Au 17e siècle, et jusqu'à la Révolution, le moulin de Kergoff appartient à la famille de Rosily qui avait son manoir à la Fontaine-Blanche.
Durant ce siècle, de nombreux meuniers se succèdent, ne restant que quelques années. On les retrouve alors dans d'autres moulins de Plougastel, à Traonevezeg, Craonguilly ou Lavadur à Irvillac, au Beuzidou à Saint-Urbain, Poulquijean à Dirinon, Kerdréon à Loperhet, ou venant de Mesgoues à Porspoder.
Par contrat de mariage du 29 décembre 1733, Guillaume Quéméneur devait recevoir de ses parents 750 livres sur la moitié des biens de Kergoff et sur la moitié de la ferme des moulins, et sa future épouse Marie Galéron de Craonguilly en Irvillac, devait apporter une dot de 600 livres, payable sur six ans par ses parents. Finalement, le mariage ne se conclue pas puisque Guillaume épouse le premier mars 1734 Françoise le Bot de Roc'hnivelen.
La famille Billant
C'est alors qu'apparaît Claude Billant qui épouse Anne Kerdoncuff, veuve de Goulven Le Coulm. Les "Billant" de Plougastel étaient tous parents et plusieurs étaient "ménasgers" ou "marchands", voire les deux. Claude Billant est le fondateur d'une véritable dynastie de meuniers ayant possédé jusqu'à six moulins à eau, dont deux à foulon, et un moulin à vent. Ils prêtaient aussi de l'argent aux particuliers comme aux notaires, et même à leur propriétaire, madame de Rosily. Celle-ci ayant fini par quitter la France pour rejoindre son mari émigré au début de la Révolution, ses biens furent saisis et les petits-fils de Claude Billant achetèrent le moulin de Kergoff, l'étang et les terres en dépendant.
Aucune description ancienne n'a été retrouvée "du" ou "des" moulins, car les deux dénominations existent, d'autant plus que le "moulin" est parfois assimilé à une "paire de meules" logée dans "la maison du moulin". Toujours est-il que les Billant supplantent les Quéméneur, pourtant très aisés, vers 1730-1735. On sait qu'ils obtiennent le moulin à titre de domaine congéable.
Premier moulin à foulon
Vers 1806, il n'y a de toute façon plus aucun moulin à foulon sur la commune, car le 23 août 1826 la municipalité de Loperhet, s'opposant à la construction d'une de ces "usines" par les meuniers de Kergoff, fait remarquer à la municipalité de Plougastel "il y a vingt ans il n'existait aucun moulin à foulon à Plougastel, maintenant il s'en trouve deux". Le premier est celui de Kergonnec, le second est celui bâti par les Billant sur la chaussée de leur étang (parcelle n°620). Il est évalué 48 francs de revenu annuel. Ce moulin a donc été édifié dans les années 1810.
Second moulin à foulon
Par leur lettre du 26 juin 1826, François-Henry-Gabriel et Claude-Noël Billant, meuniers de Kergoff, demandent à la municipalité de Plougastel l'autorisation de capter l'eau d'un ruisseau pour augmenter le débit de celui arrivant dans leur prairie.
Les conseillers municipaux appuient la demande auprès de la sous-préfecture de Brest, reconnaissant l'insuffisance de ce "genre d'usine", et notant les avantages que retireraient les habitants d'une "plus grande concurrence".
L'ingénieur d'arrondissement établit un plan des travaux à effectuer pour amener l'eau au futur moulin. L'autorisation de construire le moulin est obtenue le 26 mai 1827.
Le moulin à foulon dit mil boac'h ou mil poas est probablement construit durant l'été 1827 ou au plus tard l'année suivante. Il n'est cependant pas visible sur le plan cadastral qui date de 1826. Par la suite, il est transformé en moulin à grains. Loué en janvier 1910 pour dix-huit ans avec l'ensemble de la ferme dite "Moulin de Kergoff". Son état est estimé par un dénommé Le Gall, expert demeurant au bourg de Saint-Urbain. Il contient alors "une meule tournante pierre de "champagne" de 0.26 m d'épaisseur, avec tout ce qui dépend d'un moulin au travail en assez bon état."
Le 26 mai 1911, les héritiers Billant mettent la métairie et les moulins de Kergoff en vente, dont "Le moulin à eau dit Vilboac'h ; un taillis dit Coat-ar-vil-boac'h, contenant 63 ares 45", le tout mis à prix 5000 francs. Ce sont les locataires, Joseph Le Gall et Geneviève Dincuff qui rachètent la totalité des biens de Kergoff, par un accord passé trois jour avant la vente aux enchères prévue.
La fin des deux moulins
C'est dans cet accord que l'on apprend que l'autre moulin à foulon, construit au début du 19e siècle sur la chaussée des moulins à grains, est en ruine, alors qu'un acte de 1890 précisait que les deux moulins à foulon tournaient alors à Kergoff.
Le développement des voies de communication, du commerce, et la petitesse de ces "usines" locales ont probablement eu raison de ces moulins à foulons dans les années 1890-1900.
(D'après un texte de Didier Kerdoncuff)