Coat ar Hars
Du foulage de la laine à la fabrication de la poudre
L'ancien moulin à foulon
De cet ancien édifice, attesté par le cadastre napoléonien et par les textes ("prisages" ou estimation des biens immobiliers, de 1756-1768), ne subsistent que le pignon de la roue à aubes (actuel mur de refend du hall d'entrée de la maison) et les vestiges du réseau hydraulique alentour.
Propriété du seigneur de Kerliver, le moulin est décrit comme une construction modeste, composée d'une maison d'habitation couverte de gleds (végétaux de zones humides) et du moulin proprement dit couvert de paille et de genêts, construit en appentis contre le pignon est.
Si la construction semble modeste, l'aménagement du site a nécessité de nombreux travaux de creusement et d'escarpement dans la roche schisteuse pour établir l'étang, poser la roue et le conduit d'eau qui tombe de l'étang, façonner le bief et sa chaussée, construire une passerelle pour desservir la garenne attenante.
La présence d'une source abondante en eau, le Camfrout, était indispensable au bon fonctionnement de ce moulin à eau à une roue où l'on "foulait" la laine tissée : de lourds maillets associés à la roue hydraulique venaient s'abbattre sur celle-ci pour l'assouplir et la dégraisser.
Cette étape était complémentaire du travail de filage et de tissage de la laine, provenant principalement de moutons de la paroisse d'Hanvec, dont l'élevage était la spécialité, et qui était réalisé dans des hameaux proches du moulin (hameau de Troéoc).
Sous l'Ancien Régime, le fait d'habiter dans un certain périmètre autour du moulin banal créait généralement l'obligation de fréquenter ce moulin en dehors de tout autre. Ce fonctionnement atteste d'une production souvent locale. A proximité d'Hanvec, la commune d'Irvillac était ainsi spécialisée dans la fabrication de "berlinge" (étoffe de lin et de laine) et de bure. La lourdeur des pièces textiles mouillées à transporter jusqu'au lieu de séchage pouvait également jouer sur l'aire d'influence du moulin à fouler.
La maison de Léopold Maissin
Polytechnicien et ingénieur, Léopold MAISSIN (1854-1937) met au point en 1888 la première poudre pyroxylée, dite "poudre B", utilisée pour la fabrication des poudres de guerre. Cette poudre sans fumée est fabriquée à la poudrerie du Moulin-Blanc (Relecq-Kerhuon), dont Léopold Maissin est nommé directeur aux début des années 1890. C'est sans doute à cette époque qu'il acquiert Coat ar Hars pour y construire une maison avec dépendances, à l'emplacement de l'ancien moulin à foulon, probablement séduit par les ressources en bois et en eau du site.
Une architecture sous influence
L'apparence austère de la maison est très inspirée par l'architecture industrielle de l'époque. L'ancien bâtiment administratif de la poudrerie du Moulin-Blanc offre des similitudes avec la maison de Maissin : long bâtiment simple en profondeur, à élévation ordonnancée et nombreuses travées, encadrements des baies en briques rouges, fenêtres géminées sur la façade sud.
L'intérieur présente un plan très rationnel avec cinq pièces en enfilade, de part et d'autre du hall d'entrée, desservies par un couloir rejeté sur l'arrière. Les cheminées du rez-de-chaussée sont en kersantite, celles de l'étage en bois. Plusieurs dépendances sont édifiées aux abords du logis : remise à porte charretière, écuries, logement pour les domestiques.
La fontaine Saint-Pol-Aurélien
A proximité du site de l'ancien moulin à foulon, dans le nord du bois du Gars, la fontaine de dévotion Saint-Pol-Aurélien est probablement édifiée entre la seconde moitié du 17e siècle et la première moitié du 18e siècle. Saint-Pol est un des sept saints fondateurs de la Bretagne, émigré de Grande-Bretagne au début du 6e siècle, premier évêque de Saint-Pol de Léon.
La fontaine ne semble pas liée à une chapelle, elle pourrait avoir été commanditée par les seigneurs de Kerliver.
Construite en grand appareil de granite, elle est du type à pignon ouvert en plein cintre avec console intérieure pour poser la statue du saint. La pierre d'écoulement de la fontaine et la rigole d'évacuation facilitent le ruissellement de l'eau vers l'extérieur du petit bassin.