier. Nous avons sélectionné une vingtaine de bateaux traditionnels qui sont à étudier et à protéger comme témoins d'un savoir-faire et d'une pratique de la voile de travail et de plaisance. Ces bateaux sont liés par leurs formes de coque et leurs gréement à l'environnement dans le quel ils évoluent et peuvent trouver un abri dans les baies abritées du littoral de Trégastel. Le patrimoine plus spécifiquement ethnologique s'exprime dans la culture et la tradition orales, qui expriment autant dans la toponymie du littoral que dans les complaintes et les textes chantées, que nous avons pu collecter, en particulier les chansons en breton de l'abbé Turnier. Le personnage populaire de "Zantig", qui a cristallisé à l'aube des années 1950-1960, une certaine résistance au changement (aux mutations sociales et aux changements de représentations culturelles), révèle le besoin des populations littorales de re-négocier leur identité lorsque les changements de société, les mutations s'avèrent trop brutales.
La "maritimité" de cette commune a changé comme sur l'ensemble des communes littorales de la côte trégorroise, en laissant la place au tourisme et aux activités tertiaires, lorsque les activités traditionnelles maritimes ont disparu (pêche et construction navale) en laissant à la plaisance le soin de conserver certaines références maritimes.