Depuis les travaux considérables entrepris sur les fortifications à la fin du 18e siècle, les autorités militaires déploraient de ne pas disposer d´un point d´embarquement et de débarquement pour les hommes et les matériels qui s´effectuaient alors par échouage à Pont-Scorff ou au bourg. On raconte qu´un général débarquant là sur les épaules d´un matelot, tomba dans l´eau et la vase. Furieux il se plaignit amèrement au préfet : le lendemain, une étude était commencée et quelques mois après, la cale construite (anecdote rapportée en 1871 par Aristide Vincent). Ainsi, en 1828, le Génie construisit une cale sous la Caserne Sourdis, dont le trafic n´était pas négligeable. Y débarquaient les voyageurs, les militaires et les ouvriers employés à la construction des nouvelles batteries, les marchandises, les matériaux. C´est également ici qu´ont débarqué plusieurs centaines de Communards, dont l'une des figures marquantes du mouvement Louise Michel ou le penseur anarchiste et géographe Elisée Reclus, condamnés à purger leur peine dans le Fort de Quélern, d´avril 1871 à mars 1875. Des insurgés Kabyles des événements de 1870-71 en Algérie passèrent également par cette cale avant leur emprisonnement au fort. Certains Communards et "Kabyles du Pacifique" embarquèrent par ailleurs de cette cale pour le bagne de l'île de Nou en Nouvelle-Calédonie. Cette cale est constituée de blocs de granite, sans mortier et recouverte d´un limon très glissant, si bien que la circulation y devint si difficile que les autorités militaires cherchèrent pendant des décennies des solutions pour rendre la cale plus fonctionnelle. En 1896, la décision est prise de construire une nouvelle cale au lieu-dit Beg Ar Grogn, dont les travaux qui tardèrent à commencer, prirent fin en 1901. Ainsi la cale sous la caserne Sourdis fut peu à peu abandonnée.
- enquête thématique régionale, Inventaire du patrimoine maritime de Crozon Roscanvel Camaret Clohars-Carnoët Larmor-Plage et Sené
Dossier non géolocalisé
-
Aire d'étude et canton
Bretagne - Crozon
-
Commune
Roscanvel
-
Lieu-dit
Quélern
-
Cadastre
DPM
-
Dénominationscale
-
Période(s)
- Principale : 2e quart 19e siècle
-
Dates
- 1828, daté par source
Construite en pierres sèches, la cale était longue de plus d´une centaine de mètres et large de 2,50 m sur sa partie amont et de 1,40 m à son extrémité. Aujourd´hui, il n´en reste que quelques pierres sur l´estran ainsi que des anneaux d´amarrage rouillés.
-
État de conservationvestiges
Données complémentaires architecture PATMAR
- REFC ROS 24
- THPA Transit terre/mer
- PROJ
- MENA abandon ou état de ruines induisant un risque de disparition
- PMEN Ces vestiges sont aujourd´hui impossibles à rénover. Sans reconnaissance par les pouvoirs publics, la cale est vouée à disparaître.
- DREC moyennement cité
- AVIS
- INGP intérêt de mémoire
- PING C´est sur cette cale aux pierres glissantes que débarquèrent de nombreux Communards condamnés à purger leur peine dans le Fort de Quélern, d´avril 1871 à mars 1975.
- RECO Les vestiges de cette cale mériteraient d´être sauvegardés compte tenu de leur intérêt historique et de la charge émotionnelle qui les entoure. Une restauration s´avèrerait difficile et coûteuse, tant les pierres du parement sont disjointes, mais pourrait être tentée. Une amélioration de l´accès avec une signalisation discrète et adaptée pourrait également être proposée. Plus généralement, l´espace portuaire et militaire de Quélern, porte d´entrée principale de la presqu´île éponyme, pourrait être valorisé de façon spécifique par l´aménagement d´un sentier de découverte. Ce sentier passerait par la plupart des héritages recensés dans cet espace (lignes de Quélern, étang de Pen-ar-Poul, digue-route de Quélern, caserne Sourdis, ancienne briqueterie et villa-pension La Pagode, vieille cale de la caserne, fontaine de Quélern).
-
Statut de la propriétépropriété publique
- (c) Conseil général du Finistère
- (c) Laboratoire GÉOMER, UMR LETG 6554 - CNRS
- (c) Laboratoire GÉOMER, UMR LETG 6554 - CNRS
Bibliographie
-
BUREL, Marcel. Roscanvel dans la presqu´île de Crozon. Bannalec : Impr. Régionale, 1995.
p. 156-157 -
BUREL, Marcel. La fontaine de Quélern. Crozon : Avel Gornog, n° 10, 2002.
p. 61 -
AMGHAR, Julien. Les petits ports et les usages du littoral en Bretagne au XIXe siècle. Thèse d'Histoire : Université de Bretagne Sud, Lorient, 2006, 6 vol.
p. 489-491 -
Entretien avec Marcel Burel en 2007.
Périodiques
-
BUREL, Marcel. Roscanvel. La cale de Quélern a cent ans. Crozon : Le Presqu´îlien, n° 92, Décembre 2001.
p. 15-17