La description ci-dessous est empruntée à Marc Décenneux.

"Remontée au 18e siècle sur un emmarchement qui en accroit encore le caractère imposant, elle s’élève sur une puissante base prismatique moulurée, entourée par une table carrée portée par des colonnettes dont les bases et les chapiteaux à crochets bourgeonnés sont bien du 13e siècle finissant ; au-dessus de la table, le départ du fût est constitué d’un large tambour monolithe circulaire sculpté de neuf personnages agenouillés, dont les tuniques longues trahissent la même époque ; le fût, de section ronde, est très élancé et se termine par un petit tambour formant chapiteau, orné lui de six personnages agenouillés ; au sommet, enfin, un panneau quadrilobé sous un auvent fleuronné porte à l’est une Vierge à l’enfant et à l’ouest le Christ en croix entre Marie et saint Jean. L’ensemble est très cohérent par le matériau, la facture et les proportions : il ne s’agit donc pas, comme cela a pu être dit, d’un monument composite fait de pièces et de morceaux."

"Cette œuvre exceptionnelle mérite, en tant que grand ancêtre, une analyse sémiologique précise. La table portée par ses quatre colonnes représente le monde terrestre selon une symbolique classique à l’époque médiévale. Les personnages agenouillés au-dessus sont distribués dans un mode hiérarchique évident. Nous pouvons y voir quatre chevaliers en armes, trois frères vêtus d’une chape, et enfin deux dignitaires se distinguant par leur manteau sans capuche que ferme une agrafe losangée. Cette tripartition, matérialisée par un schéma arithmétique (4-3-2), correspond aux trois niveaux de chapitres, propre à l’ordre du temple : chapitre ordinaire, d’abord (la règle du temple précise : « partout où il y aura quatre frères ou plus réunis ensemble… » qui se réunit d’une façon hebdomadaire dans les commanderies ; ensuite chapitre provincial, dit encore chambre prieurale ; chapitre général enfin qui réunit les hauts dignitaires de l’ordre (les deux personnages à manteau doivent représentés les deux adjoints du Grand Maître, le Maréchal et le Sénéchal). C’est là, exprimée dans un raccourci efficace, une image de l’ordre du Temple symbolisé dans sa globalité, le grand Maître suprême étant le Christ du sommet achevant la pyramide (4-3-2-1) ainsi résolue dans l’Unité."