Moulin à teiller du Palacret (Saint-Laurent) - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

(d'après Yves Le Moullec)

Le moulin dépendait de la Commanderie du Palacret, propriété des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. La date de fondation de la Commanderie n’est pas connue, cependant le site du Palacret est mentionné dès 1276. Le moulin faisait partie d’un ensemble comprenant le manoir, la chapelle, l’écurie, le fournil, le pavillon d’habitation, et la prison. De cet ensemble ne subsistent que le moulin et la chapelle aujourd’hui très remaniés. La plus ancienne description du moulin figure dans un bail de fermage établi au nom de Regnault de Saint-Simon, chevalier de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de la Feuillée et du Palacret, le 1 janvier 1490, à Jean le Leizour, par Guillaume Quantin receveur du commandeur : un « moulin à grains, à deux tournants et moulants, un blanc et un brun ... ».

Avec la Révolution française, les propriétés de l’Ordre des Hospitaliers sont confisquées le 19 septembre 1792 par l’État pour être vendues en différentes parcelles aux enchères le 9 avril 1806 à Jean le Guyader.

Entre 1806 et 1871, différents propriétaires se succèdent sur le site du Palacret avant que le moulin à grains ne soit transformé en moulin à teiller par Alain Riou et Louise Le Corre. Devenue veuve en 1878, Louise Le Corre se marie avec Jean-Marie Le Moullec et poursuit l’activité de teillage. Les parcelles séparées lors de la période révolutionnaire sont rachetées par le couple en 1889 pour reconstituer le domaine du Palacret. En 1894, ils construisent la longère d’habitation actuelle ainsi que la structure en pierre du moulin (qui était visible avant la réhabilitation par la Communauté de communes du Pays de Bégard) et les bâtiments annexes : l’étable, l’écurie, la crèche, le lavoir et le fournil. De 1881 à 2001, le site du Palacret restera la propriété de la famille Le Moullec qui fait l’acquisition de nouvelles machines (teilleuse à turbines, l’arracheuse mécanique).

Le teillage cesse son activité en 1981. Cependant, des visites et des démonstrations sont assurées, permettant ainsi de garder le système et les équipements opérationnels. Les dernières transformations du moulin visibles aujourd’hui ont été faites par la Communauté de communes du Pays de Bégard qui devient propriétaire en 2001 (puis Guingamp-Paimpol Armor-Argoat Agglomération en 2017) ; elle réhabilite le site du Palacret tandis que quatre associations en assurent les animations. Parmi elles, « Les Amis du Palacret » s’occupent de la restauration des équipements du teillage, à savoir :

- l’étude et la fabrication des deux roues hydrauliques et le remplacement des deux turbines par ces roues.

- la construction des multiplicateurs de vitesse des dites roues

- la restauration de la teilleuse à filasse

- la restauration de trois postes du moulin flamand (spatules)

- la restauration de la retourneuse-lieuse de lin

- la restauration de l’arracheuse de lin.

Situé à l’ouest de la commune de Saint-Laurent, le teillage mécanique est édifié sur une pente. Il est réhabilité par la Communauté de communes du Pays de Bégard en 2001 tandis que les équipements liés au teillage sont restaurés par l’association Les Amis du Palacret. Un cours d’eau alimente la roue du moulin avant de se jeter dans le Jaudy.

Aujourd’hui le moulin est composé de trois corps de bâtiments contemporains reliés, seule une partie de la structure en pierre de l’ancien moulin a servi de réemploi pour le bâtiment central, le reste ayant été construit lors de la réhabilitation du site. Les combles qui servaient à entreposer le lin ont été réagencés en un étage (aujourd’hui centre de documentation).

Le moulin à teiller s’intègre dans un ensemble bâti au nord duquel se trouve la partie habitation, le fournil, d'un bâtiment nommé « grange » composé de deux corps de bâtiments, de l’ancienne chapelle de la Commanderie fortement remaniée et d’un lavoir sur la rivière le Jaudy qui longe le site du Palacret côté ouest.

La chaîne de teillage, ou teilleuse à turbines, fait partie intégrante du teillage mécanique. Elle date des années 1960 et est toujours en état de marche. Ce sont des machines d’occasion, d’origine inconnue, qui fonctionnent grâce à l’énergie hydraulique transmise par les deux roues du moulin. Plusieurs étapes sont nécessaires à l’obtention de la fibre de lin.

1ère étape : le lin passe par le broyeur - série de cylindres cannelés -, une grande partie des anas (ou bois cassé) tombent,

2e étape : le lin est amené dans les deux teilleuses à turbines qui, mues par la force hydraulique, battent le lin avec des battoirs métalliques dans un tambour clos,

3e étape : la filasse est récupérée,

4e étape : la teilleuse à étoupe permet de la retravailler.