Dossier d’œuvre architecture IA22132109 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes du Haut Trégor
Manoir, Kerandraou (Troguéry)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor
  • Commune Troguéry
  • Lieu-dit Kerandraou
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes non étudiées
    colombier, communs, puits

Le haut niveau d'authenticité et de qualité de l'édifice, son ancienneté et son homogénéité, l'originalité de sa conception font du manoir de Kerandraou un témoin majeur pour l'histoire de l'architecture seigneuriale. La situation du manoir sur la voie de pèlerinage de saint-Yves entre Minihy-Tréguier et Tréguier, la destination du logis-porte conçu pour recevoir des pèlerins prestigieux ajoutent à l'intérêt de ce manoir comme l'identité de son commanditaire, Henri-Philippe de Coëtgoureden, conseiller et ambassadeur du duc de Bretagne Jean IV.

Des liens sont à établir entre le manoir de Kerandraou et d'autres édifices alentours, notamment l'église paroissiale de Troguéry où Henri-Philippes de Coëtgoureden est à l'origine de l'acte de fondation d'une chapellenie et de la construction d'une chapelle dédiée à Saint-Sébastien. Ses armes, celle de son épouse et de ses enfants figurent sur le bénitier du porche nord de l'église. L'épouse d'Henri-Philippes est l'héritière du manoir de Coëtfrec à Ploubezre. Le gisant de Rolland-Philippe de Coëtgoureden, sénéchal de Charles de Blois, père de Henri-Philippe, est abrité dans la basilique Notre-Dame de Bon-Secours de Guingamp.

Le logis-porte du manoir de Kerandraou ou la Ville Basse est construit à la fin du 14e siècle, vers 1390, par Henri-Philippes de Coëtgoureden, conseiller et ambassadeur du duc de Bretagne Jean IV. Il vient compléter un ensemble manorial composé de :

- une aile sud incluant une salle du 14e ou 15e siècle et une ancienne salle du 12e ou 13e siècle ;

- une aile ouest incluant les vestiges d'une grande salle sous charpente et d'appartements latéraux ;

- une aile nord comprenant autrefois les écuries.

Un premier manoir est effectivement cité dans l'enquête du procès de canonisation de saint-Yves (1330), édifié par Typhaine de Pestivien, proche du saint dont la seigneurie est établie en face, sur l'autre rive du Jaudy, au manoir de Kermartin à Minihy-Tréguier. Une étude généalogique a permis de vérifier la filiation qui existe entre Typhaine de Pestivien et Henri Philippes de Coëtgoureden.

Les armoiries sculptées au-dessus du portail du logis-porte ont disparu, accostées d'un lion à tête de cygne et d'un griffon à tête de crapaud, tous deux coiffés d'un heaume. Cependant, deux petits blasons sont encore visibles sur la base des piédroits de la cheminée de la salle de guet, l'un aux armes des Coëtgoureden (de gueules à la croix endentée d'argent), l'autre aux armes des Coëtfrec (d'argent à la fasce de gueules) dont l'héritière est l'épouse d'Henri-Philippes.

Etabli près de la rivière maritime du jaudy, sur la voie de pèlerinage de Tréguier, le logis-porte est conçu pour recevoir des pèlerins prestigieux comme les ducs de Bretagne pour qui la dévotion à Saint-Yves est profonde.

Le colombier construit au sud-est du manoir serait antérieur au 16e siècle.

Le logis-porte de Kerandraou fait partie d'un ensemble de bâtiments protégeant une cour fermée dont il reste des vestiges : l'aile sud incluant deux anciennes salles dont l'une a conservé cheminée, placard mural et fenêtre ogivale trilobée ; l'aile ouest incluant les vestiges d'une vaste salle d'apparat parée d'un côté d'un cellier surmontée d'une chambre et de l'autre d'une cuisine sur sous-sol probablement surmontée à l'origine d'une chambre ; l'aile nord comprenant probablement les écuries.

Le logis-porte est du type à plan rectangulaire et tour d'escalier centrale sur cour. Il est traversé par un passage couvert qui donne accès à la cour close. Ce passage sépare le rez-de-chaussée en deux zones indépendantes. L'une, au sud, isolée du reste du logis, est directement accessible depuis la cour. Elle comprend une salle basse chauffée d'une cheminée, ouvrant dans le pignon sur des latrines. L'autre pièce, au nord, associée à la tour d'escalier, également accessible depuis la cour par une porte en tiers point comprend une seconde salle basse. A l'origine, celle-ci était divisée en deux par une cloison légère qui ménageait un sas permettant l'accès direct à l'étage sans passer par la salle. Près de la tour, un petit jour éclairait ce sas, tandis que sous le passage d'entrée, la porte qui ouvre aujourd'hui sur la salle basse, ouvrait sur le dit sas.

L'étage est occupé par trois pièces répétant les dispositions du rez-de-chaussée : salle haute et chambre seigneuriale à l'origine sous charpente ; dans la troisième pièce, au centre, qui n'est pas chauffée, se trouve la chapelle domestique comme en témoignent plusieurs éléments telles la niche-crédence trilobée, le sacraire fermé par un vantail et la baie à remplage de grande qualité accompagnée de deux corbelets en pyramide renversée destinés à supporter les statues. Cette chapelle est surmontée d'une petite pièce à feu à usage de salle de guet comme en témoigne les vestiges d'un hourd (ouvrage défensif en pans de bois) au sommet de la tour et ceux d'une bretèche en encorbellement au-dessus du portail d'entrée, tous deux réhabilités.

Les doubles pignons nord et sud abritent des corps de latrines irréguliers. Au-dessus des latrines de l'étage, sur le pignon nord, un niveau entresolé, accessible par une trappe, abrite une cachette éclairée par des jours flanquants percés à angle droit.

Construit en moellon de schiste, le logis-porte possède des portes en tiers-point et des baies à croisée en granite dont la partie supérieure est découpée en arcs trilobés, forme particulière utilisée dans le Trégor. Tous les linteaux sont surmontés d'arcs de décharges. Les cheminées portent également la marque de la mode trégoroise : leur hotte à pans coupés se prolonge sans rupture jusqu'à la souche octogonale.

Le colombier situé au sud du logis abrite cinq cents trous de boulins correspondant aux 500 hectares du manoir.

  • Murs
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de comble, 1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    Logis-porte
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 2003/10/16
  • Précisions sur la protection

    Le manoir et son colombier en totalité (cad. A 216) : classement par arrêté du 16 octobre 2003

  • Référence MH

Bibliographie

  • Le manoir en Bretagne, 1380-1600. Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France. Paris : Imprimerie Nationale, 1993. (Cahiers de l'Inventaire ; 28).

Documents figurés

  • Tableau d'assemblage et cadastre parcellaire de Troguéry, 1835. Delaunay (ingénieur-vérificateur), Rochefort (géomètre)

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : Sous-série 3P

Documents multimédia

  • Site web : www.britagnia.com

Annexes

  • Note sur l'intérêt architectural du manoir de Kerandraou ou la Ville Basse à Troguéry (Côtes d'Armor)
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013