• enquête thématique régionale, Inventaire des ardoisières du Centre Bretagne
Ardoisières du Centre Bretagne
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Bretagne

L’exploitation de l’ardoise est très ancrée dans l’histoire de la Bretagne et la vie de ses ouvriers témoigne d’un savoir-faire séculaire. Aujourd’hui, il est urgent de préserver et de faire découvrir ce patrimoine industriel.

L’ardoise au fil des siècles

Les plus anciennes carrières de schiste ardoisier découvertes en Bretagne datent du Moyen Age, mais c’est au cours des 17e et 18e siècles que leur exploitation se développe. Elle se concentre dans le bassin de Châteaulin et dans le Centre Bretagne autour de Caurel et de Mûr-de-Bretagne. Au 19e siècle, la construction du canal de Nantes à Brest révèle de nombreux filons et des centaines d’ardoisiers, de métier ou amateurs, en profitent pour ouvrir leur carrière. Avec le développement des réseaux de transport, ces exploitants vont peu à peu se déplacer vers l’Est où la matière est plus abondante : Motreff, Gourin, Maël-Carhaix et Plévin deviennent des pôles de l’activité.

Leurs ardoises noir-bleutées sont réputées pour leur qualité et couvrent les toitures de toute la Bretagne et de monuments parisiens. Après la première guerre mondiale, la Bretagne participe à la reconstruction. Les exploitants en profitent pour vendre leur marchandise au prix fort : c’est l’âge d’or de l’industrie ardoisière. Mais la crise des années 30 touche le secteur et les carrières ferment les unes après les autres, d’autant que le marché régional est saturé par des produits angevins et espagnols.

Les techniques d’exploitation

L’ouverture d’une ardoisière débute par la recherche d’un gisement exploitable en prospectant dans la région. Une fois trouvé, le futur carrier doit procéder au déblaiement de la cosse jusqu’à atteindre le filon de schiste ardoisier, travail à la fois long, coûteux et improductif. Il peut ensuite choisir de creuser une carrière à ciel ouvert ou de foncer un puits depuis lequel des chambres seront ouvertes et exploitées par gradins successifs. L’explosif a longtemps été utilisé pour le fonçage avant d’être remplacé par le marteau piqueur et le marteau perforateur puis par la haveuse. Après l’abattage d’un gradin, les blocs sont grossièrement débités (le boucage) à l’aide d’une scie, d’un bouc et d’un maillet. Des manœuvres les remontent à la surface où ils sont distribués par lots aux fendeurs d’ardoises. Chaque bloc est débité afin d’obtenir des repartons (la quernure), puis divisé en feuilles (le tierçage) à l’aide de ciseaux et d’un maillet. Enfin, les ardoises sont régularisées au massicot avant d’être stockées selon leur modèle.

Des métiers très éprouvants

En Basse-Bretagne, les ardoisiers sont essentiellement des hommes, pères de famille ou fils de carriers, et d’origine et de langue bretonne. Qu’ils soient contremaîtres, mineurs, fendeurs, forgerons, treuillistes, menuisiers ou manœuvres, les ardoisiers exercent un métier éprouvant et dangereux. Ils commencent à travailler vers treize ans et sont exposés tout au long de leur vie aux risques d’accidents, aux maladies pulmonaires et osseuses et à l’alcoolisme. Mais être ardoisier, c’est aussi faire partie d’une communauté. Les occasions de se retrouver au café sont nombreuses : les célébrations des départs en retraite et bien sûr la fête de la Sainte-Barbe expriment la solidarité qui règne entre les ardoisiers.

Un patrimoine inattendu : la richesse floristique des anciennes ardoisières

Que l’on ne dise plus que les anciennes carrières d’ardoises sont des lieux sans vie ! Lorsque l’exploitation industrielle cesse, la flore et la faune ne tardent pas à s’installer dans une nouvelle dynamique. La végétation s’adapte aux différentes contraintes de l’industrie et profite même des vestiges pour s’épanouir. A l’ardoisière de Bois de Mezle (Côtes-d’Armor), l’humidité et l’ombre qui règnent dans l’ancien bief de dérivation ont permis le développement d’une douzaine d’espèces de fougères sur seulement 200 mètres. La zone de taille de la carrière est aujourd’hui recouverte de très fins déchets d’ardoise où seule une végétation supportant les périodes de sécheresse prolongée parvient à vivre. Ces conditions, rendues extrêmes par l’homme, sont à l’origine de l’épanouissement d’une espèce particulière d’orchidée sauvage, dite à fleurs lâches.

Les ardoisières, comme les autres mines carrières, sont aussi à l’origine de la présence de chauves-souris cavernicoles en Bretagne. Ce sont des lieux propices à leur hivernage où elles profitent des galeries et de toutes les petites cavités pour s’installer.

Bibliographie

  • GOURMELEN, Lena. Ardoise en Bretagne. Ed. Coop Breizh, Spézet, La maison du Patrimoine, Locarn, 2008.

  • BONINO. E. L’exploitation de l’ardoise en Basse-Bretagne : Le Finistère (1810 à nos jours). Mémoire de Master 2 sous la direction de Jean-Yves Andrieux à l'université Rennes 2. 2004-2005.

  • Le Pabic. Ch. Toits d'ardoise. Ed. Eyrolles : Paris, 2003.

Annexes

  • Les techniques d'exploitation
  • Le travail à la surface
  • Une industrialisation inachevée
  • Etre ardoisier
  • Paroles de carriers
  • Lexique français - breton
Date(s) d'enquête : 2014; Date(s) de rédaction : 2014