Le Château des Granges est un château étroitement lié au Parlement de Bretagne, ayant abrité l’un de ses magistrats, Gervais-Philippe-Marie Geslin. En 1735, il épouse Marie-Anne-Radegonde Le Mintier, héritière du château. Deux ans plus tard, en 1737, il devient président des Requêtes au Parlement de Bretagne. Il est le troisième membre de sa famille à intégrer cette institution, après son père, également président des Requêtes, et son grand-père Gervais Geslin, qui en 1678 l’intègre comme conseiller originaire. Ce dernier fonde une lignée de parlementaires de 1678 à 1764.
Ainsi, le mariage entre Marie-Anne-Radegonde et Gervais-Philippe-Marie Geslin marque une alliance importante pour la famille Le Mintier. Sous l'Ancien Régime, les parlementaires forment une élite parmi la noblesse. Ils constituent une véritable dynastie, formant un entre-soi distinct de celui des autres nobles. Lorsque les Le Mintier marient leur fille unique et héritière à un parlementaire cela constitue pour leur famille une véritable reconnaissance et une ascension sociale. Au 18e siècle, la Bretagne comptait environ 4 639 foyers nobles, soit environ 20 000 nobles, mais les sessions parlementaires étaient composées de seulement 110 membres, formant ainsi une petite élite au sein de la noblesse bretonne. Cette alliance est sûrement permis par la mère de Marie-Anne, Radegonde-Thérèse de Boisgelin qui appartient à une famille importante du Parlement, ayant donné quatre magistrats dont trois présidents à mortier - charge très élevée et dédiée aux plus fortunés. Toutefois, ce lien familial est ténu, Radegonde-Thérèse de Boisgelin et Renaud-Gabriel de Boisgelin (conseiller et commissaire puis président à mortier en 1729) sont cousins au 6e degré. La lignée parlementaire des Geslin s’éteindra avec Gervais-Philippe-Marie, aucun de ses enfants n'ayant suivi de carrière dans la magistrature.
En ce qui concerne l'attachement du parlementaire à ce château, il semble que Gervais-Philippe-Marie Geslin et son épouse aient entrepris une importante campagne de travaux, modifiant considérablement le château d’origine. Ces aménagements, dans le style Louis XV, accentuent la majesté du lieu, qui domine le paysage, notamment grâce à sa situation en hauteur par rapport à la ville de Hénon. Cependant, bien que le château ait été transformé et embelli, il ne semble pas que Gervais-Philippe-Marie en ait fait sa résidence principale. En effet, il décède en 1764 à Bain-de-Bretagne, dans le manoir familial des Geslin, dit de la Praye, où il est inhumé avec son épouse.
(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)
Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.
Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.