Le château de Bogard se trouve sur la commune de Quessoy, à environ 3 kilomètres à l'est du bourg, et s'étend sur la commune voisine d'Hénon. Il est situé dans une plaine, bordée des ruisseaux de Bogard et de Moulin Roussé. Le château a été agrandi successivement au 15e siècle par Jean de Bogard puis vers 1781 par Guillaume La Noüe, influencé par les idées franc-maçonniques. Le domaine de 40 hectares comprend un château, un parc paysagé de 4 hectares, des avenues dont une double avenue encadrant un étang et des dépendances. La cour d'honneur, exposée à l’ouest, mesure 1,5 hectare à elle seule.
Le château se compose de deux parties : un pavillon du 16e siècle avec une tour carrée et un château de 1785. Ce dernier a une façade principale orientée à l’ouest, ornée pour son avant corps-central de pilastres en granite, d’une baie avec balcon et d’un fronton triangulaire avec armoiries, aujourd'hui disparues.
Le pavillon Renaissance
Le pavillon Renaissance du 16e siècle comprend deux pièces, dont une cuisine et une salle à manger, avec un four et une cheminée en granite ornée de symboles renvoyant à Anne de Bretagne (une cordelière et deux roses). Il a une longue galerie de 11 mètres sur 3 mètres, éclairée de 3 baies remaniées en 1785 pour une uniformité avec le reste du bâtiment. Cependant, les baies conservent leur encadrement d’origine où l’on remarque des encoches qui permettait de « barrer » les ouvertures. Ce dispositif peut renvoyer à une période de trouble, et est fréquent au 16e siècle. La tour carrée flanquée à ce pavillon est desservie par un escalier en vis en maçonnerie de granite puis en charpente, il dessert trois étages. Au troisième étage, un comble sous charpente. Le pavillon 16e siècle est caractérisé par des grilles défensives extérieures, typiques de l’époque des Guerre de Ligue. La tour comporte également une arbalétrière protégeant l'entrée et le domaine était sûrement clos. Il n’y a pas de restes concrets d’une réelle fortification en dehors d'un saut de loup, du dénivelé permis par les terrasses médiévales qui engendrent de véritables fossés parfois gorgés d’eau et d’un mur situé au nord-est du domaine qui dispose d’une porte cochère, qui peut nous laisser penser à une clôture primitive du site. Ce mur part du pavillon 19e siècle, situé au nord-ouest, jusqu’aux terrasses médiévales, situées à l’extrémité du domaine nord-est. Il a été à plusieurs reprises sûrement remanié et conserve des os de moutons insérés dans la maçonnerie qui permettaient la conduite de fruitiers en espalier. Le pavillon Renaissance est caractérisé par ses toitures en pavillon et pour la tour, une couverture galbée de plan massé de type impérial.
Le château classique
Le château classique est construit sur un plan régulier ; ses murs sont un appareil assisé constitué de grès et recouvert d’un enduit à bossage carré, qui serait selon le propriétaire du château un enduit en sable de Loire. Le château est couvert d’une toiture à mansardes en ardoise. Il est composé de 7 travées et se répartie sur 3 niveaux comprenant un rez-de-chaussée surélevé sur soubassement en granite en pierre de taille, un étage carré et un étage en surcroit. Le logis est orné d’un décor sobre et solennel avec des chaînes d’angles en granite, une corniche à modillons, des épis de faîtages en tulipe entourée d’une couronne de comte (titre affilié au commanditaire) puis un fronton triangulaire sur l’avant corps-central, qui portait les armes des La Noüe, qui sont d’azur à la croix d’argent, cantonnée de quatre gerbes de blé d'or (selon le Nobiliaire et armorial de Bretagne de Pol Potier de Courcy). Les murs du château sont montés à fruit, « d’un pouce tous les 12 pieds » et l’épaisseur des murs est équivalente à plus d’1 mètre à la base du pavillon 16e siècle.
L'intérieur du château classique
L’intérieur du château présente des pièces richement décorées, comme deux grandes salles à réception avec des lambris, des parquets Versailles et des cheminées en marbre de style Louis XVI. Les plafonds sont tous plâtrés et ornés de moulures en stucs végétales ou géométriques. La seconde salle est la plus grande et imposante (8,2 mètres par 7,7 avec une hauteur de 4,10 mètres sous plafond). Elle est éclairée de 6 fenêtres permettant une triple ouverture vers le domaine. Elle est lambrissée dans le style Louis XVI, les boiseries sont peintes en « blanc des Carmes » et disposent d’angles arrondis. Un élément marquant de cette pièce est le décor en marqueterie au sol, d'un diamètre de 1,8 mètre, réalisé avec neuf essences de bois, dont de l’Amarello, de l’ébène de Mozambique, du sycomore et du noyer. Il représente des symboles maçonniques comme la chaîne de vie reliant les hommes ou la couronne de feuilles d’acacia. Un escalier dit à l’anglaise, localisé au centre du château, à tournant à retour sans jour, en charpente avec balustres en métal et une main courante en acajou distribue les étages. Le premier comprend une bibliothèque, cinq chambres toutes lambrissés, avec cheminées en marbre et parquetées en lames de chêne blond. Cet étage possède aussi un petit salon avec une cheminée en bois de style Louis XV. Le second étage est aménagé en deux appartements. Les combles sont conservés en grenier.
Le domaine de Bogard
Au 18e siècle, le château comprenait un colombier « à vis », une chapelle, une grange, deux refuges à cochon, aujourd’hui disparus. Le colombier est signalé « en ruine » en 1796. La chapelle mesurait, en 1796, 1,62 mètres de large par 5.8 de longueur. Les dépendances construites par Guillaume de la Noüe en 1656, mesurent selon l’inventaire du 6 juillet 1796, dressé lors de la vente du château comme bien national : « 30 pieds de long et de largeur et 23 pieds de hauteur » soit environ 9,72 m par 7,5 m de hauteur. La propriété est estimée à 31 374 livres selon l’Inventaire réalisé dans le cadre des saisies révolutionnaires pour Bien national. Cette propriété inclue le château, les terres agricoles, le verger, le bois, les jardins et parterres, les trois avenues et les prairies, ce qui totalisent une surface d’environ 14,24 journaux soit environ 4,5 hectares.
Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.
Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.