C´est grâce à la protection d´Hervé V du Pont que les Carmes établirent en mars 1383 le couvent de Pont-l´Abbé, le quatrième de leur ordre en Bretagne. Dans les premières années de la fondation, les religieux disposaient d´une ancienne chapelle dédiée à Saint-Laurent qu´ils rebâtirent à neuf avant 1405 et qui leur permettait de célébrer l´office paroissial, Pont-l´Abbé n´ayant pas d´église et dépendant alors de Loctudy. Le chantier de la grande église, édifiée à quelques mètres de cette chapelle, s´acheva vers 1425 avec la mise en place de la maîtresse-vitre, qui portait dans un soufflet les effigies d´Hervé VI du Pont, mort en 1426, et de Marie de Rosmadec, qu´il avait épousée en 1420. Quant aux bâtiments conventuels, ils bénéficièrent de la générosité active de Bertrand de Rosmadec, nommé au siège épiscopal de Cornouaille en 1416. Les armes de Jean V et de Jeanne de France à la maîtresse-vitre, ainsi que des lettres patentes de François II en 1466, témoignent de la protection accordée au couvent par les ducs. La fin du 15e ou le début du 16e siècle voit l´édification au nord du chœur d´une chapelle rectangulaire dédiée à Sainte-Barbe, sans doute à l´initiative des Rosmadec-Goarlot, dont les armes, par exception, figuraient en supériorité, alors que celles de la famille du Pont dominaient partout ailleurs dans l´église. En 1603, l´église connaît une importante campagne de restauration, financée grâce à l´affectation au couvent des revenus de la chapelle du château, et reçoit sur le flanc sud du chœur un clocher massif. En 1846, le lambris de couvrement de l´église, dont l´état déplorable était signalé depuis 1832, est refait en sapin et peint en bleu ciel par l´entrepreneur et vitrier Guillaume Cassaigne, ainsi qu´une partie de la charpente et de la toiture, suivant un devis de Bigot. Une nouvelle restauration aura lieu en 1926. Les vitraux anciens ayant disparu dans le premier tiers du 19e siècle, le P. Jartel, curé de Pont-l´Abbé de 1829 à 1878, fait refaire la maîtresse-vitre par le Carmel du Mans. Son successeur, René Troussel, supprime les badigeons intérieurs de l´édifice. Le beffroi, qui menaçait ruine à la fin du siècle, est reconstruit en 1896 sur les plans de l´architecte diocésain Hyacinthe Guérin.
- enquête thématique régionale, L'architecture gothique en Bretagne
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne
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Commune
Pont-l'Abbé
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Adresse
place des Carmes
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Dénominationséglise
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VocablesNotre-Dame-des-Carmes
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Période(s)
- Principale : limite 14e siècle 15e siècle , daté par travaux historiques
- Secondaire : limite 16e siècle 17e siècle , daté par travaux historiques
- Secondaire : milieu 19e siècle
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Dates
- 1603, daté par source
- 1846, daté par source
- 1896, daté par source
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Auteur(s)
- Personnalité : commanditaire attribution par source
Plan et ordonnance intérieure :
Les Carmes de Pont-l´Abbé adoptent d´emblée le parti d´une église de plan rectangulaire à deux vaisseaux de largeur inégale qui, dans la plupart des couvents de Mendiants de la région, comme les Cordeliers de Quimper, résultait de l´agrandissement au 14e siècle d´un édifice primitif à vaisseau unique. L´édifice est divisé en deux vaisseaux de huit travées par une file de supports, constitués d´un faisceau de huit colonnettes à bases prismatiques entourant un noyau circulaire. La largeur des arcades n´est pas constante. Au-dessus des chapiteaux à corbeille végétale légèrement renflée formant une frise continue et à tailloir polygonal, les grandes arcades présentent trois ressauts en tiers-point simplement chanfreinés. Ce type de supports légers et élégants témoigne de l´attrait, persistant en ce début du 15e siècle, exercé par l´esthétique de l´atelier de Pont-Croix. Au milieu de l´église, les quatrième et cinquième travées sont séparées par un pan de maçonnerie pleine, évidée dans sa partie basse par un enfeu qui aurait abrité, selon une tradition non confirmée, le tombeau du fondateur. Le vaisseau principal, éclairé au sud par quatre fenêtres hautes, est couvert d´un lambris en berceau plein-cintre, le bas-côté, d´un berceau rampant. La charpente en chêne, à entraits retroussés, a fait l´objet d´analyses dendrochronologiques, dont les échantillons les plus intéressants fournissent une datation comprise entre 1473 et 1554. Un jubé divisait en deux parties l´édifice, comme en témoignent la porte d´accès à l´escalier et la piscine, vestige d´un ancien autel adossé.
Ordonnance extérieure :
La façade occidentale annonce, par sa dissymétrie, la structure intérieure. Le mur-pignon de la nef, encadré par deux contreforts, est percé d´un portail en arc brisé dont la voussure comporte quatre ressauts retombant sur des colonnettes. Il est subdivisé en deux portes géminées surmontées d´un tympan aveugle. Au-dessus, inscrite dans un arc en plein-cintre, une belle rose rayonnante surmonte six lancettes trilobées. Le dessin de son remplage est assez proche de la maîtresse-vitre des Jacobins de Morlaix (vers 1430). La partie gauche, correspondant au bas-côté, est percée d´un portail secondaire en tiers-point, à trois voussures ; au-dessus, et désaxée vers la droite, une baie en arc brisé se compose de trois lancettes trilobées surmontées d´une rose, elle-même subdivisée en six quadrilobes périphériques et un polylobe central. Sur le flanc nord, on trouve au niveau de la deuxième travée un petit porche bâti tardivement avec les matériaux provenant de la chapelle Saint-Laurent, puis muré et transformé en chapelle dans les années 1920. Plus à l´est, la chapelle anciennement dédiée à Sainte-Barbe forme une sorte de faux transept. Son mur-pignon cantonné de contreforts angulaires est percé d´une baie que le jour de réseau à trois fleurs de lys invite à dater du début du 16e siècle. Le mur-pignon oriental est renforcé par de puissants contreforts talutés conçus pour résister aux assauts de la rivière toute proche lors des grandes marées. La baie qui l´éclaire et que l´héraldique permet de dater des années 1420-1426 présente un remplage au répertoire encore rayonnant, à l´exception des motifs garnissant les écoinçons inférieurs, des petites roses garnies de trois mouchettes tournoyantes. Sa composition, inscrite dans un arc brisé à la différence de la rose occidentale, est à rapprocher de la rose du bras sud du transept de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, postérieure d´une quinzaine d´années. La rose proprement dite repose par l´intermédiaire d´une traverse sur un registre de huit lancettes tréflées surmontées de trilobes. Le mur est du clocher bâti en 1603 est aligné sur celui du chevet. Le rez-de-chaussée en est occupé par la sacristie. Carrée à la base, la tour passe au plan octogonal par l´intermédiaire de triangles de maçonnerie. Son couronnement, refait en 1896 et encore modifié en 1964, est constitué par deux dômes superposés surmontés d´un lanternon.
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Toitsardoise
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étages2 vaisseaux
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Couvrements
- lambris de couvrement
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Couvertures
- toit à longs pans
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Statut de la propriétépropriété de la commune
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Protectionsclassé MH, 1914/05/09
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Précisions sur la protection
Eglise Notre-Dames-des-Carmes : classement par arrêté du 9 mai 1914.
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Référence MH
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
Bibliographie
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BORDERIE (Arthur de) et VILLERS (Louis de); "Histoire des Carmes de Bretagne", dans Bulletin et mémoires de la société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. 26, 1896, Rennes, 1897, p. 193-239
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COUFFON (René), "Pont-l'Abbé Notre-Dame du Mont-Carmel", dans Congrès archéologique de France, 1957, Cornouaille, p. 258-264
Photographe à l'Inventaire