Dossier d’œuvre architecture IA22133388 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Manoir de Traou Miquel (Minihy-Tréguier)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
  • Commune Minihy-Tréguier
  • Adresse 3 bis Rue Traou Miquel
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance, toit à porcs, étable

L’actuel propriétaire du manoir de Traou Miquel a entrepris des recherches historiques afin de retracer la dévolution de la seigneurie à partir des fonds conservés aux Archives départementales des Côtes-d’Armor (voir l’annexe intitulée "Histoire du manoir de Traou Miquel. 1624 à 2018"). Les familles Le Goff, Le Bonniec et Morinière de Villefort se sont succédées à Traou Miquel du début du 17e siècle jusqu'au début du 19e siècle.

Pendant la Révolution, c’est Jean Baptiste Morinière de Villefort qui demeure à Traou Miquel. Il est mentionné comme maire de Minihy-Tréguier en 1794 et 1795. Le manoir et ses terres, déclassées en exploitation agricole au 19e siècle (à partir de 1814, date du décès de Jean Baptiste Morinière de Villefort ?), appartiennent successivement aux familles Le Moullec (via Marie Augustine Le Moullec issue du mariage de Marie-Antoinette Morinière et de Isaac Louis Le Moullec) puis Le Goaster (Marie Augustine Le Moullec a épousé Alain Le Goaster).

Marie Augustine Le Goaster (arrière-petite-fille de Jean Baptiste Morinière de Villefort, née en 1828) vend finalement Traou Miquel à Auguste Le Goaster en 1887 (il s’agit d’une branche différente de la famille). La famille Le Goaster conservera Traou Miquel dans son giron jusqu’en 1968. C’est Olivier Potin, dont la famille exploitait les terres depuis plusieurs générations qui achète Traou Miquel.

Suite à son achat par la famille Lapize de Salle en 1992, l’ancien manoir - déclassé en exploitation agricole - devient une maison d’habitation.

C’est en 2004 que la famille Boussu a acheté Traou Miquel, le projet consistait en la restauration/réhabilitation du manoir et la création d’un jardin. Traou Miquel a accueilli l’opération "jardins secrets" en octobre 2015 (chaque année, cette exposition-vente est l'occasion de découvrir un manoir privé remarquable qui ouvre exceptionnellement son domaine).

Le manoir de Traou Miquel a été peint par Louis-Marie Faudacq à la fin du 19e siècle.

Volume du logis, portes en arc plein cintre, cheminées et distribution verticale par un escalier en vis en bois plaident pour une mise en œuvre au début du 17e siècle ce que vient confirmer le millésime "1639" déchiffré au-dessus de la porte d’entrée. Selon toute vraisemblance, la reconstruction du manoir en 1639 est due à Jacques Le Goff (1584-1664). Alors âgé de 55 ans, c’est un notable de la ville de Tréguier qui a déjà une longue carrière. En 1624, il avait été élu "procureur syndic miseur" par le conseil des bourgeois de la ville. Il a épousé Marguerite Trogoff (décédée en 1647) puis Marie Le Bleiz.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle, 2e moitié 17e siècle, 18e siècle
    • Secondaire : 19e siècle, 4e quart 20e siècle, 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1639, porte la date

Cet ensemble bâti ancien, à la fois résidence seigneuriale et exploitation agricole est situé à 400 mètres au nord-ouest du bourg de Minihy-Tréguier. Le manoir est implanté au sud du chemin de Saint-Michel, non loin de la route de Tréguier à La Roche-Derrien. Une croix, qualifiée de "neuve", est figurée au carrefour situé entre le manoir et le bourg sur le cadastre de 1835. Aucun cours d’eau ou point d’eau n’est figuré à proximité du manoir qui dispose d'un puits.

Le toponyme "Traou Miquel" est mentionné sur le cadastre de 1835. L’institut géographique national (IGN) a également retenu ce même toponyme. Les archives de la seigneurie mentionnent "Traumiquel"(Jacques le Goff, seigneur en 1624), "Tromiquel" (1758), "Tromicaël" (1768), "Tromikel", ou encore "Tro Miquel". La seigneurie doit soit son nom – littéralement le "vallon de Michel" à sa position géographique, au sud-ouest de la chapelle Saint-Michel, qui se trouvait autrefois sur le territoire de Minihy-Tréguier.

Selon les états de section du cadastre de 1835, les parcelles avoisinantes de la ferme sont désignées comme "parc Liberté, vague [barré] lande" (n° 469), "parc bian, labour" (n° 471), "l’enclos, labour" (n° 472), "maison" (n° 473), "maison, bâtiment et cour" (n° 474), "ar jardin, jardin" (n° 476), "c’hlos bian, labour" (n° 477), "ar vezer, jardin [barré] labour" (n° 478), "parc an groas, labour" (n° 479), "parc ar pors [?], labour" (n° 480)… Située immédiatement au nord de Traou Miquel, la parcelle n° 470 nommée "parc puns [littéralement, le parc du puits], labour" appartient à Hyacinthe Quelen (propriétaire de la métairie de Kermartin) tout comme la parcelle n° 475.

Construit principalement en moellon de schiste de dimensions variables, le corps de logis - en équerre vers l’ouest - est flanqué au nord d’une tour d’escalier de plan carré. Sa façade principale mesure près de 28 mètres de longueur. Il comporte dans son état actuel cinq pièces au rez-de-chaussée dont quatre pièces à feu. Linteaux de fenêtres et piédroits en granite semblent témoigner de remplois d’éléments architectoniques plus anciens.

S’il est aujourd’hui difficile de retracer avec précision la construction du manoir, nous pouvons identifier différentes étapes :

- logis ouest à un étage comprenant une tour d’escalier de plan carré : il comporte deux portes en arc plein cintre, dont celle principale – située dans la façade est – portant le millésime "1639". La salle basse a conservé sa cheminée monumentale engagée dans le pignon sud et sa poutraison. La tour, desservie depuis la salle basse par une porte en arc plein cintre, abrite un escalier en vis en bois. Il est éclairé par deux petites baies rectangulaires percées à l’ouest. Les ouvertures du logis sont organisées en travées régulières tant sur la façade principale – tournée vers l’est - que sur la façade postérieure tournée vers l’ouest. Le cadastre de 1835 figure la "cour arrière", accessible directement depuis la porte ouest du logis. Les ouvertures du rez-de-chaussée du pignon sud ont été modifiées après 2005 : une terrasse a été créée au sud.

- tour sur trois niveaux abritant une pièce par niveau. Si le rez-de-chaussée pouvait être à usage de fosse de latrines, les pièces situées au premier ou au deuxième étage étaient à usage probable de garde-robe ou de latrines et disposent d’une fenêtre orientée vers l’ouest. Accolée à la tour d’escalier, cette tour lui est forcément postérieure. La tour d’escalier et la tour « complémentaire » ont été réunies sous une même couverture en pavillon couronnée de deux épis de faîtage.

- retour en équerre vers l’ouest. L’usage de la pièce situé au rez-de-chaussée n’est pas connu : elle était originellement éclairée par deux fenêtres percées dans le mur sud. Les ouvertures du rez-de-chaussée ont été modifiées après 2005. La pièce située au premier étage sert de chambre : elle est dotée d’une cheminée aménagée dans le pignon ouest, d’une fenêtre au sud et d’une autre petite fenêtre vers l’ouest.

- logis est en rez-de-chaussée, il est surnommé la "longère". La cheminée n’est malheureusement pas datable. La datation de la charpente par dendrochronologie permettrait de donner une date d’abattage des arbres. L’aménagement de l’étage de comble est récent à l’échelle de l’histoire du manoir. Il pourrait s’agir de l’ancienne métairie du manoir.

- une dépendance en appentis sur le pignon sud, à usage probable d’étable (présente sur le cadastre de 1835, arasée après 1973).

Le puits à margelle circulaire, comporte comme dernier élément une margelle monolithe en granite.

  • Murs
    • granite moellon
    • schiste moellon
    • maçonnerie
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis avec jour en charpente
  • Jardins
    parterre, pièce de gazon, groupe d'arbres
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    manoir

Documents d'archives

  • Canton de Tréguier (22). Pré-inventaire de la commune de Minihy-Trégier par Nicole Chouteau et Viviane Maillen assistées de Didier Richard pour les photographies, 1973.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 152

Annexes

  • Histoire du manoir de Traou Miquel. 1624 à 2018 par Michel Boussu, décembre 2018
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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