Photographe à l'Inventaire
- inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
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Hydrographies
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Commune
Tréguier
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Adresse
Place du Général Leclerc
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Dénominationsmonument aux morts
Le monument aux morts de Tréguier est considéré comme un chef d’œuvre de l'art monumental breton de l'Entre-deux-guerres. Si les archives communales de Tréguier sont très prolixes sur la réalisation de ce projet, nous ne connaissons malheureusement pas le détail qui a conduit au choix du sculpteur Francis Renaud (1887-1973) par les édiles de Tréguier. Pour sûr, l'artiste briochin est connu comme exposant régulier au Salon des artistes français.
L'originalité de ce monument commémoratif vient du choix d'une figure féminine comme sujet principal. Vêtue d'une cape de deuil et portant la « toukenn », coiffe paysanne en fil du Trégor, cette femme pleure les morts. Marie-Louise Le Put, épouse Gaultier, native de Goudelin a été choisie comme modèle par le sculpteur.
A Tréguier, Francis Renaud réussit l'alliance entre tradition bretonne, sensibilité et modernité sans doute grâce à sa propre expérience de la guerre. Prévu pour être érigé sur la place Notre-Dame-de-Coatcolvezou (les halles sont détruites en 1920), le monument est finalement disposé entre la cathédrale Saint-Tugdual et l’ancien palais épiscopal transformé en hôtel de ville. Suite à la demande de révision à la baisse du devis du sculpteur, qui aboutit au retrait de la stèle monumentale initialement prévue, le monument a paradoxalement gagné en puissance évocatrice. Si dans une lettre du 22 novembre 1920 adressée au comité du monument aux morts, le sculpteur appelait son œuvre la « Trécorroise », c’est sous le titre « la Douleur » que sa statue fut exposée au Salon des artistes français.
Le projet de monument aux morts par le sculpteur Francis Renaud
Dès le 11 décembre 1919, le conseil municipal de Tréguier a constitué un "comité du monument aux morts" (voir l'annexe intitulée "Liste des 20 membres du "comité du monument aux morts" de Tréguier) pour l'érection d'un monument aux "Morts pour la Patrie" de la Guerre 1914-1918. Le 19 février suivant, une subvention de 4000 francs est votée par le conseil municipal. Le conseil vote ensuite le 12 novembre 1920 "l'érection à titre d'hommage public, d'un monument à la mémoire de ces enfants morts pour la France". Si les archives communales de Tréguier sont très prolixes sur la réalisation de ce projet, nous ne connaissons malheureusement pas le détail qui a conduit au choix du sculpteur Francis Renaud par les édiles de Tréguier.
Le 22 novembre 1920, Francis Renaud envoie de Paris, au secrétaire du comité du monument aux morts, la photographie (de la maquette en cours d'étude) et le devis du projet de monument auquel quelques modifications ont été apportées pour améliorer l'aspect général (voir l'annexe intitulée "Extrait du devis du projet de monument aux morts de Tréguier"). Dans ce courrier, le sculpteur nomme à deux reprises son projet "la Trécorroise" du gentilé des habitants de Tréguier.
Francis Renaud décrit son projet ainsi : "monument en granite de Kersanton sur lequel reposerait une guirlande de laurier et un casque, en bronze. Une femme, dans une attitude recueillie et assise à droite. Ancre de marine et croix de guerre, sculptées dans la partie supérieure de la stèle ; l'épitaphe inscrite au dessous. Les noms des disparus inscrits sur les deux côtés de la stèle". Le monument doit avoisiner les 4,6 mètres de hauteur. Le devis arrive au montant "monument mis en place" de 23 000 francs (dans le détail : 22 544 francs). Pour la statue, le sculpteur détaille pour 5 000 francs, les frais de modèle, le travail de la maquette, le moulage et la sculpture. Le devis précise l'emplacement du monument : "le monument sera érigée place des Halles" (actuelle place Notre-Dame de Coatcolvézou).
Le financement du monument se révèle difficile : en effet, si la subvention municipale s’élève à 4000 francs (somme votée en février 1920), la subvention de l'état est limitée, selon les barèmes en vigueur, à 520 francs (voir l'annexe sur la commission départementale). Le complément a été collecté grâce à une souscription publique qui a permis de lever 8000 francs. Or, le projet est désormais chiffré à 22 544 francs (somme arrêtée au 26 avril 1921 alors que le devis initial était de 18 000 francs). En conséquence, le comité du monument aux morts demande au sculpteur de revoir son devis à la baisse.
Le 14 juin 1921, Francis Renaud s'adresse à Gustave de Kerguézec, sénateur-maire de Tréguier :"le comité ne paraissant pas s'associer entièrement à ma façon de voir, j'ai cru nécessaire de vous communiquer les coupures de journaux reçues après l'envoi de la statue au Salon des artistes français. […] J'ose espérer, néanmoins que le comité comprendra qu'il faut pour Tréguier un monument aux morts qui se dégage de toutes les banalités conçues pour commémorer les morts de la guerre et surtout en rapport avec le charme si prenant de votre jolie ville".
Après discussion, Francis Renaud est finalement obligé de revoir son projet à la baisse afin de rentrer dans l'enveloppe financière fixée par la ville. Le 29 juillet, le sculpteur demande que l'on lui adresse la liste des morts afin qu'il puisse faire graver les noms des 94 enfants de Tréguier morts pour la patrie.
De la place des Halles à un nouvel emplacement
Quoique prévu pour être installé sur la place des Halles (actuelle place Notre-Dame-de-Coatcolvézou), le monument aux morts a finalement été érigé dans la cour d'honneur de l'ancien palais épiscopal - actuelle place du Général Leclerc. C'est en effet au même moment que le maire Gustave de Kerguézec envisage de faire de l'ancien palais épiscopal, le nouvel hôtel de ville de Tréguier. Une pétition est adressée en vain, au maire et aux conseillers municipaux de Tréguier, contre le choix d'une "partie des anciennes dépendances de l'église" pour implanter le monument, alors même que "le parlement, pour ne blesser aucune conscience a interdit les emblèmes religieux sur les monuments aux morts de la guerre". Les travaux sont déjà lancés : le boulevard Anatole Le Braz est créé en 1921 (il relie la rue Colvestre au Pont noir), le "passage des voûtes" élargi pour en faire une double voie de circulation longeant la placette choisie pour recevoir le monument.
L'inauguration du monument aux morts de Tréguier
Le monument aux morts de Tréguier a été inauguré le dimanche 2 juillet 1922 par le sénateur-maire Gustave de Kerguézec en présence de Yves Le Trocquer, ministre des Travaux Publics, député des Côtes-du-Nord, membre du Conseil général et maire de Pontrieux. La cérémonie qui suit la "messe des Morts" est suivie d'un banquet : le même jour sont également inaugurés, le premier groupe d'habitations ouvrières, le dispensaire anti-tuberculeux et le nouveau stade des sports de Tréguier.
Personnalités et élus locaux assistent nombreux aux festivités ; les militaires et responsables administratifs – avec leur personnels - sont également "convoqués" (le juge de paix, l'administrateur de l'Inscription maritime, le capitaine des Douanes, le receveur des Douanes, le percepteur, le receveur de l'enregistrement, le receveur des contributions indirectes, le receveur des postes, le conducteur des Ponts-et-Chaussées, l'agent divisionnaire des chemins de fer départementaux, le chef de gare des chemins de fer départementaux, le contrôleur des chemins de fer départementaux, la directrice de l'école primaire supérieure de filles avec les professeurs, le directeur de l'école primaire supérieure de garçons avec ses professeurs, la directrice de l'école communale de filles, le directeur de l'école communale de garçons. Pour l'anecdote, la fête d'inauguration du monument aux morts de Paimpol est décalée au 9 juillet en raison de celle de Tréguier.
Deux nouvelles plaques commémoratives
En mars 1947, la ville de Tréguier traite de gré à gré avec Francis Renaud pour la fourniture d'une plaque de bronze portant le nom des 46 enfants de Tréguier morts lors de la seconde guerre mondiale. En 1976, est apposée sur le monument une nouvelle plaque par le marbrier Denmat de Tréguier à la mémoire des Français d'Outre-mer, morts pour la France.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
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Dates
- 1921, daté par source
- 1922, daté par source
- 1947, daté par source
- 1976, daté par source
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Auteur(s)
- Auteur : sculpteur attribution par travaux historiques
Sculpture de Francis Renaud réalisée en kersantite de Loperhet (carrière située près de Daoulas dans le Finistère) représentant une femme assise sur un banc de pierre. Vêtue d'une cape de deuil, elle pleure les morts. Sa tête est inclinée vers l'avant et le bas de son visage est en partie caché par un pan de la cape. Elle porte la "toukenn", coiffe paysanne en fil du Trégor. Sur la plaque de bronze située au sol, ornée d'une guirlande de laurier, d'une ancre de marine et d'un casque, on peut lire : "Aux / enfants de Tréguier / morts pour la France / 1914-1918".
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Murs
- granite pierre de taille
- kersantite pierre de taille
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État de conservationbon état
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Statut de la propriétépropriété de la commune
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Musée des Beaux-Arts de Rennes
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
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- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
Documents d'archives
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Monument aux morts ; érection : correspondance, délibération du conseil municipal, circulaires préfectorales, décret présidentiel, croquis ; liste nominative des membres du Comité du monument aux morts, pétition contre le choix du terrain (1920-1923). Pose d'une plaque commémorative à la mémoire des Trécorrois morts pour la France pendant la Seconde guerre mondiale : correspondance, marché, procès-verbaux de réception des travaux, facture (1947). Pose d'une plaque commémorative à la mémoire des Français d'Outre-mer morts pour la patrie : correspondances, soumissions (1975). 1920-1975.
Bibliographie
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LE HENAFF, Michel. La Grande Guerre. Mémorial des 94 Morts Pour la France. Ville de Tréguier. 2018, 135 p.
Périodiques
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BONNET, Philippe. "Les sculpteurs bretons (1900-1950) : La puissance et la grâce" (première partie). Ar Men, n° 97, 1999.
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BONNET, Philippe. "Les sculpteurs bretons (1900-1950) : La puissance et la grâce" (deuxième partie). Ar Men, n° 99, 1999, p. 44-53.
Annexes
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Liste des 20 membres du "comité du monument aux morts" de Tréguier constitué le 11 décembre 1919
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La commission départementale d'examen des projets de monuments commémoratifs aux soldats morts pour la patrie
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Extrait du devis du projet de monument aux morts de Tréguier par le sculpteur Francis Renaud, 22 novembre 1920
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.