François Froger, cartographe de la fin du 17e et début 18e siècle, dresse en 1702 un plan du port et du môle de Roscoff. Plate-forme, parapet, escaliers, cale, embrasures et latrines y sont représentés ainsi que le projet de prolongement du môle et construction du musoir, ce à partir de la dernière embrasure. Le prolongement prend appui sur la roche du Grand Quelen. Est aussi indiqué le chenal d'accès au port qui passe entre les deux roches du Grand Quelen et Petit Quelen (rocher aujourd'hui disparu).

En 1636, vingt ouvriers travaillent à l'agrandissement du môle sous la responsabilité du maître-œuvre Jean Gautier. En 1713, une tempête cause des dégâts dans le port et détériore le quai du môle. Des travaux sont effectués en 1715. L'allongement du môle est effectué en 1742, et terminé en 1743, dans un contexte de déclin économique. Des travaux sont de nouveau réalisé en 1766. La construction du môle est financée par des taxes sur l'alcool.

Un môle défensif : 4 embrasures sont indiquées sur ce plan de 1702, dont une signalée comme ayant accueilli un canon. Une carte dressée au 17e (datation non précisée) replace ce rôle défensif dans un environnement plus large où forts, canons, corps de garde et pont-levis au Bloscon participent à un système défensif depuis l'île de Sieck jusqu'à l'île Callot en passant par l'île de Batz.

Ouvrage clé du développement d'une économie devenue identitaire :

Les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées messieurs Mengin et Tarot, dans la notice descriptive du port en 1879, notent que la construction de la jetée aurait débuté en 1500, continué en 1715 et aurait été terminée en 1743.

"La jetée est constituée d'un massif de galets compris entre deux murs de soutènement en pierres sèches de 1,75 m d'épaisseur. Le mur extérieur est surmonté d'un parapet maçonnée avec mortier." Le musoir est construit en belles pierres de taille.

"On applique au parement du large un mode de rejointoiement particulier ; il consiste à chasser au marteau, dans les lits et joints, des coins en bois de chêne, qui, gonflés par l'humidité, pressent et maintiennent les pierres et leur permettent de résister au ressac le plus violent. Ce système, qui a depuis longtemps fait ses preuves, n'entraîne guère qu'une dépense de 50 à 60 francs par an, pour le remplacement successif des coins." (Mengin et Tarot).

En 1898-1899 des travaux d'aménagement du môle sont réalisés : suppression d'un des trois escaliers du môle et, selon l'annotation du plan conservé aux Archives départementales du Finistère, volonté de conserver les latrines. En 1900, un terre-plein est aménagé pour faciliter l'accès au quai qui en raison de l'activité est très encombré. En 1909, la cale est modifiée.

Tout au long du 19e et jusqu'au début des années 1930, c'est sur le vieux quai que sont chargés les oignons sur des dundees, des goélettes et des bricks provenant de Tréguier, Lézardrieux ou Paimpol. De nombreux petits voiliers ou vapeurs effectuent aussi les chargements. Les cartes postales du début du 20e siècle montrent la densité de l'activité sur le quai.

Les bateaux de pêche sont quant à eux sur coffre, au mouillage, dans le bassin.

Une valorisation patrimoniale du quai Tristan Corbière :

Afin de valoriser, d'un point de vue patrimonial, le vieux quai, les embrasures ont été débouchées pour y installer des canons (l'un provenant du fort du Bloscon, l'autre de l'arsenal de Cherbourg). Un panneau d'interprétation complète la démarche de sensibilisation. Une plaque commémorative dédiée à Tristan Corbière est installée à l'extrémité ouest du quai à qui son nom a été donné en 1995. Son père, Edouard Corbière, est un des acteurs importants du développement du négoce des oignons, artichauts et choux-fleurs ayant créé une liaison maritime (1839) entre Morlaix et Le Havre.