Dossier d’œuvre architecture IA22132755 | Réalisé par
Dupont Flavie (Rédacteur)
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • liste immeubles protégés MH
  • enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne
Château de Monchoix (Pluduno)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Plancoët - Plancoët
  • Commune Pluduno
  • Lieu-dit Monchoix
  • Précisions
  • Dénominations
    château

Le Château de Monchoix constitue un exemple remarquable de l'architecture du 18e siècle, alliant influences classiques et matériaux locaux. Au-delà de son intérêt architectural, il demeure un témoin précieux de la vie nobiliaire bretonne, intimement lié à l'histoire de la famille de Bédée et à la jeunesse de Chateaubriand. Le château demeure un témoin précieux de la vie quotidienne et du raffinement de la noblesse de cette période.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

Les origines précises de la terre de Monchoix demeurent en grande partie méconnues. Le premier témoignage historique remonte à 1666, où l'ancien manoir, devenu un corps de ferme, appartenait à René de Bedée, sieur du Bois-Berand, qui avait épousé Françoise Goyon de Vaurouault. Ce manoir primitif, localisé sur une métairie dénommée Metrie-Martin, est situé à proximité immédiate du château classique et visible de son perron.

Le Château de Monchoix est construit en 1759 par Marie-Antoine de Bédée, oncle maternel de François-René de Chateaubriand. Né le 5 avril 1727, Marie-Antoine a épousé le 17 janvier 1757 à Angers Marie-Angélique-Fortunée-Cécile-Renée Guinguené, héritière d'une grande fortune. Le couple fait construire Monchoix sur un domaine de 235 hectares, à une lieue de Plancoët. Les plans du château seraient conçus par un élève de Garengeau, architecte parisien influent dans le bassin malouin, connu pour le style architectural des « malouinières ». Cette filiation explique les similarités stylistiques du château avec ce style architectural caractéristique.

Chateaubriand décrivait Monchoix comme un véritable paradis de son enfance, en contraste avec la rigueur du château de Combourg. L'atmosphère était festive, rythmée par la musique, les danses et la chasse. Châteaubriand communique un détail original dans ses Mémoires : un chien hargneux et un sanglier domestique vivaient dans le château auprès de Marie-Angélique Guinguené.

La Révolution française marque un tournant pour le château et ses propriétaires, la famille de Bédée. En effet, il est confisqué comme bien national et divisé en 11 lots. Le lot comprenant le château est estimé à 10 000 livres, l'ensemble des propriétés atteignant 42 650 livres (les 32 hectares recensés). Le fils de Marie-Antoine, Marie-Joseph-Annibal de Bédée, conseiller et commissaire originaire au Parlement de Bretagne de 1786 à 1789, est né le 17 mars 1758 au château manoir de Monchoix, rompt avec la tradition d’épée que suit sa famille pour la magistrature. Il épouse le 19 juillet 1785 à Rennes, paroisse Saint-Georges, Marie-Vincente de Francheville puis le 25 mars 1799 à Londres, Agathe Gilart. En effet, il suit son père en émigration à Jersey puis à Londres lors des troubles révolutionnaires et ne reviendra jamais à Monchoix. Il décède le 6 avril 1809, laissant un héritage de seulement 1 000 francs.

Par alliance, le château passa à la famille du Boishamon. Marie-Antoinette de Bédée, fille de Marie-Joseph-Annibal, épouse Henri-Marie du Boishamon le 15 mai 1810. Sa tante, Caroline de Bédée, lui donne Monchoix en dot. Elle meurt au château le 22 janvier 1843.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 18e siècle
  • Dates
    • 1759, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Bédée (de) Marie-Antoine
      Bédée (de) Marie-Antoine

      Marie-Antoine De Bédée, chevalier et comte de la Bouetarday, seigneur du Boisriou (1727-1809)

      Né le 5 avril 1727, il est l'époux de Marie-Angélique de Guinguené qui lui apporte une grande fortune. Il est également l'oncle de François-René de Chateaubriand qui le décrit comme un homme qui aime la vie et la fête dans son château de Monchoix (Pluduno). Il doit émigrer lors de la Révolution, il part à Jersey puis s'installe à Londres où il meurt en 1809.

      Il est le commanditaire d'une petite propriété sur la route de Lamballe : le château de Monchoix, entouré de 235 hectares en ferme.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      commanditaire attribution par source

Le château de Monchoix, situé dans la commune de Pluduno, est un domaine de 235 hectares, dont 100,25 journaux (environ 32,08 hectares) recensés par le procès-verbal dressé à la Révolution. Le château présente toutes les caractéristiques d'un domaine seigneurial, à l'exception d'un colombier. Le domaine comprenait sous l'Ancien-Régime un château classique, trois métairies avec leurs bâtiments agricoles comprenant étables, granges, celliers et soues à cochons. On y trouvait également les banalités essentielles comme le four à pain, le puits et un vivier.

Le domaine s'étendait sur un territoire remarquablement diversifié. Un étang principal était relié à un vivier, contribuant à l'autosuffisance du lieu. Des prairies, des champs labourables, un vaste verger complétait l'ensemble. Les bois, composés de fouteaux, châtaigniers et chênes, offraient des ressources précieuses pour la construction et le chauffage. Des landes et des enclos plantés d'arbres achevaient de donner à cette seigneurie sa configuration unique, permettant une gestion rationnelle et autonome des terres.

Le château lui-même présente une architecture classique remarquable. De plan rectangulaire, il développe cinq travées réparties sur trois niveaux, couvert d'une toiture mansardée en ardoise. Ses dimensions sont précises grâce au procès-verbal dressé lors de la saisi du château le 4 janvier 1795 : 19,44 mètres de long sur 13,6 mètres de large. Sa construction utilise un petit appareil de schiste, avec des pierres de taille en granite pour les encadrements, originellement recouvert d'un enduit à la chaux aujourd'hui dégradé. Les ornements sur les façades sont simples, comprenant des chaînes d'angles, des encadrements de baies, ainsi qu'un avant-corps central pour la façade est. Il est mis en valeur par l'escalier en fer à cheval, la porte d'entrée principale et le fronton triangulaire portant les armoiries des familles de Bédée et de Guinguené, commanditaires du château.

La distribution intérieure reflète l'organisation idéale de l'époque avec notamment la possession d’un sous-sol, doté de deux imposantes cheminées en granite qui accueillait les espaces de service : cuisine, réserves et probablement cave à vin. Un escalier de service et un monte-plats permettaient aux domestiques de desservir les étages supérieurs. Le rez-de-chaussée surélevé s'organise autour d'un vestibule central desservant différents espaces : salon et salle à manger côté droit, avec leurs somptueuses boiseries Louis XV et une cheminée en marbre rouge royal, bibliothèque et salle de réception côté gauche. Les étages sont desservis par un escalier d’honneur tournant en bois avec jour, situé dans le vestibule d’entrée. Cet escalier n’est pas celui qui existait au 18e siècle, il date du 19e siècle. En effet, celui du 18e siècle était probablement en pierre, comme le mentionne le procès-verbal de 1795.

Le premier étage abrite les chambres, conservant ou reproduisant un mobilier d'époque. Une chapelle privée dédiée à la Vierge est aménagée dans ce qui correspond à l’avant corps central. D’usage strictement privée, elle est en excellent état d’origine, bien que l'autel ait été détruit pendant la Révolution. Elle est parquetée, elle possède des boiseries Louis XV et un couvrement lambrissé en arc déprimé. A gauche de l’escalier, la chambre de Chateaubriand, elle garde son atmosphère originelle, avec son lit à baldaquin et ses meubles Louis XV et Louis XVI. A droite de l’escalier, deux chambres décorées avec des boiseries Louis XV et parquetées, dont une chambre, qui offre une vue imprenable sur le clocher de Nazareth et le tertre de Brandefer. Les meubles dans cette chambre incluent un lit Louis XV, une commode antique de style Louis XIV (décorée de motifs de Saint-Malo), ainsi qu'une chaise Louis XIII. Le second étage, sous le toit mansardé, était réservé aux domestiques, servant de chambres mais également d'espace de rangement.

Concernant l’extérieur, le château est agrémenté d’un jardin. Au 18e siècle, il y en avait qu’un qui était localisé à l’arrière du château. Il y avait des charmilles et il mesurait 1 journal (environ 32 ares), selon le procès-verbal. Il est également visible aujourd’hui, un jardin du coté est du château et son petit étang. Celui-ci est réalisé entre 1789 et 1827, il n’est pas mentionné dans le procès-verbal mais figure sur le cadastre ancien de 1827.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Murs
    • schiste petit appareil enduit
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier en fer-à-cheval en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Techniques
    • ferronnerie
    • menuiserie
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Sur le fronton triangulaire qui orne l'avant corps central de la façade principale (est), il y a les armoiries de la famille de Bédée mêlée à celle des Guinguené, commanditaires de la propriété.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Protections
    inscrit MH, 2004/07/22
  • Précisions sur la protection

    Le château en totalité (cad. ZP 60) : inscription par arrêté du 22 juillet 2004

  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Côtes-d'Armor, 1 Q 2-43. Biens nationaux de seconde origine, pluduno. 14 nivôse an 3.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 1 Q 2-43
    AD Côtes-d'Armor, 1 Q 2-43. Biens nationaux de seconde origine, pluduno. 14 nivôse an 3.
  • AD Côtes-d'Armor, cadastre napoléonien : tableau d'assemblage, 3 P 242, 1827.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 242
    AD Côtes-d'Armor, cadastre napoléonien : tableau d'assemblage, 3 P 242, 1827.
  • AD Côtes-d'Armor, cadastre napoléonien : section D, 2e feuille, 20-574, 3 P 242, 1827.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 242
    AD Côtes-d'Armor, cadastre napoléonien : section D, 2e feuille, 20-574, 3 P 242, 1827.

Bibliographie

  • CHATEAUBRIAND, François-René, Mémoires d'outre-tombe. Paris, Librairie générale française, 2001, livre 1.

    ISBN : 2-253-16079-2

    ISBN : 978-2-253-16079-3

    PPN : 059674644

    Bibliothèque universitaire. Université Rennes 2 : XD 843 CHAf mem 1
    CHATEAUBRIAND, François-René, Mémoires d'outre-tombe. Paris, Librairie générale française, 2001 livre 1.
  • LA MOTTE -ROUGE, Daniel. Chatellenie de Lamballe : Vieilles demeures et vieilles gens. Imprimerie de Châtelaudren. Châtelaudren, 1977. 636 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 22 G
    LA MOTTE -ROUGE, Daniel. Chatellenie de Lamballe : Vieilles demeures et vieilles gens. Imprimerie de Châtelaudren. Châtelaudren, 1977. 636 p.
  • SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

    ISBN : 2-8554-047-X

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 35 REN Hist
    SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

Périodiques

  • BOISHAMON (de), Charles, "Le château de Monchoix, paradis de Châteaubriand" in Comptes rendus, procès verbaux, mémoires, Plouer-sur-rance : Association bretonne, 1999, n°107, p. 379-386.

    Collection privée
    BOISHAMON (de), Charles, "Le château de Monchoix, paradis de Châteaubriand" in Comptes rendus, procès verbaux, mémoires, Plouer-sur-rance : Association bretonne, 1999, n°107, p. 379-386.
Date(s) d'enquête : 1992; Date(s) de rédaction : 1992, 2025
(c) Monuments historiques
(c) Université de Rennes 2
(c) Région Bretagne
(c) Vieilles Maisons Françaises (VMF)
Dupont Flavie
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.