Le moulin à papier de Penhoat est établi sur un bief partant du Coatoulzac’h, juste avant la confluence avec la Penzé. Il appartient au XVIIème siècle à la famille de Kerouatz. Il est aujourd'hui dénommé « le Moulin Neuf ».
Les premiers maîtres-papetiers connus sont, depuis 1694, de façon sûre et vraisemblablement, depuis 1679, Jacques Bonel qui y décède en 1732 et son épouse Jacquette Gaunay, qui y ont travaillé avec la sœur de Jacquette et ses époux successifs.
Depuis 1723, Gilles Bonel, leur fils, le dirigent aussi avec son épouse Anne Michèle Juhel : leurs dix enfants y naissent jusqu’en 1745. Leur fille Marie Anne épouse François Anne Huet, en 1763, et partagent la direction du moulin qu’ils tiennent ensuite jusqu’en 1815 avec leurs enfants. Un aveu conservé par la famille propriétaire du moulin nous présente les acteurs et les lieux à cette époque.
En 1776, François Anne Huet produit par an dans son moulin, comme ses voisins, 3 000 à 3 300 rames de papier, tresse, écu, pôt, bâtard, de qualité moyenne et bulle, avec une roue, une cuve et 5 piles à maillets. Il fabrique peu de papier pour l'écriture et l'imprimerie : la plus grande partie sert à envelopper les épices et autres marchandises de toutes sortes. Il le vend surtout en Bretagne, une partie est cependant expédiée du port de Morlaix pour l'Espagne, le Portugal et la Hollande.
Les onze enfants du couple naissent au moulin entre 1764 et 1784. Trois de leurs filles restent célibataires et travaillent à Penhoat avec leur sœur Marie Jeanne et son époux Olivier Huet. Deux autres épousent des papetiers. Jacquette épouse Joseph Georget, ils seront ensuite aubergistes à Saint-Thégonnec. Anne se marie à Vincent Huet : ils vont tenir le moulin de Lotéric, tout proche, sur Saint-Thégonnec.
En 1828, lors d'une enquête sur les moulins à papier, il est dit que Mme veuve Huet qui demeure à Penhoat et en est la propriétaire, dégage un revenu cadastral de 80 fr. Dix ouvriers y travaillent et fabriquent 15,6 tonnes de papier à partir de 28,6 tonnes de chiffons. Il est vraisemblable que pour l’administration et les impôts le décès de Marie Anne Bonel n’aie pas été enregistré depuis 1815. A cette époque, vivaient au moulin ses trois filles célibataires et le couple Anne et Olivier Huet qui semble de ne pas avoir eu d'enfants. En 1836, décèdent à quelques jours d’intervalle deux d’entre elles. A cette époque, le maître-papetier est Jean François Le Moine et son épouse Catherine Georget. Ils y sont depuis 1824 avec leurs deux enfants et 9 papetiers dits domestiques.
Entre 1841 et 1846, le papier laisse la place à la farine. Deux fils d'Anne et Olivier Huet de Lotéric, Jean Marie (papetier à Lotéric en 1843) et Jean Pierre (menuisier) vont s'installer au moulin, avec leurs familles. Ils épousent deux sœurs Merret, filles de Guillaume et de Claudine Bellec, meuniers du moulin de Penzé, qui sont venus vers 1832, au moulin à farine de Penhoat.
Le moulin à papier de Penhoat présente au long de son histoire une remarquable stabilité de gestion menée par des familles successives, liées les unes aux autres, gérant l'activité papetière pendant de longues périodes. Le XIXème siècle appelle à la modernisation. Le moulin voisin de Pen ar Vern a réalisé cette étape. Ici, le contexte humain et économique ne permet pas d'envisager d'évolution. Un moulin à farine lui succède et termine son activité en 1976.