La Cartonnerie de Pontrieux est créée à la fin du XIXème siècle, par les frères Huet. Une autre unité de production fonctionne également de 1900 à 1930, à trois kilomètres en amont du Trieux, au moulin de Kerglas, à Saint-Clet.
Les relevés du recensement de 1872 nous indiquent que trois frères Huet, fils de Jean Marie, notaire à Quintin, sont venus travailler à Pontrieux et à Saint-Clet. Ils se mettent en affaire ensemble et achètent, dans un premier temps, le moulin à grain de Kerglas à Saint-Clet.
L'usine de la cartonnerie est inaugurée le 8 septembre 1886. Très vite, l'ensemble, minoterie et cartonnerie fait travailler soixante personnes.
A Rennes, en 1838, François-Charles Oberthür fonde l'imprimerie qui prend son nom. Il a l'idée de proposer la création et l'impression de «l'almanach postal». En 1860, il obtient l'exclusivité de l'impression de celui-ci. Les débouchés sont donc présents à la création de la cartonnerie. A ceci s'ajoute la fourniture de carton pour les premiers tickets du métro parisien, ainsi qu'aux papeteries de l'Odet pour les carnets de leur papier à cigarette OCB (Odet-Cascadec-Bolloré).
A la veille de la première guerre mondiale, les cartonneries de Pontrieux sont les plus importantes des Côtes du Nord, avec une production qui peut atteindre 5 000 kilos pour 24 heures de travail. La production s'écoule principalement en Bretagne, mais également à Paris où l'entreprise a un bureau. Pendant la guerre 14-18, les cartonneries poursuivent la vente de certains articles à leur clientèle privée. Cependant, elles travaillent activement pour la Défense Nationale, comme d'autres entreprises, dont les papeteries Vallée.
Après la guerre, l'activité est florissante et emploie une centaine de personnes et, ensuite, dans sa période la plus prospère, plus de 200 salariés. La direction est prise, à la suite des fondateurs, par leurs fils, Pierre, fils d’Albert et Victor, fils de Victor. Quelques années après le décès de Pierre Huet, son fils André reprend la direction de l'usine avec son oncle Victor. Ce dernier quitte l'entreprise en 1950. Après la seconde guerre mondiale, la cartonnerie est affaiblie et doit faire face à la concurrence croissante de matières nouvelles, en particulier, le plastique.
Dans les années 1960, des travaux de modernisation sont entrepris, mais les capitaux de la société sont insuffisants pour renouveler la totalité des machines. En 1973, André Huet, gérant de la société, constate que la concurrence devient trop rude pour une petite industrie comme la sienne et qu'il est dans l'impossibilité de réunir les sommes nécessaires pour améliorer son outil de travail. Il se voit contraint de fermer les portes de l'usine.