Les fermes isolées sont assez rares dans le Cap-Sizun. Il s’agit souvent d’anciens manoirs comme ici, à Kerouil. D’autres exemples existent dans les communes voisines : Mespirit en Goulien et Keridiern ar maner en Cléden-Cap-Sizun.
Aujourd’hui disparu, le manoir de Kerouil se devine à travers de nombreux réemplois visibles sur les bâtiments de la ferme : corniche du toit imposante, tête sculptée sur l’angle sud-est du toit, deux cheminées aux piédroits soigneusement sculptés et de nombreuses dalles de granite disposées dans la cour et dans le couloir du logis principal.
L’organisation des bâtiments qui figure sur le cadastre de 1837 est à peu près identique à celle que l’on observe aujourd’hui avec cependant une évolution notable : la création d’un nouveau logis à l’est de l’alignement d‘origine.
Ce nouveau logis bâti dans la seconde moitié du 19e siècle ne porte pas de date, contrairement aux autres bâtiments de la ferme. L’ancien logis devenu écurie porte la date de 1806, une crèche à l’ouest de l’alignement celle de 1819 et une maison isolée au sud-est de la cour celle de 1786.
Cette maison devenue dépendance agricole est le bâtiment le plus ancien de la ferme, remontant probablement à une époque où le manoir existait encore. Un dossier complet lui est consacré.
La ferme appartient à la même famille depuis 1703 (archives privées), comme le montrent les nombreux linteaux sculptés observés sur les bâtiments : JEAN HEURTE : HELENE JOURDAIN // HEURTE // GILLE HEURTE // JEAN HEURTE.
En 1953, la ferme de Kerouil a fait l’acquisition d’une porcherie moderne. Elle comprend huit à dix cellules et deux fours pour cuire les pommes de terres. Ce bâtiment en ciment accolé à la grange, au nord de l’alignement principal, est le plus récent de la ferme, comme le grand hangar agricole voisin construit à la même époque.
Aujourd’hui, la ferme n’est plus en activité. Les bâtiments sont restés dans la famille et sont restaurés petit à petit. Quelques petites évolutions récentes sont à mentionner tout de même : les ouvertures du rez-de-chaussée du logis ont été agrandies dans les années 1980 et le toit de l’étable, menaçant de tomber, a été ôté au début des années 2010.