• inventaire topographique, Communauté de communes de Dinan
Château fort (Léhon fusionnée en Dinan en 2018)
Œuvre étudiée
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional de la Vallée de la Rance - Côte d'Emeraude
  • Commune Dinan
  • Lieu-dit Léhon
  • Précisions commune fusionnée après inventaire Commune inventoriée sous le nom de Léhon
  • Dénominations
    château, château fort

Bâtie sur un éperon rocheux, la forteresse de Léhon défendait l'entrée de la vallée de la Rance. Le château est mentionné pour la première fois en 1034, lors de la guerre d'héritage qui opposa Alain et Eudon, fils du duc de Bretagne, Geoffroy Ier. Le rôle militaire du château de Léhon a été important pendant tout le moyen-âge : verrou d’un nœud routier, il commandait une agglomération qui s’était développée autour de l’abbaye fondée au 9e siècle. En 1169, il fut rasé selon les conditions du traité de paix conclu entre Louis VII, roi de France et Henri II, roi d’Angleterre. Ce sont les ruines de la forteresse construite au 13e siècle qui nous sont parvenues aujourd’hui. Son tracé qui adopte un plan polygonal trapézoïdal est caractéristique des forteresses dites « philippiennes ». Les courtines sont défendues par une tour semi circulaire placée sur chaque angle, et des tours intermédiaires en forme de fer à cheval, renforcent les murailles au milieu. Modifié et renforcé aux 14e et 15e siècles, tombé en déshérence aux siècles qui s’en suivent puis restauré récemment, le château de Léhon conserve encore tout son pouvoir de fascination et de puissance féodale.

La "tapisserie" de Bayeux

Brodée en Angleterre dans la seconde moitié du 11e siècle, cette célèbre toile de lin est une commande de Odon, évêque de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant. Ce grand cycle narratif a pour vocation d'apporter une justification religieuse à la conquête du trône d'Angleterre par Guillaume, duc de Normandie. Les différentes scènes représentées sont tissées comme une épopée sans réel souci de véracité. Une inscription en latin évoque la famille de Dinan : Hic milites willelmi ducis pugnant contra Dinantes, qui se traduit : ici les soldats du duc Guillaume combattent contre les Dinan et Conan rend les clés. En 1064, comme l'indique Simon Guinebaud, le site de Dinan est le siège d'une seigneurie naissante dont la fondation remonterait aux années 1030 1035. Bien que cela ne soit pas impossible, il apparaît étonnant qu'une puissante forteresse y soit déjà édifiée d'autant plus que le château de Léhon n'est distant que de quelques kilomètres. Mais, c'est surtout la présence du coffre reliquaire brodé au sommet de la tour qui interpelle et peut évoquer les reliques de Saint-Magloire conservées à l'abbaye de Léhon, centre spirituel important et lieu de pèlerinage. Ainsi, le château représenté sur la tapisserie pourrait être non pas celui de Dinan, mais celui de Léhon.

Historique réalisé à partir des travaux de Charles-Laurent Salch, et de la mise en ligne de l'évolution du château sur le site de la ville par Françoise Picarda.

11 e siècle : un château de bois.

Peu après l'an Mil, un vicomte de Dol prend possession de la partie méridionale de l'ancien évêché d'Aleth (plus tard transféré à Saint-Malo). Il établit le centre de sa seigneurie à Léhon. Le château subit une première

destruction en 1034 par le Duc de Bretagne, une seconde en 1065 par le Duc de Normandie. Il est alors abandonné en faveur d'un nouveau château à Dinan qui

devient le centre de la seigneurie .

12e siècle : des pierres en réemploi

Du château roman, fondé au début du XIe siècle, donné

en 1065, mais reconstruit à deux reprises en 1124 et 1170, il ne reste rien de visible, sinon des pierres en réemploi.

13e siècle : un château ducal de plan régulier

Du château ducal bâti dans le dernier tiers du 13e siècle, il reste l'essentiel du plan. C'est un tracé quadrangulaire dont la forme trapézoïdale est due à la volonté d'utiliser au maximum l'assiette rocheuse. Il était régulièrement flanqué, aux angles, de tours presque rondes (de plan outrepassé), au milieu des côtés, de tours en fer à cheval. Dans les plans du XIIIe siècle, le donjon commande la défense du côté le plus menacé par les machines de guerre. S'il reste un donjon au milieu de la place, comme le laissent entendre les descriptions sommaires des 17e et 19 siècles, il est un reliquat d'un château antérieur.

14e siècle : un nouveau donjon en éperon

La guerre de Cent-Ans n'épargne pas le château de Léhon. A l'angle Nord-Ouest, le socle rocheux et les courtines avaient été sapés et renversés. L'enceinte à dû être relevée en retrait par rapport au tracé précédent. De la tour de l'angle Nord-Ouest on a fait un fer à cheval. Les murs du front d'attaque, à l'ouest, ont été renforcés pour former un bouclier. La pointe de l'éperon a été garnie d'un nouveau donjon (tour ouest), puissante tour à fort talus habillant le rocher. Sur le front oriental (côté de l'accès), la tour intermédiaire a été dérasée et intégrée dans une barbacane. Certains auteurs ont supposé deux tours encadrant l'entrée, mais les

vues anciennes montrent toutes le côté Est sans tour médiane. Aucune de ces modifications n'a prévu la défense avec l'arme à feu. Les postes de tir sont des archères.

15e siècle : la transformation pour armes à feu

Les courtines ont probablement été haussées au niveau des tours. Leur base en tout cas a été puissamment renforcée à l'extérieur par un talus de

maçonnerie et à l'intérieur par un remparement, un talus de terre. D'anciennes meurtrières ont été élargies pour les armes à feu, de nouvelles, sans doute, ont été pratiquées pour le canon. Des fausses-braies forment une plate-forme à canon extérieure sur le front d'attaque à l'ouest.

17e siècle : une démolition partielle

1644 : Donation du château par Charles Bruslard, aux religieux de Léhon qui détruisent le donjon. Les pierres serviront à la reconstruction du cloître et des bâtiments conventuels.

18e siècle : la vente du château

Le 28 mars 1791, le château de léhon est vendu avec tours, glacis, éperonss et autres dépendances à Monsieur Reslou du Guemen. Par acte du 13 mars 1872, madame de Kersauson, petite fille de l’acquéreur donna les ruines de la forteresse à la

paroisse, à la condition qu’une chapelle y soit élevée. Don anonyme d’une statue de saint Joseph en provenance d’un atelier d’Angers.

19e siècle : une chapelle en guise de donation

1809 : Démolition partielle des tours pour la restauration du chemin du Pavé.

1873 : Construction de la chapelle Saint Joseph de

Consolation par l’architecte Aubry de Dinan à la demande de Madame Kersauson.

20e siècle : réhabilitation

1926 : inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

1931 : annulation de la protection.

1963 : destruction de la chapelle saint Joseph

1998-1999. Les ruines du château de Léhon sont restaurées.

2004 : réinscription à à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle
    • Secondaire : 14e siècle
    • Secondaire : 15e siècle

Le château de Léhon occupe le sommet d'un éperon rocheux qui était bordé par la Rance à l'est, barré par un fossé à l'ouest et protégé par un étang et des marécages au nord et au sud.

Il adopte un plan polygonal trapézoïdal. les courtines sont défendues par une tour semi-circulaire placée sur chaque angle, et des tours intermédiaires, en forme de fer à cheval qui renforcent les murailles en leur milieu. Un donjon placé au centre de l'enceine est attesté par différents documents. les tours étaient percées d'archères, simples ou à niches.

  • Murs
    • granite
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH, 2004/11/09
  • Référence MH
  • MERIMEE, Prosper. Notes de Voyage dans l'Ouest de la France, 1836.

Documents d'archives

  • A. Conservation Régionale des Monuments Historiques, Rennes. NiCOLAS Martine. Note sur la protection de l'immeuble. Rennes, le 9 aôut 2004.

Bibliographie

  • MESQUI, Jean. Châteaux- forts et fortifications en France. Flammarion, 1998. ISBN : 2080122711.

  • CHEDEVILLE, André. Dinan au temps des seigneurs des origines à 1283. In : Revue de Bretagne, 1909.

  • FROTIER DE LA MESSELIERE, Henri. Le Poudouvre et le canton de Dinan-Est: leurs monuments, leurs fiefs, leurs manoirs et leurs possesseurs, étude historique et catalogue illustré des monuments de cette région. Brest, 1948.

  • BORDERIE, A. de la. Un château breton du XIIe siècle : LEHON. In : Hstoire de Bretagne, tome 3, p.96. J. Floch, 1975.

  • PICARDA F., Léhon entre rêve et Rance, Manchecourt, Maury imprimeur, 1997.

  • SALCH Charles-Laurent, MICHEL Jérôme-M, BURCKEL Benoit. Le château de Léhon. Strasbourg : centre d'étude des châteaux-forts, 1996.

  • GUINEBAUD Simon. Guillaume le Conquérant a t-il assiégé Dinan ?. In : Le Pays de Dinan, tome XXXII, 2012.

Documents figurés

  • Château de Léhon, dessiné par De la Pylaie ( A.D. I 1094).

Annexes

  • Note sur la protection de l'immeuble
  • Gouverneurs du château de Léhon
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013