Cet ensemble bâti ancien, à la fois résidence seigneuriale et exploitation agricole, est situé à 3300 mètres au sud du bourg de Trégrom. Etabli à flanc de coteau, orienté au sud, et à 139 mètres d´altitude, il se trouve à proximité immédiate d´une source et d´un petit affluent du fleuve côtier du Léguer qui forme à cet endroit une boucle. Cet affluent prend sa source dans les environs de Kerarvoën et Keranfloc´h. A l´ouest, on trouve un second petit affluent du Léguer. Le site peut être qualifié d´éperon barré naturel ; la présence d´une fortification médiévale, voire plus ancienne, est vraisemblable. Le manoir est isolé dans la campagne ; on y accédait par un chemin venant du nord depuis Kerigonan ou depuis le sud depuis le hameau de Lesléo (sur la commune de Belle-Isle-en-Terre) en franchissant un petit cours d´eau. Le bourg de Belle-Isle-en-Terre est distant de 3 km (au sud).
L´étude du cadastre de 1834 nous livre les informations suivantes :
- l´emplacement du "manoir primitif" (parcelle n° 93 du cadastre ancien, aujourd´hui sur les parcelles n° 654 et 655), figurant comme ruiné et son avenue orientée vers le sud-sud-est (parcelle n° 94). Le manoir, d´assez grandes dimensions, est doté d´un plan en T renversé ; des vestiges en élévation (de 1 à 2 mètres de hauteur) sont visibles dans le sous-bois.
- la résidence seigneuriale était très probablement dotée d´une chapelle (parcelle n° 708 aujourd´hui parcelle n° 640), entourée d'un placître de forme polygonale (parcelle 707). Son emplacement se situe aujourd´hui à mi-chemin entre les vestiges du manoir primitif (à l´est) et le manoir resté inachevé (à l´ouest).
- une construction nommée "vieux moulin à foulon" figure à l´extrémité de la boucle méridional du Léguer. Ce moulin à eau permettait de battre ou fouler des draps ou encore à tanner des peaux.
- la métairie se compose de trois bâtiments.
Le toponyme est orthographié "Kansquiviec" (Keransquiviec) sur la carte de Cassini datant du milieu du 18e siècle ; "Kansquillec" (Keransquillec) sur le cadastre ancien et sur la carte d´état-major ; "Kernasquiriec" dans les archives et aujourd´hui "Keransquillec" sur la carte de l´Institut Géographique Nationale ou localement "Keransquillec". Il est formé de "Kêr" qui signifie le village, le lieu habité.
Le manoir a appartenu à la famille le Nas, sieur de Kernasquiriec, mentionné aux réformations et montres de 1503 à 1535 et qui blasonne "D´argent au chevron de sable accompagné de trois annelets de même, comme Cam". Un certain Jehan Le Nas est présent à la "Montre des nobles et anoblis de l'évêché de Tréguier, en l'an 1481". Cette famille a produit un auditeur des comptes en 1443 et un maître des comptes en 1503. On trouve également dans les archives en 1618 la branche "Cam de Kernasquiriec" .
Le volume, les éléments stylistiques et la mise en oeuvre permettent de dater le château / demeure de Keransquillec du 18e siècle (hypothèse). L´année 1701 semble attachée à cet édifice (de source orale). Le projet architectural est vraisemblablement resté inachevé.
Louis Vallée, dernier directeur de la papeterie Vallée installée sur les rives du Léguer (1856-1965), a été propriétaire de la ferme et du manoir de Keransquillec.
Le logis orienté vers le sud a été construit en 1912.
Cet ensemble bâti a été recensé et photographié en 1972 lors du pré-inventaire de la commune de Trégrom.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.