Dossier d’œuvre architecture IA22017537 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, L'architecture gothique en Bretagne
Chapelle Notre-Dame-de-la-Cour et croix de calvaire (Lantic)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Etables-sur-Mer
  • Commune Lantic
  • Lieu-dit Notre-Dame-de-la-Cour
  • Précisions
  • Dénominations
    chapelle, croix monumentale, calvaire

Dès les débuts du Moyen Age existe probablement en ce lieu un sanctuaire marial, centre d´un pèlerinage important, sur le site de l´ancien château de Buhen, chef lieu de la principale seigneurie de la paroisse de Lantic et siège d´une haute justice. Les Lettres et mandements du duc Jean V mentionnent en 1421, la confiscation des biens d´Etienne du Rufflay, seigneur de Buhen, compromis dans l´attentat de Champtoceaux contre sa personne. L´actuelle chapelle Notre-Dame de la Cour a probablement été reconstruite à partir des années 1430, à l´initiative de Jean V de Bretagne, sur l´emplacement de l´ancienne. Cette reconstruction ambitieuse participe d´une véritable reconquête du territoire par les Montfort après leur victoire sur la maison de Penthièvre et la fin de la guerre de Succession de Bretagne. Le plan cadastral de Lantic, établi en 1823, montre que jusqu´au début du XIXe siècle, la chapelle actuelle se trouvait encore au centre d´une enceinte de terre en partiellement entourée de douves et confirme qu´elle occupe bien un ancien site castral. Le site demeurera d´ailleurs tout au long de l´ancien régime le siège de la haute justice de la seigneurie. Cette origine explique le vocable particulier de Notre-Dame de la Cour, appliqué à la chapelle dès le XVe siècle ainsi que le porche principal ouvert au nord, vers l´ancienne cour du château disparu, et non au sud. A la fin du XVIe siècle, la famille de Rosmadec, devenue seigneur de Buhen confère à la chapelle le rang de collégiale : les chanoines sont logés dans une grande bâtisse en équerre construite au nord-ouest de la chapelle et aujourd´hui disparue.

Dès les débuts du Moyen Age existe probablement en ce lieu un sanctuaire marial, centre d´un pèlerinage important, sur le site de l´ancien château de Buhen, chef lieu de la principale seigneurie de la paroisse de Lantic et siège d´une haute justice. Les Lettres et mandements du duc Jean V mentionnent en 1421, la confiscation des biens d´Etienne du Rufflay, seigneur de Buhen, compromis dans l´attentat de Champtoceaux contre sa personne. L´actuelle chapelle Notre-Dame de la Cour a probablement été reconstruite à partir des années 1430, à l´initiative de Jean V de Bretagne, sur l´emplacement de l´ancienne. Cette reconstruction ambitieuse participe d´une véritable reconquête du territoire par les Montfort après leur victoire sur la maison de Penthièvre et la fin de la guerre de Succession de Bretagne. Le plan cadastral de Lantic, établi en 1823, montre que jusqu´au début du XIXe siècle, la chapelle actuelle se trouvait encore au centre d´une enceinte de terre en partiellement entourée de douves et confirme qu´elle occupe bien un ancien site castral. Le site demeurera d´ailleurs tout au long de l´ancien régime le siège de la haute justice de la seigneurie. Cette origine explique le vocable particulier de Notre-Dame de la Cour, appliqué à la chapelle dès le XVe siècle ainsi que le porche principal ouvert au nord, vers l´ancienne cour du château disparu, et non au sud. A la fin du XVIe siècle, la famille de Rosmadec, devenue seigneur de Buhen confère à la chapelle le rang de collégiale : les chanoines sont logés dans une grande bâtisse en équerre construite au nord-ouest de la chapelle et aujourd´hui disparue.

Début de la construction vers 1430 à l'initiative de Jean V de Bretagne. Les travaux du XVe siècle, le choeur et la chapelle en bras de croix, furent conduits, probablement entre 1440 et 1460, grâce aux dons des successeurs de Jean V, les ducs Pierre II, François Ier et François II. Ces données sont confirmées par les armes présentes dans les clefs de voûte et au sommet de la maîtresse-vitre. Les travaux sont inachevés vers 1460. Les armes en alliance représentées dans la maitresse-vitre, celles du duc Pierre II et de son épouse Françoise d'Amboise ainsi que que celles du duc François II et de sa première épouse Marguerite de Bretagne, permettent de la situer vers 1463, date de l'achèvement du choeur et de la chapelle de demi croix. La nef, à peine commencée au dernier quart du 15e siècle n'est en réalité construite qu'au cours du premier quart du XVIe siècle avec un changement de parti : son côté sud est doublé d'un collatéral. Le clocher et le pignon Ouest sont reconstruits au XVIIIème siècle (entre 1774 et 1777). En 1898, d´importants travaux sont entrepris : un nouveau clocher de style trégorrois est alors construit, et les têtes des contreforts du choeur et de la chapelle en demi croix sont refaites de façon simplifiée.

Plan et ordonnance intérieure

Longue de 30 m, la chapelle est formée d´un chœur de trois travées à chevet plat de haute élévation (11 m sous voûtes), édifié en pierre de taille et scandé de puissants contreforts sur lequel ouvre par deux arcades du côté sud, un bras de croix en retour d´équerre, également composé de trois travées d´une élévation identique, et d'une nef en très fort contrebas, dont l´élévation et beaucoup plus simple. L'important bras de croix qui constituait une chapelle réservée à la famille ducale rappelle la disposition de l'église du Folgoët et se retrouve non loin de là dans la chapelle Notre-Dame d'Avaugour en Saint-Pever, également reconstruite au XVe siècle sur un ancien site castral relevant de la famille de Penthièvre. Une sacristie, de plus basse élévation est accolée en appentis dans l'angle rentrant formé par le chœur et la chapelle sud. Sur le côté nord, entre deux contreforts, un porche en demi hors œuvre, orné et surmonté d´un garde corps à quadrilobes, ouvrant sur la première travée du chœur, était réservé au clergé. A l´opposé, du côté sud, une porte près de l´angle extérieur du demi bras de croix, permettait un accès direct pour la famille ducale ou ses représentants. Toutefois il faut relever, outre la différence de proportions entre les deux édifices, qu'à Lantic le bras de croix et le chœur sont voûtés ; tandis qu´au Folgoët seule la chapelle ducale a des voûtes d´origine, celles de la nef sont du XIXe et le choeur a été au cours du XVe surmonté d´un lambris de couvrement permettant le développement de la grande baie d´axe.

L´arc triomphal qui sépare le choeur de la nef est accompagné sur son côté sud d´un escalier en vis construit en même temps que lui, c´est-à-dire pendant le premier chantier. Cet escalier était destiné à distribuer un jubé séparant le chœur de la nef, dont la porte haute d´accès, béant sur le vide est encore bien visible, et l'existence attestée jusqu'au XVIIe siècle. Cet escalier devait aussi probablement conduire vers un rampant de maçonnerie disparu aujourd’hui, débordant des toitures à la rencontre de la nef et du chœur et portant un clocheton médian, formule reprise des exemples de la cathédrale de Saint-Pol de Léon, du Folgoët et de Notre-Dame de Tronoën. Une autre particularité est à noter : la forme en plein cintre des voûtes qui se retrouve au niveau de l'arc diaphragme. Les clefs de voûtes sont sensiblement plus hautes que celles des arcs formerets et les voûtains viennent se raccorder aux murs latéraux nettement au dessus de ces derniers.

Ordonnance extérieure

Le décor d´arcatures trilobées encadrant les niches à dais des contreforts, les pinacle prévus au sommet des contreforts, dont les amorces étaient encore visibles avant la restauration de la fin du XIXe siècle, que devait probablement accompagner, à la base du toit un garde-corps périphérique, semblable à celui qui surmonte le porche nord, sont autant d´éléments à rapprocher de la grande chapelle de pèlerinage du Folgoët, autre chantier ducal d´importance de la première moitié du XVe siècle qui paraît en avoir fourni le modèle. Le décor d´arcs trilobés qui orne les faces de contreforts, se retrouve également sur les étages supérieurs de la tour dite des cloches, érigée entre 1430 et 1450 sur le bras sud du transept de la cathédrale de Tréguier, de même que sur les contreforts de la façade occidentale de la chapelle de Minihy-Tréguier. Le porche nord dont l´arc en plein cintre est orné d´un lambrequin à trilobes ajourés, se rattache à toute une série d´édifices bretons de premier plan, tous construits vers le milieu du XVe siècle, parmi lesquels, Notre-Dame de Quimperlé et Kernascléden. Ce porche entre deux contreforts est très proche surtout de celui du chœur de la chapelle de Kernascléden, qui se situe également entre 1450 et1460 (inscription dédicatoire du choeur de 1453), et, dans le Trégor-même, de celui de la chapelle de Minihy-Tréguier. Les deux chantiers, en partie financés par le duc de Bretagne, sont parfaitement contemporains. Le porche de Lantic, sans aucune accolade, et associé à un garde-corps à quadrilobes, serait d´une dizaine d´années antérieur à celui de Kernascléden. En tout cas, tous ces éléments de décor permettent de restituer le projet d´un édifice riche, conforme à la volonté du principal commanditaire du chantier, le duc de Bretagne.

La modénature qui orne les ébrasement extérieurs et intérieurs des baies du chœur et de la chapelle en bras de croix, aussi bien que les portes, repose sur l´alternance de colonnettes à bases en flacon et chapiteaux à feuillages avec des gorges unies séparées par des redents. Plusieurs détails confirment les mutations stylistiques discrètes mais sensibles qui s´opèrent en cours de chantier sur un édifice de premier plan qui suit de très l´évolution du goût. Sur les baies nord du choeur, les lancettes sont séparées par des colonnettes qui possèdent chacune base et chapiteau, ces colonnettes se prolongent sous la forme d'un tore dans le réseau et le décor secondaire de ce dernier apparaît comme en arrière plan, à la manière d'un orbe voie : ces éléments de style, caractéristiques des années 1430-1440, que l'on retrouve par exemple à Notre-Dame de Tronoën ou dans la chapelle sud-ouest de Runan, disparaissent dans les fenêtres de la chapelle de demi croix, de même que dans la maîtresse vitre que l'analyse héraldique et le style situent sans ambiguïté vers 1460. D'autre part, les colonnettes à petits chapiteaux, employées pour les retombées des voûtes du choeur, font place, au niveau de la chapelle ducale et de l'arc triomphal à des voussures continues qui descendent jusqu´au sol pour les piles engagées latérales et viennent s´enfoncer dans la pile centrale des arcades géminées composée de quatre colonnes lisses. Ce changement caractéristique apparaît dans les édifices majeurs vers les années 1450.

Le chantier de Lantic s´est interrompu au cours de la deuxième moitié du XVe siècle, la nef, primitivement prévue aussi haute que le choeur, voûtée et sans doute à unique vaisseau, fut réalisée tout différemment. Construite nettement plus basse que prévu, elle présente deux façades très différentes. Son côté nord, édifié au cours de la deuxième moitié du XVe siècle, est visiblement une version très appauvrie du projet originel, de plus basse élévation et en simple moellons. Son côté sud en revanche correspond à un changement de parti très net. Au lieu du vaisseau unique prévu initialement, on décide alors de lui adjoindre un collatéral, qui, selon une mode fréquente à l´époque prend la forme d´une file de pignons et réoriente complètement l´édifice vers le sud. Ce parti architectural ainsi que le style de la porte, sont semblables à ceux de l´église de Grâces près Guingamp édifiée entre 1503 et 1508, La modénature simplifiée des fenêtres, à larges cavets et redents, dépourvues de colonnettes, celle des arcs à l´intérieur, qui sont tout à pénétration directe dans des piles cylindriques, confirment complètement cette datation.

  • Murs
    • granite pierre de taille
    • pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Couvrements
    • voûte d'ogives
    • fausse voûte en berceau
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Armoiries des ducs de Bretagne, Jean V, Pierre II et François II sur les clefs de voûtes et au sommet de la maitresse-vitre.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1907/09/16
  • Référence MH

Bibliographie

  • LA BORDERIE (Arthur de), “ Construction de N.-D. de la Cour, en Lantic ”, dans Mélanges d’histoire et d’archéologie bretonnes, t. I, Rennes-Paris, 1855, p. 97-99

  • GESLIN DE BOURGOGNE (J.) et BARTHELEMY (A. de), Anciens évêchés de Bretagne, Histoire et monuments, Saint-Brieuc, 1879, t. 5, p. 90-97.

  • MORVAN (J.), « Monographie de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour en Lantic (Côtes-du-Nord) », dans Bulletins et Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, t. XLI, 1903, p. 177-214

Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006
Articulation des dossiers