Dossier d’œuvre architecture IA29001546 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
Fort, année "1883-1886" (Cr 19), Pen ar Ménez (Crozon)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Nord
  • Commune Crozon
  • Lieu-dit Pen ar Ménez
  • Dénominations
    ceinture de forts, fort, caserne, batterie, corps de garde
  • Appellations
    Fort de Crozon
  • Destinations
    caserne

LES FORTIFICATIONS DE LA RADE DE BREST, UN PATRIMOINE RECONNU

La défense terrestre de la presqu´île de Crozon

Les forts de Crozon et de Landaoudec : des ouvrages terrestres du système Séré de Rivières (Lécuillier Guillaume, 2011)

Pour éviter une prise de contrôle de la rade de Brest par des troupes débarquées en presqu´île de Crozon au sud, dans la baie de Morgat, ou sur les plages de la baie de Douarnenez, un fort est construit près de Crozon, de 1883 à 1886, et un réduit à Landaoudec, de 1885 à 1887. Il s´agit de soutenir les "troupes mobiles" équipées

de mitrailleuses et de canons de campagne.

Conformes aux dispositions-types de 1874, ces fortifications du système Séré de Rivières sont les deux seules du genre en rade de Brest. Ces ouvrages terrestres formant une ligne barrant la presqu´île (auxquels on peut ajouter au nord le fort de Lanvéoc) sont complétés par les positions d´artillerie côtière de la pointe du Kador et de l´île de l´Aber défendant l´anse de Morgat.

Le fort de Crozon, de forme pentagonale, est implanté sur une colline à 77 m au-dessus du niveau de la mer. Il dispose pour sa défense rapprochée de 2 caponnières doubles à orillon et d´une caponnière simple (ou aileron) prévues pour être armées de 5 canons-revolvers de 40mm modèle 1879 et 5 canons de "12 / culasse" en embrasures pour le flanquement du fossé sec. Chaque caponnière double est défendue par une galerie de fusillade de tête (10 créneaux verticaux de fusillade) et une galerie de fusillade d´escarpe (4 créneaux verticaux de fusillade), toutes deux dotées d´orifices de ventilation (une cheminée et un évent pour 2 créneaux). Ces organes défensifs sont reliés au casernement via une galerie voûtée en plein cintre. Pour le logement des troupes, le fort est doté de 21 casemates disposées en vis-à-vis, de part et d´autre de la cour centrale rectangulaire. Les ouvertures de celles du rez-de-chaussée ont été cependant remaniées. Les batteries annexes du fort étaient prévues pour être armées par une douzaine de canons de gros calibre (120 et 155 mm du système de Bange). Deux magasins à poudre, dont l´un au nord en béton armé (1902), permettaient de conserver les munitions. La mise en oeuvre du fort, classique

pour ce type d´ouvrage, fait appel à un appareillage irrégulier de moellons de granite et de grès. Seuls les chaînages

d´angle harpés, piédroits, appuis, linteaux et tablettes, en pierre de taille de granite, soulignent les détails architecturaux. Le fort, centre secondaire de la défense contre avions de la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic, a été violemment bombardé durant la Seconde Guerre mondiale. Situé dans le périmètre de la gendarmerie maritime de Crozon, il est aujourd´hui inaccessible. Les deux caponnières doubles et une partie du fossé sec (au sud) sont inondées.

Plus au nord, situé sur une hauteur à soixantaine de mètres au-dessus du niveau de la mer entre Crozon et Lanvéoc, le réduit de Landaoudec est un ouvrage d´infanterie à enceinte rectangulaire. Il est doté d´une caponnière

double et de deux ailerons ainsi que des parapets sur la terrasse. Le réduit est doté de 6 chambrées casematées

en rez-de-chaussée pour le logement des troupes. Il était prévu pour être armé de 4 canons-revolvers de 40mm modèle 1879 en embrasures en flanquement des fossés. Les batteries annexes nord et sud étaient prévues pour être armées de six canons de 95 mm Lahitolle à tir rapide. Le réduit de Landaoudec, propriété de la communauté de communes de la presqu´île de Crozon, fait partie de la "Route des fortifications".

Une artillerie en pleine mutation

Le chargement par la culasse (testé en 1859) et l´utilisation d´acier trempé permettent de mettre au point en 1875 le canon Lahitolle de 95 mm adopté dans l´artillerie française. Le système de Bange (1877-1889) complète ce premier canon "moderne" avec sept modèles de canons (de 80 à 155 mm), deux mortiers rayés de siège (de 240 et 270 mm) et un canon de côte de 240 mm. Les progrès en balistique sont considérables : l´obus d´un canon de 155 mm long atteint une cible à 9 km à une vitesse de 500 m/s. L´obus-torpille (en référence aux torpilles marines Whitehead) est en acier. La poudre noire est remplacée par des explosifs chimiques beaucoup plus puissants : poudre B dite poudre sans fumée (mélange coton-poudre gélatinisé inventé en 1884) puis mélinite (1885), qui rendent les forts de Séré de Rivières obsolètes ; c´est la crise dite de l´obus-torpille.

Le fort Saint-Michel à Ouessant, construit de 1902 à 1906, utilisant du béton et des cuirassements, est adapté

à cette nouvelle puissance de feu. Afin d´éviter d´être embossé depuis le large, le fort de Crozon voit ses batteries

externalisées (batteries pouvant tirer respectivement vers l´anse de Dinan, Morgat et le carrefour de Tal-ar-Groaz). Le réduit de Villey-le-Sec dans le camp retranché de Toul est le seul où l´on peut de nos jours admirer un coffre de contrescarpe équipé d´un canon révolver et d´un canon de "12 / culasse" (Lécuillier Guillaume, 2011).

Lécuillier Guillaume (dir.), Jean-Yves Besselièvre, Alain Boulaire, Didier Cadiou, Christian Corvisier, Patrick Jadé, Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes, éd. Presses Universitaires de Rennes, coll. Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.

Pour éviter une prise de contrôle de la rade de Brest par des troupes débarquées en presqu'île de Crozon par le sud, un fort est construit près de Crozon de 1883 à 1886 et un réduit à Landaoudec de 1885 à 1887. Conforme aux dispositions-types de 1874, le fort de Crozon est un ouvrage pentagonal implanté à 77 mètres au dessus du niveau de la mer. Pour le logement des troupes, le réduit est doté de 21 casemates. Il était prévu pour être armé de 5 canon-révolvers de 40 mm modèle 1879 et 12 culasse en embrasures en flanquement des fossés. Les batteries du fort étaient prévues pour être armées de plusieurs canons de gros calibre (120 et 155 mm du système de Bange).

  • Murs
    • granite
    • grès
    • maçonnerie
    • moellon
  • Toits
    pierre en couverture, terre en couverture
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • terrasse
  • Typologies
    fort de système polygonal
  • État de conservation
    désaffecté, envahi par la végétation
  • Techniques
    • gravure rupestre
    • sculpture rupestre
  • Représentations
    • chronogramme
  • Précision représentations

    1883 - FORT DE CROZON - 1886.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler

Il s'agit d'un site en terrain militaire : l'accès est interdit sans autorisation préalable.

Annexes

  • Annexe n°1
  • Annexe n°2
Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003
(c) Inventaire général
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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