• enquête thématique régionale, Les baraques d’après-guerre en Bretagne
Présentation de l'opération "Les baraques de la Reconstruction en Bretagne"
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Bretagne

Longtemps considérées par beaucoup comme des « verrues » dans la rue et presqu’ignorées dans l’histoire de la reconstruction par nombre d’architectes, d’urbanistes et d’historiens, les baraques de la Reconstruction ont commencé à faire l’objet d’un certain intérêt patrimonial au début des années 1990. Des « anciens des baraques », des associations et des autorités locales ont commencé à s’intéresser à ces constructions tant sur le plan mémoriel qu’architectural et patrimonial en Bretagne et ailleurs. Largement initié par des associations, des groupes de quartiers, des musées ou des autorités locales, l’intérêt mémoriel mais aussi architectural pour les baraques a mené par exemple à l’inscription au titre de Monuments Historiques des préfabriqués prototypes de la cité expérimentale de Merlan à Noisy-le-Sec en décembre 2000. Ont suivi trois baraques - une Française, une Américaine et une Canadienne - à la cité de l’habitat provisoire de Soye à Ploëmeur. Sans aller jusqu’à la protection Monuments Historiques, certaines communes et associations ont valorisé leur « patrimoine baraque » comme à Gonfreville l’Orcher en Seine-Maritime un créant un centre d’interprétation dans deux anciennes baraques ou comme à Saint-Lô dans la Manche où le musée de la ville avait organisé une exposition temporaire en plein air de différents modèles dès 1994. Pourtant, malgré cet engouement, aucune étude sur les baraques n’a été menée jusqu’à celle menée ici. Le but de ce travail consiste non seulement à recenser les baraques - tant celles qui sont encore debout que celles qui ont été détruites - mais aussi à mettre en valeur les histoires, les témoignages et les éventuels documents d’archive de leurs habitants.

Méthodologie :

Vu le caractère « provisoire » et « consommable » des baraques, il est difficile de trouver leurs traces dans les archives publiques qu’elles soient municipales, départementales ou autres. L’étude s’est donc basée sur le travail de recensement déjà réalisé par des associations locales comme Mémoire de Soye à Ploëmeur ou les Amis des Baraques à Brest. Un travail de collectes de témoignages concernant les baraques déjà repérées s’est alors mis en place ainsi qu’un travail de recherche sur le terrain de « nouvelles » baraques ou d’archives sur des baraques ayant disparu.L’aire d’étude concerne l’ensemble de la région Bretagne et particulièrement les lieux où ont été érigées des baraques après la guerre. L’opération a utilisé l’application de recensement du patrimoine de la Région Bretagne pour conduire cette opération entre 2018 et 2020, et a ainsi recensé plus de 400 baraques, principalement dans le Morbihan à Lorient et dans le pays Lorientais, à Brest et à Carhaix, dans le cadre de l’Appel à projets « participer à l’Inventaire du patrimoine breton ».

Prefab!, une association nationale dédiée à la mise en valeur des baraques :

Inspirée par l’expérience du Prefab Museum, Elisabeth Blanchet a créé l’association Prefab! en 2018 avec Mickaël Sendra dont le but est de préserver et mettre en valeur les maisons provisoires préfabriquées d’après-guerre à travers des expositions, des colloques, des événements culturels mais aussi la constitution d’une archive nationale et internationale sur le sujet. Depuis début 2019, Prefab! et l’association Mémoire de Soye travaillent notamment avec la Région Bretagne au recensement des baraques dans la région et a également produit en partenariat avec la Région et la Ville de Lorient une exposition multimédia sur les préfabriqués d’après-guerre, « Préfabuleux », vouée à voyager dans d’autres lieux d’exposition et à inciter le public à échanger et partager leurs archives sur le thème des baraques. A l’occasion de l’exposition Préfabuleux qui s’est déroulée à Lorient d’octobre 2019 à juin 2020, Prefab! et la Ville de Lorient ont organisé une journée d'étude sur l'appropriation et la patrimonialisation des baraques - la première du genre en France - qui va déboucher sur une publication produite par la ville de Lorient début 2021. En toile de fond de ces expositions physiques, il existe un travail de fond extraordinaire réalisé par les associations locales d’anciens habitants de baraques qui non seulement travaillent sur la mémoire des maisons et des quartiers en collectant de documents d’archives mais aussi en partageant leurs trouvailles grâce aux nouveaux moyens de communication comme les réseaux sociaux. Sans le travail de fond et de fourmis d’associations comme les Amis des Baraques à Brest et l’association Aux Anciens du Bouguen, Mémoire de Soye à Ploëmeur, Baraques An Oriant à Lorient, l’AGCP (Association Gonfrevillaise des Cités Provisoires) à Gonfreville L’Orcher - et il ne s’agit que de quelques exemples connus des auteurs -, des archives précieuses n’auraient jamais eu une autre vie et sans leur ténacité, la patrimonialisation des baraques aurait peut-être pris un peu plus de temps avant de se mettre en route.

Date(s) d'enquête : 2019 - 2020 ; Date(s) de rédaction : 2019