La consultation du cadastre ancien
Le cadastre napoléonien de 1810 représente l’ancien environnement du manoir, communs, colombier, vivier, cour fermée et ses trois accès, ouest, nord et est qui ont été supprimés au profit d’une nouvelle allée au nord. La comparaison entre les plans de 1810 et de 1843 montre globalement la même disposition des lieux. Par contre, une excroissance visible à l’arrière du logis du manoir, au nord sur le cadastre de 1810, représente une aile disparue.
Une mise en œuvre mixte
Le logis orienté sud-est présente une hétérogénéité de matériaux, granite, schiste et faluns. La pierre des faluns extraite des carrières proches de Tréfumel ou du Quiou est principalement employée dans la corniche, lucarne et souche de cheminée et dans la tourelle d’angle en surplomb.
Le rez-de-chaussée
L’organisation actuelle du logis, cohérente et fonctionnelle, masque cependant des aménagements successifs. Le manoir tel qu’il se présentait à la fin du 16e siècle comprenait 4 pièces en rez-de-chaussée. Au centre, la grande salle encadrée à l’ouest d’une chambre basse, à l’est d’une cuisine, et au nord d’un cellier. Le linteau de la porte d’accès au cellier est sculpté d’une inscription : 1569 GILLES FERRON ET IENNE (Jeanne) GLE MONT FAICT FAIRE.
La grande salle, au centre, est accessible depuis la cour par une belle porte moulurée en plein-cintre. Eclairée par une très grande fenêtre a ébrasement qui diffuse la lumière, la salle est chauffée par une monumentale cheminée qui porte sur son linteau des armoiries d’alliance des familles Ferron et Troussier. La porte nord aujourd’hui murée accédait à l’aile arrière où se situait le cellier.
La cuisine, à l’est, a gardée sa cheminée en granite avec corniche en falun, un passe plat, actuellement muré et deux grands vaisseliers muraux creusés dans le mur gouttereau nord.La chambre de l’ouest, qui est actuellement la cuisine, a été surélevée lors des travaux de la deuxième campagne du 16e siècle. Outre la cheminée elle était pourvue d’un évier dans le mur sud et de latrines (disparues) dans le mur nord accessibles par une porte actuellement murée.
L’escalier
On accède à l’étage par un grand escalier en vis en bois dont les premières marches sont en pierre de taille de granite. L’ample espace de circulation se combine avec un repos dont l’usage semble être d’ordre défensif puisqu’il facilite l’accès à la meurtrière qui protège l’entrée. Un escalier secondaire creusé dans l’épaisseur du mur de la tour permet de se rendre à une petite chambre haute chauffée qui a pu servir de pièce de gué.Les murs très épais de l’escalier posent question, de même que la volée de marches qui se poursuit bien au delà de la porte de la vis secondaire. Ceci semblerait indiquer une transformation de l’arrivée primitive de l’escalier en pièce haute vraisemblablement dans la deuxième campagne du 16e siècle.
L’étage des chambres
Une suite de trois chambres compose l’étage. Celle de l’est, à l’origine la chambre seigneuriale placée au-dessus de la cuisine pour des raisons de confort a gardé l’essentiel de son agencement, hormis les latrines au nord. Son plafond aux poutres sculptées de plusieurs motifs, frise de perles, décors géométriques, balustres, armoiries d’alliance aux armes des Ferron et Troussier, témoigne du raffinement de cette pièce privée. La grande salle du milieu ouverte au sud et au nord, sans doute une chambre d’apparat, présente une monumentale cheminée de la fin du 14e siècle dont l’emplacement décalé dans la pièce s’explique pour des raisons techniques, puisqu’elle partage le même conduit que la cheminée de la cuisine du rez-de-chaussée.La dernière chambre, à l’ouest, agrandie d’une garde robe dans la tourelle en encorbellement disposait également de latrines au nord.Comme en témoigne une photo ancienne, la tourelle d’angle était coiffée d’une toiture à bulbe. Elle s’élevait sur trois niveaux. De la garde robe on pouvait accéder à une cache inférieure et à une petite pièce supérieure chauffée à usage de gué.
Inscriptions
1569 GILLES FERRON ET IENNE GLE MONT FAICT FAIRE, porte de la salle accédant au cellier.
F FERRON ET ( ?), sur l’appui de la fenêtre nord de l’étage.
( ?) ES FERRON (IE GLE) FAICT, partie d’une inscription réemployée dans la cuisine.
Photographe à l'Inventaire