Dossier d’œuvre architecture IA22132744 | Réalisé par
Dupont Flavie (Rédacteur)
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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  • liste immeubles protégés MH
  • enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne
Château du Bois de la Motte (Pleslin-Trigavou)
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Musée de Bretagne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ploubalay - Ploubalay
  • Commune Pleslin-Trigavou
  • Lieu-dit Motte (la)
  • Précisions
  • Dénominations
    château

Le château du Bois de la Motte, un château parlementaire ?

L’intérêt historique du château du Bois-de-la-Motte réside également dans le rôle joué par l’un de ses propriétaires : Jean-François de Cahideuc.

Ce dernier, conseiller et commissaire au Parlement de Bretagne entre 1660 et 1672, relie directement le château à cette institution. Issu d’une famille noble mais sans antécédents parlementaires, Jean-François, né vers 1640, est le fils de Sébastien-René de Cahideuc, qui acquit le domaine par son mariage avec Guyonne de Montbourcher, descendante des seigneurs de Trigavou.

Bien que seigneur du Bois-de-la-Motte, Jean-François de Cahideuc n’y résidait pas en permanence : il n’y est ni né, ni marié, ni décédé (en 1712 à Cahideuc à Iffendic). Il semble avoir principalement vécu à Saint-Armel ou à Rennes, où il possédait un hôtel particulier rue du Four-au-Chapitre (ancien hôtel de Brie, devenu hôtel du Bois-de-la-Motte). Toutefois, en tant que propriétaire foncier, il devait tirer des revenus de cette terre et y séjournait donc régulièrement, notamment pour en gérer les affaires ou pendant les périodes estivales.

Par ailleurs, la famille Montbourcher, liée au domaine par alliance, a compté plusieurs membres au Parlement de Bretagne, dont René, qui siégeait à la même époque que Jean-François de Cahideuc. Ce contexte met en lumière l’importance stratégique du mariage entre Sébastien-René de Cahideuc et Guyonne de Montbourcher, qui permit à la famille Cahideuc une réelle ascension sociale. Le fils de ce dernier, poursuit dans cette ascension sociale en intégrant le parlement de Bretagne mais également en épousant Gilonne-Charlotte de Langan, fille du marquis César de Langan de Boisfévrier.

Au 18e siècle, la Bretagne comptait environ 4 639 foyers nobles, soit près de 20 000 personnes. Cependant, comme le rappelle l’historien Michel Nassiet, par cette densité nobiliaire, être nobles en Bretagne ne garantissait ni richesse ni influence. En effet, la province abritait une "plèbe nobiliaire", une noblesse appauvrie et souvent marginalisée. L’entrée de Jean-François de Cahideuc au sein du Parlement — institution élitiste composée d’environ 110 membres par session — permit ainsi à sa famille d’intégrer, le temps d’une génération, les sphères influentes de la noblesse bretonne.

Le château du Bois-de-la-Motte figure donc parmi les 21 châteaux parlementaires recensés dans le département des Côtes-d’Armor, témoignant de cette insertion passagère mais significative dans l’élite régionale sous l’Ancien-Régime.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

Le château du Bois-de-la-Motte, situé à 5 kilomètres au sud-ouest de la commune de Pleslin-Trigavou, dans les Côtes-d’Armor, trouve ses origines à l’époque médiévale. La seigneurie est créée au 14e siècle par Jean III de Beaumanoir, qui fonde alors une branche cadette de la famille de Beaumanoir. Dès 1433, la châtellenie est érigée en bannière par le duc Jean V de Bretagne, soulignant son importance stratégique.

Le domaine passe ensuite, par mariage, à la famille de Montbourcher, puis en 1633 à celle des Cahideuc, à la suite de l’union de Guyonne de Montbourcher avec Sébastien-René de Cahideuc. En 1621, la seigneurie est élevée au rang de marquisat, témoignant de son prestige croissant.

Sous l’impulsion de Sébastien-René de Cahideuc, puis de son fils Jean-François de Cahideuc, marquis du Bois-de-la-Motte et conseiller et commissaire au Parlement de Bretagne, le château connaît une période d’embellissement. L’édifice actuel est érigé vers 1640. Mais d’importantes transformations ont lieu au 18e siècle, notamment entre 1750 et 1754, sous la direction d’Emmanuel-Auguste de Cahideuc (1712-1787), futur vice-amiral et figure marquante de la noblesse bretonne. En 1780, le château du Bois-de-la-Motte, son domaine et son seigneur obtiennent le droit de haute justice.

Après la Révolution, le château passe vraisemblablement entre les mains de la famille Briot de Mallerie. Il reste une propriété privée, conservée par des descendants jusqu’au 20e siècle. Le château est inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques depuis 1951.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Période(s)
    • Principale : 14e siècle , daté par source
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle , daté par source
    • Principale : 1ère moitié 18e siècle , daté par source

Le château du Bois-de-la-Motte a su évoluer avec son temps, ses origines remontent au 13e siècle. Période où les châteaux sont fortifiés. Le château du Bois-de-la-Motte n’y échappe pas. Il présente une configuration défensive caractéristique en étant implanté sur une île au centre d’un étang, transformé en douves naturelles. Cette disposition témoigne d’une fonction défensive, probablement héritée d’une motte castrale des 10e-12e siècles, d’où le château tirerait son nom. Il est situé au cœur d’un domaine qui comprenait autrefois un vaste bois, offrant une promenade d’environ huit kilomètres, ce qui explique le nom associé au nom de la motte : « Bois ».

L’édifice actuel, construit principalement au 17e siècle et 18e siècle, vers 1640 et entre 1750-1754, est en L parfaitement symétrique. Il reprend les matériaux, notamment le granite, du manoir précédent du 14e siècle. Il adopte le style Louis XIII, avec des matériaux locaux, reconnaissable à son long corps de bâtiment, ses fenêtres alignées sur deux niveaux (trois en plus du rez-de-chaussée pour l’avant-corps central), ses volumes réguliers, et la création d’un avant-corps central saillant et plus élevé, mis en valeur par une toiture à la Mansart, permettant l’ajout d’un troisième niveau.

Entièrement bâti en granite et couvert d’ardoise, le château s’inscrit dans la lignée des demeures ayant évolué sous l’influence d’architectes comme Androuet du Cerceau. Ce dernier démontre, dans son traité d’architecture, comment un château fortifié peut conjuguer défense et confort, influençant ainsi l’architecture du 17e siècle. Le château du Bois-de-la-Motte reflète cette évolution : les éléments défensifs, tels que le pont-levis, sont progressivement supprimés au profit de l’esthétique et du confort. Les ouvertures dans la maçonnerie, qui accueillaient autrefois les poutres actionnant le pont-levis, sont encore visibles. Si une partie de l’appareil défensif datant du 14e siècle a été conservée au 17e siècle, celui-ci disparaît entièrement au 19e siècle. À l’extrémité est, un second pavillon est quant à lui flanqué d’une tour carrée. Le corps principal du logis ne semble pas être de la même période que l’avant-corps central, probablement ajouté au 18e siècle. Ce dernier se distingue par une ornementation plus marquée : une toiture à la Mansart ornée d’une corniche à modillons, ainsi que des pilastres encadrant la travée principale, composée d’une porte-fenêtre cintrée, de deux baies rectangulaires et d’une lucarne cintrée sans fronton. Les formes cintrées de la porte-fenêtre et de la lucarne contrastent avec les baies rectangulaires qui rythment le reste de la façade, apportant ainsi une touche de douceur qui atténue la rigueur architecturale de l’ensemble.

Ce château s’inscrit dans un véritable domaine composé de plusieurs bâtiments. Le cadastre ancien représente le château entouré d’eau, mais montre également, en amont du pont actuel — qui a remplacé l’ancien pont-levis —, un long corps de bâtiment rectangulaire, vraisemblablement destiné à abriter les dépendances, telles que les écuries, une remise ou encore des communs. Deux tours semblent également fortifier l’entrée confirmé par un dessin daté de 1815, accessible elle aussi par un pont. La chapelle, unique autre bâtiment situé à l’intérieur de l’île et figurant sur le cadastre ancien sous une forme rectangulaire, est reconstruite au 18e siècle. Elle se distingue par un chevet à pans coupés, présentant une architecture sobre mais harmonieuse. Enfin, le parc boisé complète l’ensemble, apportant une dimension paysagère caractéristique des grandes demeures nobles.

Les remaniements effectués au 19e siècle sous la direction de l’architecte rennais Jacques Mellet ont respecté l’ordonnancement classique de la construction initiale, tout en accentuant le caractère résidentiel du château.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan symétrique en L
  • Étages
    2 étages carrés, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH, 1951/05/28
  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures, douves, pont et parc (cad. 382B 643 à 647, 1389) : inscription par arrêté du 28 mai 1951

  • Référence MH

Bibliographie

  • COLLECTIF. Le Patrimoine des Communes des Côtes-d´Armor. Paris, Flohic Editions, Collection Le Patrimoine des Communes de France, 2000.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 22 G
  • SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

    ISBN : 2-8554-047-X

    Région Bretagne (Service des archives) : 35 REN hist
Date(s) d'enquête : 1992; Date(s) de rédaction : 1992, 2025
(c) Monuments historiques
(c) Région Bretagne
(c) Vieilles Maisons Françaises (VMF)
(c) Université de Rennes 2
Dupont Flavie
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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