Dossier d’œuvre architecture IA22016870 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Manoir de Le Lennic (Trégrom)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Plouaret
  • Commune Trégrom
  • Lieu-dit le Lennic
  • Dénominations
    manoir, dépendance
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, écurie

En 1690, il est fait mention d'une dénommée Jacquette Chaillou vivant en son manoir de Le Lennic en Trégrom. Jacquette Chaillou est la fille de Claude Chaillou, seigneur de Kermouster en Trégrom et de Catherine du Dresit. Elle a épousé en 1714 Pierre le Chevoir, seigneur de Kerourguy puis seigneur de Lesquildry. Jacquette Chaillou est morte à Trégrom en 1744 (selon la base de données Généarmor).

L'histoire du manoir du Lennic est liée à celle du manoir du Gouer tout proche. En effet, la famille Chaillou est également propriétaire du manoir du Gouer dans le premier quart du 18e siècle ; plusieurs de ces membres furent maire de Guingamp du 16e siècle au 18e siècle. A une époque indéterminée - probablement antérieure à la Révolution - le manoir du Lennic a été déclassé en ferme. Au milieu du 18e siècle, la famille Conen de Penlan est propriétaire du manoir du Gouer. Gabriel Jean Conen de Penlan a épousé Charlotte Chaillou (fille de Jean-Baptiste Chaillou) en 1736. En 1800, Jean-Jacques Conen a acquis les lieux du Gouer et de Lennic - vendus comme "biens nationaux" - pour la somme de 3000 fr. devant Guillon, notaire à Callac. A sa mort, il cède le manoir à son fils unique Hyacinthe Marie Corentin Conen de Penlan, percepteur dans l'administration fiscale. L’une de ses filles épouse Edmond Léon de Tréveret (1814-1888) et eut comme enfant Fanny, qui s'unie en 1874 à Henry Jean Marie Feydeau de Saint-Christophe (1847-1929). Cette dernière apporte notamment en dot les manoirs du Gouer et du Lennic.

D'après le recensement de population de 1851, le manoir du Lennic est habité par François Even (53 ans) qualifié de "fermier propre", sa femme Marie-Yvonne Kerangal (40 ans), leurs 6 enfants âgés de 14 à 2 ans et Françoise Trédern, servante, âgée de 22 ans. Le couple s'est marié en 1833 à Trégrom.

Dans les années 1960, la famille Lagadec a acheté l'ancien manoir devenu ferme. La ferme a été exploitée pendant plusieurs années par Jean-George Lagadec avant sa vente, fin 2012, à la famille Bataille. Cette famille a le projet de restaurer le manoir et ses dépendances pour y vivre. Elle souhaite dé-restaurer le logis seigneurial en retirant les ajouts des années 1960-1970 à commencer par la dalle de béton du rez-de-chaussée et les enduits intérieurs en ciment des murs périphériques. L'escalier en vis sera restauré (certaines marches ou dalles sont fracturées). A noter que si les poutres de la salle du rez-de-chaussée sont anciennes, la charpente a été refaite entièrement au 20e siècle.

Le manoir du Lennic avait été recensé et photographié en 1972 lors du pré-inventaire de la commune de Trégrom puis étudié en 2010 dans le cadre de l'opération d'Inventaire du territoire du Schéma de cohérence territoriale du Trégor. En décembre 2014, c'est à la demande des nouveaux propriétaires que nous avons approfondi les connaissances que nous avions de ce manoir (dossier mis à jour en décembre 2021).

Cet ensemble bâti ancien, à la fois résidence seigneuriale et exploitation agricole, est situé à 2500 mètres au sud-sud-ouest du bourg de Trégrom. Établi à 145 mètres au-dessus du niveau de la mer, il est alimenté en eau par un puits maçonné d'une profondeur de 16 mètres. On accède à l'ensemble manorial par une courte avenue venant du sud ("Placen Le Lennic") jusqu'à la cour située à l'est du manoir. L'avenue s'interrompt très rapidement au nord (zone humide). Le toponyme est orthographié "Le Lennic" sur le cadastre de 1834. En Breton, il semble faire référence à "Lenn" qui signifie "la pièce d'eau". Le cadastre ancien révèle également la présence d'une ancienne carrière (?) à l'ouest du manoir.

Le logis manorial est datable du 16e siècle. Avant 1834 (date de réalisation du cadastre de Trégrom), il semble avoir été "amputé" au sud (indices en place : présence de pierres d'angle, de portes haute et basse desservant la "partie manquante"...) et peut-être également au nord (indices en place : pierres d'angles en attente, vestiges d'une porte au niveau du rez-de-chaussée ?). Si l'on suit cette hypothèse, il ne subsisterait donc aujourd'hui plus qu'un tiers du logis originel. Au rez-de-chaussée de la tour peut être observée une petite ouverture de tir dont l'axe est sensiblement orienté vers le sud.

L’ancien logis a été agrandi au 20e siècle par l'ajout d'un appentis latéral au sud (à usage de chambre : ?) et au nord (hangar agricole).

Au sud de la cour : l’étable est vraisemblablement datable de la deuxième moitié du 17e siècle. Dans son prolongement, une seconde dépendance – figurant sur cadastre de 1834 ? - a été très remaniée au 20e siècle.

Au nord de la cour : deux bâtiments à usage d'étable. Celui situé le plus à l'est remployant des éléments du 16e siècle - dont des linteaux à accolade - est daté par millésime de "1847". Ces deux bâtiments font l'objet d'un projet de réhabilitation en logis (décembre 2014).

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 1er quart 17e siècle, 2e moitié 17e siècle
    • Secondaire : 2e quart 19e siècle, 2e moitié 19e siècle, 20e siècle
  • Dates
    • 1847, porte la date

L'ensemble manorial du Lennic s’organise autour de la cour qui était à l'origine fermée par un mur d'enceinte (connu par le cadastre et attesté par de récents travaux qui ont permis de mettre à jour les fondations) :

- orienté vers l'est, le logis. La façade orientale est percée d'une porte moulurée en arc plein cintre surmontée de trois écus. A l'origine, cette porte permettait un accès direct à la salle basse où subsiste une grande cheminée. Les façades orientale et occidentale de la salle (rez-de-chaussée) et de la chambre (à l'étage) sont chacune percées d'une grande fenêtre moulurée à traverse horizontale. A l'ouest (façade postérieure), le logis est flanqué d'une haute tour abritant l'escalier en vis desservant l'étage et les combles. La tour est également percée d'un petit jour et de deux fenêtres. Le palier de l'étage est doté de deux portes à linteau droit : celui de la chambre est orné d'une accolade. La chambre est dotée d'une belle cheminée au décor Renaissance (losanges, pointes de diamant, fleurettes...). La seconde porte donne dans le grenier de l'appentis latéral construit au 20e siècle. Au niveau supérieur, une porte unique en arc plein cintre permet l'accès aux combles.

- au sud de la cour : une dépendance de grandes dimensions à usage probable d'étable. Les façades nord et sud sont chacune percées d'une porte en arc plein cintre (celle du sud, à mi-chemin entre une porte piétonne et une porte charretière, est la plus grande). Au-dessus de la porte sud : une lucarne permet l'accès au grenier qui permettait de stocker du fourrage. Une seconde lucarne a été percée dans le pignon est.

- toujours au sud de la cour, dans le prolongement du précédent bâtiment, se dresse une autre dépendance visible sur le cadastre ancien dont la fonction originelle nous est inconnue.

- au nord de la cour : deux bâtiments à usage d'étable. Celui situé le plus à l'est était une écurie.

- au sud-ouest du manoir se trouve un puits - probablement de type trégorois à fronton triangulaire. Il est actuellement ruiniforme. A cet emplacement sont regroupées des pierres taillées provenant du manoir : éléments de traverse en pierre, éléments cassés de linteau de porte...

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit conique
  • Typologies
    manoir à tour d'escalier hors-oeuvre sur l'élévation postérieure
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Annexes

  • Iconographie
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2012, 2015, 2021
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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