Le four banal
La rue du Four tient son appellation du four banal du prieuré de la Madeleine du Pont. Il fait partie des rares vestiges en place du prieuré ( 1844 B 81) car la plupart des bâtiments ont été détruits à la fin du 18e siècle. La vue du faubourg prise du haut des remparts de Dinan a proximité du jardin anglais permet d'entrevoir le lieu initial d’implantation, sur le côté impair de la rue du Four.
Le prieuré
L'église prieurale fondée à la fin du 11e siècle par Geoffroy de Dinan au bénéfice de l'abbaye de Saint Florent de Saumur était dédiée à Marie Madeleine, Saint-Florent et Saint-Gilles. Le prieuré s'étendait sur trois journaux de terre soit environ 1,5ha. L'église mesurait 26 mètres de long sur 5,20 mètres de large. Le cimetière se situait au nord-ouest de l'église comme l'indiquent encore différents documents et tracés de la fin du 18e siècle. En 1762, le prieuré est en très mauvais état, le logis du prieur servait de caserne et l’ensemble des bâtiments nécessitait de fortes réparations. L'église n’apparaît déjà plus sur le cadastre de 1811. Cependant, une description de l'ensemble des bâtiments du prieuré est connue par des sources conservées aux archives départementales des Cotes d'Armor (voir AD.22 : H 421) et permettent d'attribuer avec les matrices cadastrales quelques éléments bâtis encore en place comme le four à ban et le logement du fournier. Le colombier dessiné sur les cadastres anciens dans le jardin d'en bas n'a pas été conservé.
Un centre d'activités marchandes, artisanales puis industrielles
Les maisons situées du côté pair de la rue du Four possèdent une cour ou un jardin donnant sur la rivière de Rance. La présence de l'eau et du port ont facilité des activités marchandes puis industrielles. Filatures et tanneries s'y sont développées à partir du 19e siècle.
A l'angle de la rue du Four et de la rue de la Madeleine une maison construite entre 1811 et 1844 (dates des cadastres anciens) remploie une partie de façade d'une ancienne maison commerciale en pan de bois probablement détruite lors de l'aménagement du chemin de hallage.
Cette habitation est mitoyenne d'une autre maison également construite dans la première moitié du 19e siècle comme les deux suivantes qui n'apparaissent pas sur le plan cadastral de 1811.
Quant au bâti qui suit au numéro 8 bis de la rue du Four, son histoire est plus complexe comme en rend compte les éléments conservés des 16e et 17e siècles et les registres d'imposition des matrices cadastrales qui signalent à
la fois en ce lieu une tannerie et une manufacture de toile. La tannerie appartient en 1781 à Monsieur Salmon de la Ville qui la vend en 1834 à Pierre Sabot, qualifié en 1844 de tanneur à la Madeleine. Un séchoir sera aménagé dans la partie haute en pan de bois. La cour nommée “la cour de la tannerie” est commune avec le numéro 10 de la rue du Four qui appartient également à l'entreprise familiale Sabot.
La maison située au 12 rue du Four présente une pièce à feu en rez-de-chaussée avec un escalier en vis situé dans l'angle pour accéder à l'étage. La chambre est éclairée par une grande fenêtre datée de 1741 qui correspond à période de modification. Une lucarne de comble éclaire des greniers qui communiquaient avec un édifice disparu. Le numéro 14 est également à l'état de vestiges aujourd'hui. Une aile arrière, visible sur une carte postale ancienne, formant un appentis sur la cour indique la présence d'ateliers cités comme étant une manufacture de toile appartenant en 1844 aux enfants de Pierre Duchemin.
La grande maison située au numéro 16 avec ses larges fenêtres et appuis saillants sur la rue est citée en 1793, elle appartient au marchand tanneur Pierre Salmon puis en 1823 à Guilaume le Turquis, également marchand tanneur. La cour arrière appelée aussi "la place aux cuves" a été investi depuis par le centre nautique, création des années 30-50.
Le portail du n°18 de la rue du Four accède à une grande cour fermée, propriété au 19e siècle de la famille Duchemin connue à Dinan pour son commerce de toiles. Une blanchisserie est signalée sur la matrice de 1844. Une meule de lin prise dans la cour à la fin du 19e siècle ou au début du 20 e siècle signale une activité textile à cette période. Les deux maisons mitoyennes orientées sud étaient autrefois enduites, leurs travées régulières et symétriques indiquent des constructions du 19e siècle.
collection privée, Lanvallay