Dossier d’œuvre architecture IA22132983 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes du Haut Trégor
Ancien manoir, Le Rumain (Hengoat fusionnée en La Roche-Jaudy en 2019)
Œuvre étudiée
Auteur
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Roche-Derrien (La)
  • Commune La Roche-Jaudy
  • Lieu-dit Hengoat, Rumain (le)
  • Précisions commune fusionnée après inventaire Commune inventoriée sous le nom de Hengoat
  • Dénominations
    manoir, ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    colombier, dépendance, ferme, cour, enclos, remise, remise agricole

L'ancien manoir du Rumain est en partie détruit dans le 2e quart du 19e siècle pour faire place à une grande ferme dont le logis à étage et l'aménagement des abords sont caractéristiques du Haut Trégor. L'histoire de ce site illustre parfaitement un phénomène récurrent sur ce territoire après la Révolution : l'émergence d'une nouvelle classe rurale constituée de propriétaires cultivateurs qui achètent les anciennes terres nobles et se font construire in situ une ferme modèle avec un grand logis qui symbolise leur réussite sociale.

La seigneurie du Rumain (Trolong du Rumain) constitue une fraction de la seigneurie de Trolong dont le manoir se trouve également à Hengoat (cf. dossier manoir de Trolong Braz). Les terres du Rumain sont ainsi annexées à la seigneurie du Trolong laquelle se trouve elle-même dans la mouvance d'autres seigneuries supérieures (Guimgamp, Chef du Pont, Botloy-Lézardrieux). Jean de Trolong, seigneur du Rumain, est cité dans un aveu de 1583. Les vestiges du manoir d'origine datent de la fin du 15e siècle comme en témoignent les cheminées, certaines baies et le colombier. La grande métairie du Rumain, située à quelques mètres à l'est du manoir, est citée dans les actes au tout début du 17e siècle, reconstruite dans la seconde moitié du 19e siècle.

Pendant la Révolution, Pierre-Joseph-Marie de Trolong du Rumain émigre. L'ensemble des ses biens est mis sous séquestre le 13 janvier 1794. Quelques mois après sa mort, en août 1796, le manoir est vendu comme bien national à un dénommé R. Huette, secrétaire général du département des Côtes du Nord, demeurant à Saint-Brieuc (cf. annexe).

Le manoir est probablement revendu au début du 19e siècle : en 1836, Yves Le Cozanet, cultivateur, est mentionné dans les états de section comme propriétaire du Rumain. C'est vraisemblablement lui qui, à la fin des années 1830 ou au début des années 1840 (après le cadastre de 1835), fait détruire la partie est du logis seigneurial pour construire le nouveau logis contre la partie ouest conservée. Cette dernière sert désormais de dépendance à la nouvelle habitation, elle abrite l'ancienne cuisine et arrière-cuisine du manoir ainsi que deux chambres superposées avec garde-robe et latrines (?). Dans la salle à manger du logis de 1840 construite à l'emplacement de la salle seigneuriale, la cheminée monumentale de la fin du 15e siècle trouve sa place. Le blason de la famille Trolong du Rumain est sculpté sur son linteau : "écartelé aux 1 et 4 d'argent à 5 tourteaux de sable posés en sautoir ; aux 2 et 3 d'azur au château d'argent". L'escalier en vis dans oeuvre placé au nord entre la cuisine et la salle est détruit et le système de distribution revu, remplacé par un petit escalier secondaire en bois. La cour en demi-lune figurée sur le cadastre ancien est agrandi après 1835 ainsi que la dépendance en retour d'équerre. Elle intègre désormais le colombier qui est préservé comme symbole et preuve de l'ancienneté de la seigneurie. A l'est, l'avenue plantée d'arbres s'élargit au niveau de la métairie et débouche sur l'ancienne avant-cour, sorte de cour verte qui servait de pâture en 1835.

Au début du 20e siècle, la partie subsistante du manoir subit de nouveaux dommages : l'étage de comble est supprimé. De nouvelles dépendances agricoles sont édifiées en alignement du logis, au nord de la basse-cour dont les piliers d'entrée moulurés semblent provenir de l'ancien portail de la cour seigneuriale, remplacés par des piliers en granit et un portail en fer forgé.

Du logis seigneurial du Rumain ne subsiste que la partie ouest, incomplète : ancienne cuisine surmontée d'une chambre avec cheminée, elle-même surmontée d'une ancienne chambre de comble dotée d'une cheminée en partie conservée. Les trois cheminées de la cuisine et des deux chambres sont ainsi superposées sur le pignon ouest, chacune associée à une porte ouvrant sur une petite pièce de service (arrière-cuisine, garde-robe et latrines ?). Au nord, les pièces sont doublées par un appentis abritant deux pièces secondaires plus basses et plus petites dont une à mi-niveau pourvue d'une cheminée sur mur gouttereau. Le manoir se prolongeait à l'est par la salle seigneuriale, détruite pour construire le nouveau logis mais dont subsiste la cheminée monumentale dans la salle à manger actuelle. Des dépendances qui composaient le manoir, seul le colombier est conservé dans l'ancienne cour seigneuriale.

Edifié pour partie à l'emplacement du logis initial, le nouveau logis est en moellon de schiste réglé et assisé avec encadrements de baies, chaînage d'angle et bandeau en pierre de taille de granite. Il possède une double orientation nord-sud avec élévations ordonnancées à cinq travées. L'entrée située au centre de la maison ouvre sur un vestibule dallé de granite qui dessert les quatre pièces du rez-de-chaussée : la salle à manger et le salon placés en vis à vis, ce dernier entièrement lambrissé avec placards muraux et cheminée à trumeau. Les deux pièces sont doublées au nord par la cuisine et son garde-manger et la buanderie. Au fond du vestibule, l'escalier tournant à retours en bois dessert l'étage et ses quatre chambres pourvues d'une cheminée. Un grand comble surmonte l'ensemble. Des dépendances à usage de remise à voitures et d'écurie ferment la cour à l'ouest tandis qu'un hangar et une remise agricole bornent cet espace à l'est. Au sud, la cour est limitée par de hauts murs dans lesquels sont pratiqués de grandes ouvertures fermées par des clair-voies en bois à l'imitation de grilles en fer forgé. A l'ouest de la précédente, la basse-cour est enclose de murs, fermée au nord par d'anciennes dépendances à usage d'étables et de soues construites en alignement du logis. Un grand jardin est entièrement enclos au nord de cet ensemble.

Les quatre routoirs du Rumain sont encore visibles sous la végétation, dans un vallon, à quelques mètres à l'ouest de l'ancien manoir (cf. dossier Les routoirs du Rumain).

  • Murs
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • 1 Q 2/72. Biens de seconde origine

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 1 Q 2/72
  • Série E 2881. Seigneurie de Trolong du Rumain. Titres généraux

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : Série E 2881, 2882, 2883
  • Etats de section de Hengoat, 1836. Série 3P 83/2

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3P 83/2

Bibliographie

  • Histoire de la Révolution dans les départements de l'ancienne Bretagne. Tome V. Mellinet Editeur, Nantes,1836.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor

Documents figurés

  • Série 3 P 078. Fonds du cadastre ancien. Tableau d'assemblage et plans parcellaires de la commune de Hengoat, 1835.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3 P 078

Annexes

  • Série 1 Q 2/72. Biens de seconde origine. Domaines nationaux. Contrat de vente du 13 thermidor an 4 de la République française une et indivisible
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015