Vieux moulin de Roudougoalen (1655-début XIXème siècle)
Le premier moulin construit dans la lande de Roudougoalen par le seigneur de Lesquiffiou, un moulin à blé, semble avoir été celui du Vieux Moulin, sur le Buzulzo, un affluent du Queffleuth. Relevant du domaine seigneurial de Lesquiffiou, il est afféagé à Jacques Allain de la Mare. Celui-ci le vend contre une rente censive de trente livres à Charles Marie et Guillemette Guesdon, papetiers, déjà fermiers des lieux depuis 1655, date où l'activité papetière est donc attestée.
L’enquête de 1776 sur les moulins à papier (Etat des papeteries de la Province de Bretagne) nous indique que le vieux Moulin est géré par Louis-Michel Georget et qu’il possède une roue, une cuve et cinq piles à maillets. Il produit de 3000 à 3300 rames de papier par an : bâtard écu, pôt, gênes, étresse, en qualité moyenne et bulle.
Par acte du 10 janvier 1814, le moulin de Roudougoalen sur le Buzulzo est vendu à François-Marie Andrieux, qui va industrialiser la fabrication du papier dans la vallée du Queffleuth. Deux autres moulins situés sur le même terrain prennent le relais de la fabrication du papier comme l'atteste le cadastre de 1837. Le nom de Montferrant apparaît dès 1753 dans les actes paroissiaux de Pleyber-Christ. Une maison ou un deuxième moulin existe donc sur le terrain où est implanté le Vieux Moulin. Le nom de Poullaouën n'apparaît qu'à partir de 1824. Il figure sur le même terrain que Montferrand, plus en amont sur le même bief. La succession de François-Marie Andrieux l'attribue, à sa fille Pauline épouse de Charles Loriot qui deviennent propriétaires des deux moulins à papier et qui les exploitent en 1828.
Moulin à papier de Monferrand (1753 ?-vers 1866)
Le Moulin de Monferrand est situé sur le Buzulzo. Il n’est pas mentionné dans l'enquête de 1776 et son nom n’apparaît pas sur la carte de Cassini. Pourtant, les registres de la paroisse de Pleyber-Christ nous indiquent la présence de familles papetières dès 1753. Est-ce une maison nommée Monferrand où logent des familles papetières ou un deuxième moulin à papier construit sur le bief en contrebas du Vieux Moulin ?
De 1762 à 1777, il n'y a pas de trace de la présence de papetiers. Des actes de 1814 confirment la coexistence, sur le même terrain, du Vieux Moulin de Roudougaolen et celui de Monferrand (appelé Roudougoalen Neuf). La recherche généalogique confirme que les deux lieux ont été habités en même temps, au moins jusqu'en 1819.
De 1777 à 1824, la présence des papetiers est de courte durée, un ou deux ans pour chaque famille. Cette rotation permanente jusqu'en 1824, semble indiquer plutôt l'hypothèse d'une maison abritant provisoirement une famille en transit entre deux moulins à papiers, en attente d'un lieu de vie plus stable ; ou d'un moulin d'appoint au moulin principal, le Vieux moulin de Roudougoalen.
Il semble qu'à partir de 1824, comme au Moulin de Poullaouën, une papeterie à activité constante y fonctionne. En 1828, il produit 23,9 t. de papier produit à partir de 42,9 t de chiffons. Il a deux cuves et 15 ouvriers y travaillent. Sur le cadastre de 1837, le nom de Monferrand n’apparaît pas : les deux moulins apparaissent sous la dénomination de Poullaouën.
Il semble que la fabrication du papier s'arrête vers 1866. Julien Lavanant, autrefois papetier, est cultivateur à Montferrand quand il décède en 1866, mais un couple de papetiers y vit jusqu'en 1872. Des familles papetières, travaillant pour la plupart à la papeterie de Glaslan continuent ensuite à y résider.
Moulin à papier de Poullaouen (1814-après 1851)
Le nom de Poullaouën n’est pas mentionné dans l'enquête de 1776 sur les moulins à papier. A cette date, seul le nom de Roudougoalen figure, tant dans les registres paroissiaux que dans les enquêtes officielles concernant les moulins à papier. Le site est ensuite dit « Moulin de Roudougoalen dit Poullaouën ou Monferrant sur le Buzulzo », lors de la vente faite à François-Marie Andrieux, le 10 janvier 1814.
Joseph Arthur Philippe, époux de Marie Miller, et son fils Jean Arthur sont parmi les premiers papetiers anglais que François-Marie Andrieux fait venir d'Outre-Manche. Ils travaillent à Roudougoalen Huella et signent en 1822 un bail pour le moulin à papier de Poullaouën. Le contrat est rapidement rompu car, en 1826, le couple et ses enfants s'installent au Moulin des Bois à Saint-Jouan-de-l'Isle en Ille-et-Vilaine.
En 1828, dix ouvriers travaillent à Poullaouën et produisent 15,6 tonnes de papier en transformant 28,6 tonnes de chiffons. La date de fin de l'activité papetière (après 1851) n'est pas connue. De nombreuses familles papetières continuent à vivre au moulin de Poullaouën ou dans la maison qui fait partie de la propriété. Le nom de Poullaouën ou hameau de Poullaouën est, dans la même période, donné au groupe de maisons qui s’est développé entre le moulin de Montferrand et celui de Poullaouën. Quarante cinq papetiers avec femmes et enfants y vivent en 1846, lorsque la papeterie de Glaslan, toute proche, démarre son essor.