Milieu naturel et historique
Plusieurs documents permettent de retracer l´évolution de l´espace rural depuis le 18e siècle. La forêt de Carnoët et une partie de la campagne cultivée figurent sur un plan de 1731 (dit plan Robert) conservé aux Archives Nationales. Levé en 1755 dans un but militaire, le " relevé des Côtes de France " donne un état des lieux très détaillé de la zone méridionale déjà fortement peuplée, avec des indications sur le bâti, le réseau des chemins, les cultures et le boisement. Quelques rares inventaires après décès ont fait l´objet d´une analyse, notamment ceux du 17e et 18e siècles concernant le village de Kerloas dont subsistent des vestiges. Les tableaux peints par Paul Gauguin et ses amis dans les années 1880-1890 confèrent à certains hameaux (Kersellec, Kerrou) une notoriété artistique qui dépasse largement le contexte local, tout en témoignant de l´évolution du patrimoine rural et paysager qui, depuis, reste continuellement exposé aux pressions diverses.
Le réseau des voies de communication et les structures des hameaux restent globalement stables entre 1731 et 1823, date du premier cadastre, avant de connaître des modifications plus ou moins marquées, surtout entre 1850 et 1900. La configuration de certains hameaux, comme par exemple Kerantallec, a radicalement changé. A l´inverse, on notera peu d´évolution pour certains hameaux importants tels que le Grand Léty, Kersellec, Keranquernat ou Saint-Germain, même si certains bâtiments ont été reconstruits in situ. Au sein de ces hameaux, quatre ou cinq exploitations étaient ainsi regroupées. Les champs et les chemins étaient délimités de grandes dalles de schiste (palis) dont ne subsistent que quelques rares témoins, notamment à Kersellec, qui figurent sur le célèbre tableau de Paul Gauguin « Le toit bleu » (1886).
L´exploitation du vaste massif forestier de chênes et de hêtres, tout comme la pêche côtière concentrée, pour l´essentiel, à Doëlan, complètent une polyculture déjà prospère sous l´Ancien Régime, favorisée par l´amendement des terres par le goémon et le sable et un climat doux et tempéré.
Dans ses " Recherches statistiques sur le département du Finistère " publiées en 1836, Du Châtellier signale l´excellente qualité des terres labourables près de côte atlantique. Bien avant le renouveau généralisé de l´architecture rurale, l´auteur note : " Il paraît se faire peu de bâtisses nouvelles, mais on y remarque une amélioration sensible, dans leur construction, par l´élévation des étages et la grandeur des ouvertures ". En 1843, d´après Ogée, la moitié de la superficie du territoire communal est constituée de terres labourables et un peu moins d´un tiers de landes qui, cultivées, faisaient alors intégralement partie de l´exploitation agricole.
Parmi soixante huit oeuvres recensées par l´Inventaire, sept (Cotonard, Grand Léty, Le Héder, Kerguilan, Kernou, Kervéo, Rostel), sélectionnés pour étude, ont fait objet d´un dossier individuel. Les dates portées relevées vont du milieu du 17e siècle aux années 1930, couvrant ainsi trois siècles, avec un taux de représentation très faible pour les 17e et 18e siècles. A partir de 1850, la progression est sensible, avant d´atteindre l´apogée entre 1870 et 1914, époque qui correspond à la modernisation de l´agriculture, du tourisme et à un essor démographique sans précédent.
Davantage que dans les autres communes du canton de Quimperlé, la culture de pommiers et la fabrication de cidre progresse sensiblement depuis le début du 19e siècle. Certaines exploitations se spécialisent dans la fabrication artisanale, voire industrielle, de cidres réputés. D´une production à moyenne ou grande échelle témoignent encore quelques rares bâtiments. La production cidrière du Héder, intense entre la fin du 19e siècle et 1939, récompensée lors de concours agricoles nationaux, est acheminée par voie ferrée, via Quimperlé, vers Lorient, Paris et Toulouse. Aujourd´hui, seul un vaste entrepôt à barriques, construit en 1913, témoigne de cette activité, alors que le pressoir, construction contemporaine en brique et bois, a disparu. Les vergers y sont en pleine expansion en 1907 et la production de cidre augmente jusqu´à la veille de la Seconde Guerre mondiale, avant de décliner définitivement dans les années 1950, entraînant la désaffection des bâtiments. Bien que de moindre importance, les cidreries de Kerrine, de Keranquernat et de Locoïc gardent les traces architecturales de cette activité. La cidrerie de Kerrine est une construction en béton armé datée 1931 qui abrite un pressoir hydraulique estampillé Tanvez, Guingamp. Quant au pressoir de Keranquernat, également construit vers 1930, il a été entièrement transformé. La destruction ou l´abandon des vergers a profondément changé le paysage rural. Aujourd´hui, des replantations raisonnées sont en cours, conséquence du tourisme et d´habitudes alimentaires liées aux traditions régionales dont le cidre fait partie. La production artisanale du cidre a ainsi localement repris (Kerrien). Des bâtiments ou parties de bâtiments, à l´origine destinés à abriter des pressoirs à pommes, ont été repérés, entre autres, à Kervéo, Rostel, le Granec, Kercahen, Kersellec, Locoïc, Locouarn, Petit Garlouët, Petit Léty et Pors Creis.
Depuis les années 1850, l´architecture rurale porte progressivement l´empreinte de modèles standardisés dont l´enseignement agricole se fait le relais ; cette influence se fait sentir dans certaines fermes « modernes » comme, par exemple, à Kerquilven. Etables et écuries mieux aérées, logis à étage plus spacieux et granges et remises plus grandes conduisent à une certaine monumentalisation des bâtiments ruraux dont la réalisation est souvent confiée à des maîtres d´oeuvres locaux. L´entrepreneur Etienne Le Courant construit en 1927 au Héder le logis du courtier en cidre Pierre Brangoulo, avec le concours du tailleur de pierre Sinquin originaire de Bannalec ; Le Courant signe également les logis de Hirguer et de Kerlou (vers 1930). L´entreprise Goésin construit, entre autre, les logis de Kergant (1901), Kerbonalen (1902), Kerrine (1904), Kerguissal (1925) et Kervélan (1927). Les Goésin sont attestés à Clohars-Carnoët depuis la fin du 17e siècle en tant que maçons de père en fils. Enfin, Michel Bonnaire, entrepreneur en bâtiment et maire de la commune au début du 20e siècle, réalise un grand nombre de maisons à Langlazic, Lannévain et surtout au bourg, dont sa propre maison, place de la mairie. D´origine italienne, les cimentiers Bertagnolio et de Stefano de Moëlan et le plâtrier Rucio de Quimperlé interviennent sur les chantiers des années 1930.
Composition d´ensemble
Le regroupement de plusieurs unités d´exploitation au sein d´un hameau caractérise l´habitat le plus ancien. En témoignent Kersellec, Keruster ou Kernévénas dans le sud ou encore Penhars et le Petit Léty au nord, lieux jadis dépendants de l'abbaye de Saint-Maurice. Dans la partie nord de la commune, les implantations sont plus dispersées, plus tardives aussi, et la configuration isolée prédomine (Kerbonalen). Certaines implantations à proximité de la forêt de Carnoët correspondent à un habitat de défrichement qui se distingue par la petitesse ou l´absence de parties agricoles (Tromaro). Le déclassement des anciens logis en dépendance lors de la construction d´un nouveau logis est une conséquence du renouveau généralisé de l´agriculture à partir de 1850 (Rostel, Kerlou, Kernabec, Keruster). A Kervélan, propriété transmise depuis plusieurs générations, l´ancien logis (17e-18e siècles) est délaissé une première fois au profit d´un nouveau logis vers le milieu du 19e siècle ; ce bâtiment, à son tour, sert de logement aux métayers et ouvriers agricoles depuis la construction, en 1927, d´un grand logis de type urbain à l´écart du hameau.
A l´intérieur des grands hameaux, chaque exploitation disposait d´un accès individuel, tout en partageant, avec les autres fermes, des espaces communs tels que cours et chemins conduisant aux champs (Grand Léty).
Les exploitations sont organisées suivant trois schémas récurrents : bâtiments disposés en alignement, bâtiments disposés autour d´une cour plus ou moins régulière en L ou en U et, plus rarement, regroupement, suivant un plan massé de type modélisé, du logis, du cellier et d´une resserre sous un même toit.
Les formes d´alignement vont de la simple association d´un logis et d´une étable (Kermazuel, Kermerrien, Kernabec, Penhars, Kervélan) aux " longères " associant plusieurs logis, étables et remises (Saint-Maudez, le Granec, Kerquilven, Kerbonalen).
La création d´une cour résulte souvent d´éléments ajoutés tels que granges et remises (Keranquernat, Kerlou, Kersellec) qui jouxtent, parfois, le logis en angle oblique et présentent leurs pignons percés de grandes portes charretières (Kervéo, Kermazuel, Pors Creis).
Bien que marginal, le regroupement, au sein d´un même bâtiment de plan massé de type modélisé, a été observé au Petit Garlouët et à Quelvez, Rostel et Locouarn, exploitations voisines. Il s´agit de constructions des années 1900 qui se signalent par un logis à étage à trois travées flanqué d´appentis latéraux et postérieurs qui abritent un cellier, une resserre et parfois une écurie, espaces qui communiquent directement avec les pièces d´habitation. Les combles des appentis latéraux servaient sans doute de greniers auxquels on accédait par une échelle extérieure. Ces réalisations, différentes des types locaux, ont peut-être été conçues d´après des modèles issus d´ouvrages théoriques. L´influence des traités est également perceptible à Kerquilven où le logis à lucarne-pignon en façade porte la date de 1893.
Les dépendances sont, malgré l´évolution des modes de cultures et les affectations successives, encore suffisamment nombreuses et authentiques pour comprendre les structures et les fonctions d´origine. Le nombre de granges, bâties ou rebâties dans la seconde moitié du 19e siècle, est élevé. Intacte, la grange de Kerguilan, datée 1779, compte parmi les plus anciennes ; deux accès, l´un situé en pignon (porte charretière), l´autre en façade et permettant l´accès à un espace qui servait partiellement de grenier, caractérisent non seulement Kerguilan mais un certain nombre de granges dont la morphologie n´évolue guère jusqu´à la veille de la première Guerre mondiale. Le percement d´une fenêtre au-dessus de la porte charretière qui s´observe dans les granges de grande hauteur, est parfois la conséquence de la mise en place d´un plancher et d´un niveau supplémentaire qu´il fallait éclairer et aérer. Bâtie en 1874, la grange de Pors Creis conserve sa distribution d´origine. L´accès se fait par la porte charretière située en pignon ; à l´intérieur, seule la partie du fond, soit environ un tiers de l´espace, comporte deux niveaux avec, au rez-de-chaussée, une resserre ou cave cloisonnées et, au niveau des combles, un grenier accessible par un escalier en bois adossé au mur gouttereau. Les deux-tiers restants de l´espace, ouverts sous la charpente, servaient à abriter les charrettes dont le chargement pouvait être aisément déposé sur le plancher du grenier.
Des granges d´un type différent, construites à la fin du 19e siècle, ont été recensées à Saint-Maudez, le Granec, Kerroué, Keradam, Kersellec, Kerquilven et Locouarn. Faisant partie de l´alignement, elles jouxtent le logis et la porte charretière se situe au centre du mur gouttereau, en façade.
Beaucoup de granges, souvent à pignons découverts coiffés d´une croix, conservent, au-dessus de la porte charretière, une pierre gravée aux noms des commanditaires ainsi qu´une date et un décor sculpté entourant parfois une niche à Vierge.
Quelques édifices agricoles à fonctions multiples associant un four à pain, un cellier et un logement sous le même toit ont été repérés. A Cotonard, un corps de bâtiment d´environ 22 mètres de long, vraisemblablement construit au milieu du 19e siècle, servait de fournil surmonté d´un grenier d´un côté, de grange à porte charretière en pignon de l´autre ; il n´est pas à exclure que cet ensemble a évolué au cours du temps en fonction des usages successifs (logis déclassé et transformé en fournil, rajout de la grange), montrant ainsi une caractéristique de l´architecture agricole, constamment restructurée et modifiée suivant les besoins.
L'association remise/grange/four à pain était courante et subsiste notamment à Keradam, Kercahen, Kernou, Kersellec (1878), Saint-Maudez, Kerguivarrec (vers 1882) et Kervéo (1895). La pièce à feu pouvait, au moins temporairement, servir de logement (Kervéo) ou de lieu destiné à fumer l´andouille.
Des fours à pain, individuels ou à usage commun élevés à distance, faisaient partie de chaque ferme ou hameau. Un four associé à un abri en charpente subsiste, en état de vestiges, au Petit Garlouët.
Des fours à pain isolés ont été localisés au Grand Léty, Rostel, le Granec, Keranquernat, Kermerrien, Kersellec et Keruster (repérage non exhaustif).
Certains petits édifices destinés à abriter les cochons ont été repérés (Grand Léty). A l´instar des autres communes du canton et du Morbihan voisin, quelques toits à porcs de plan circulaire subsistent notamment à Kernou (vestiges), Hirguer et Kermazuel où l´ardoise en couverture a remplacé le chaume. Un certain nombre d´édifices circulaires de petites dimensions figurent sur le premier cadastre, sans qu´il soit toujours possible de trancher entre deux identifications possibles, le four à pain ou le toit à porcs.
L´existence d´un puits par ferme est la règle, même au niveau d´un habitat regroupé où le puits à usage commun reste l´exception. Avec un total de 181 écarts, on peut estimer à environ 200, voire plus, le nombre de puits dans la commune. Les dates portées vont de 1789 à 1902. La majorité des puits est de structure carrée alors que les exemplaires les plus anciens sont circulaires, avec des margelles monolithes, soit en granite, soit en schiste. Les superstructures sont en pierre et portent parfois, sur la traverse, la date et un décor à boules ou une croix. Parmi les puits datés, citons Kermazuel (1789), Keradam (1806), Quéon (1828), Kersouq (1844), Kerguélen (1857), le Granec (1887) et Kervéo (1902). Le puits de Kerroué, construit en 1895, se distingue par une mise en oeuvre particulièrement soignée, avec des chaînages d´angle en pierre de taille, une margelle débordante, des piédroits et une traverse moulurés.
Matériaux
En 1836, Du Châtellier note l´excellente qualité du moellon de Clohars-Carnoët. Le recours au schiste extrait sur place et sur le littoral où il affleure, est majoritaire pour les constructions les plus anciennes (Saint-Mady, Kercahen, Kersouq, Kernabec). L´encadrement des baies est en schiste ou, pour les périodes plus récentes, en granite provenant souvent de la commune voisine de Moëlan. Deux gisements de roches granitiques servant de matériaux de construction sont localisés sur la carte géologique au sud ouest du bourg, dont un à proximité de Kervennec, lieu d´extraction de moellons encore en activité dans les années 1930. Parmi les nombreuses petites carrières éphémères aujourd´hui oubliées, celle de Kerbeurnès livrait le gros-oeuvre pour les constructions des environs, notamment Le Héder (1858-1913) et Kerantallec (1869). L´usage d´un granite de teinte claire pour l´encadrement des baies, en opposition avec le schiste sombre des élévations (Kerguissal), tend à se généraliser à partir du milieu du 19e siècle. Mais en raison du caractère tardif du bâti, la majorité des édifices, logis en tête, est couverte d´un enduit en ciment. Une série de logis à étage, aussi bien au bourg qu´en écart, souvent construits par les entreprises de maçonnerie Le Courant, Bonnaire et Goésin, affichent des similitudes signalées surtout par des linteaux, tantôt composés de plate-bandes en bâtière avec agrafes saillantes, tantôt en forme de modillons fortement galbés et chantournés (Langlazic, Kerbonalen).
Les couvertures traditionnelles en chaume ont disparu, à l´exception de quelques vestiges aujourd´hui couverts de tôles ondulées (Kernabec). Un grand nombre de constructions, logis ou dépendances, portent, sur les pignons, la trace des transformations intervenues lors du remplacement des anciennes toitures en chaume. Actuellement, le recours au végétal en couverture est perpétué, bien que d´une manière marginale, dans le cadre de restaurations (Pors Creis, Penhars).
L´emploi de la tuile mécanique en couverture tend à s´amplifier en cas de réfections d´anciennes toitures en chaume (Keranquernat, Keruster, Locoïc, Saint-Germain, Kerrien, Mez Hir), ou pour des logis construits entre 1920 et 1940. Les archives de l´entreprise Goésin qui couvrent la période entre 1929 et 1939 donnent quelques renseignements précis sur l´emploi et l´origine de la tuile en couverture. Les tuileries Perrusson Desfontaines à Ecuisses (Saône-et-Loire) fournissent, par intermédiaire de l´entreprise de construction Fiche à Lorient, l´entreprise Goésin qui préfère poser la tuile à la place de l´ardoise, matériau plus onéreux. En 1929, l´entreprise Goésin passe, pour la couverture d´une maison à Porsguern, une commande de « 3300 tuiles N° 18 premier choix, tenailles et vives à écusson », soit un wagon de chemin de fer à livrer en gare de Quimperlé. En 2000, les tuiles d´un logis à Kervélan, en place depuis sa construction en 1927, ont été remplacées par l´ardoise, faute de tuiles appropriées et en raison de la perte d'un savoir-faire, dans une région où l´ardoise, plus prisée, prédomine.
Elévations, distributions intérieures et typologie
Le classement en deux grandes catégories, « l´habitat mixte », caractérisé par la cohabitation des hommes et du bétail sous le même toit, et le « logis indépendant », défini par l´absence de la cohabitation entre hommes et animaux, peut être appliqué au territoire de Clohars-Carnoët où la seconde catégorie arrive très nettement en tête.
« L´habitat mixte » est encore décelable à Kerbonalen, Kermazuel, Kernabec, Kersouq, Kervélan, Penhars, Saint-Germain ou Saint-Mady, c´est-à-dire la partie la plus ancienne du corpus recensé. L´association d´un logis bas jouxtant l´étable et d´un logis haut accessible par un escalier extérieur en pierre subsiste à Keranquernat et des traces restent visibles à Kercorn et à Kerloas, logis qui, bien que dénaturé et ne figurant à ce titre pas parmi les éléments repérés, compte parmi les plus anciens de la commune (1694).
Le « logis indépendant », c´est-à-dire dissocié des parties agricoles, représente la catégorie la plus répandue au sein de laquelle le logis à un étage et trois travées l´emporte largement. Le plan à deux pièces par niveau, avec couloir central délimité par des cloisons en bois et enfermant l´escalier, est majoritaire. A Saint-Germain, des planches épaisses fixées sur des solives en bois posées à même le sol en terre battue, remontent à l´origine du logis, c´est-à-dire la première moitié du 19e siècle. Mais généralement, rares sont les éléments d´origine encore en place, mis à part les cheminées dont les linteaux et les corbelets sont, pour les périodes les plus anciennes, en bois, matériau qui sera, à partir de 1850, progressivement remplacé par le granite.
Le décor des élévations se limite aux niches destinées à abriter une statuette ; aménagées au-dessus de la porte d´entrée, elles présentent parfois une ornementation à caractère standardisé et sériel en forme de candélabres, croix, étoiles ou décor floral stylisé, sans doute issue d´ateliers de tailleurs de pierre locaux. Les noms des commanditaires s´y affichent parfois ; c´est le cas à Kerlou (1874), Hirguer et Kervéo (1902), Kermazuel (1897), Kersellec (1908).
Les maisons du bourg
Construites pour la plupart à la charnière du 19e et du 20e siècle, elles appartiennent majoritairement au type standardisé dit ternaire, avec un étage et façades à trois travées. Quelques réalisations se distinguent par leur taille et leurs caractéristiques architecturales qui les rangent parmi les demeures de notables : jardins clos de murs, dépendances avec remises et écuries, logis à plan double en profondeur, toits à croupe, corniches accentuées, chaînages d´angle, lucarnes-fronton ou encore lignolets et épis de faîtage en zinc repoussé (4, rue Saint-Jacques). Répondant en 1907 à la demande du commanditaire, le docteur Mathurin Le Fort, la propriété située au 17, rue Lannevain, associe l´habitation et le cabinet médical.
Durant la période de l´entre-deux-guerres, les modèles issus des catalogues et l´essor de l´architecture pavillonnaire de Lorient marquent un certain nombre de constructions situées à la sortie du bourg, entre Lannevain et Quillien (élévations modélisées, structures en béton, enduits grattés et colorés), parmi lesquelles se signale la propre maison de l´entrepreneur Etienne Le Courant.
Conclusion
Les fermes de la commune de Clohars-Carnoët ne sont guère différentes de celles des autres communes du canton de Quimperlé avec lesquelles elles partagent le caractère tardif lié à un taux de reconstruction significatif à partir de 1850. En revanche, le nombre élevé de granges est remarquable, tout comme la quantité de bâtiments, ou parties de bâtiments, liés à la production du cidre. L´existence de quelques fermes de plan massé de type modélisé, aux origines et fonctions encore mal connues, absentes des autres communes du canton, est une particularité notable. L´impact des entreprises de maçonnerie locales (Bonnaire, Goésin, Le Courant) dont l´activité couvre une période assez longue allant de la fin du 19e siècle jusqu´à nos jours est très sensible, aussi bien à la campagne qu´au bourg. Enfin, rarement conservé puisque d´emblée destiné à servir d´habitat précaire, une seule baraque destinée en 1945 à loger temporairement la population lorientaise fuyant les bombardements, a été répertoriée près du village de Kermazuel où elle sert toujours d´habitat saisonnier.