C'est une première intervention archéologique en 2003 qui donne l'occasion de relever sur l’estran la présence d'une structure rectangulaire de 10 x 4 m, délimitée par de grosses pierres et fermée en partie haute par des planches de chêne plantées verticalement. Un rapide sondage dégage, entre autres, un madrier avec un bloc de quartz enchâssé dans une mortaise centrale, maintenu par une planchette chevillée. Un parallèle est d'abord établi entre ce morceau de quartz et les offrandes similaires rencontrées dans des fontaines votives au Pays de Galles et en Irlande au Moyen-Age. Par ailleurs cet emplacement est appelé « Feunteun Vor », soit Fontaine de mer, cette fouille se conclut donc avec l'idée qu'il s'agit de la vocation de cette structure.
La campagne de fouille de 2013 offre une nouvelle hypothèse. La découverte d’une crapaudine de quartz fracturée oriente les recherches vers l'existence d'un moulin. L'analyse du premier élément de quartz confirme cette idée car lui aussi présente les mêmes signes d'usure que les pierres qui servent d'appui aux axes des lanternes dans les moulins, il s'agit donc de deux crapaudines. Parallèlement, cette fouille s'accompagne d'une prospection du réseau hydrographique qui permet de retrouver et cartographier l’ensemble des petits affluents et des conduites aménagées anciennement, effacés par les opérations de remembrement. Cet analyse donne des éléments supplémentaires pour comprendre le fonctionnement du moulin.
D'autres éléments viennent ensuite confirmer la fonction de moulin de cette structure, identifiée comme un moulin à eau à roue horizontale. C'est l'analyse de la montée du niveau de l'eau qui permettra de confirmer son rôle de moulin à marée. En effet, aujourd'hui, la base du moulin est recouverte de 2 m d'eau à la pleine mer. Or des études ont montré que le niveau de l'eau avait seulement augmenté de 50 à 70 cm sur 1 500 ans. La base du moulin aurait donc été régulièrement recouverte entre 1,10 à 1,30 m et cette configuration, très préjudiciable aux mécanismes, n'aurait eu aucun intérêt si le moulin ne fonctionnait qu'avec les ruisseaux en amont et non pas grâce aux marées.
La découverte de ce moulin à roue horizontale, parmi les plus anciens d'Europe, atteste des échanges avec l'Irlande où l'on trouve des spécimens de ce type présents dès le VIIe siècle, mais aussi des échanges avec l'Angleterre et l’Écosse où il en existe aussi quelques exemples. L'existence de ce moulin laisse aussi à penser que l'estran breton pourrait abriter d'autres ruines de ce type.
Chargée d'étude (GRIEF EA7465 - ENSAB)