Bien distincte des croix-palis en schiste qui, compte tenu de leur structure stratifiée, ne présentent pas ou peu de décor, la croix d'un état de conservation exceptionnel se rattache au groupe des croix tableaux historiées. Le grès dans lequel elle est sculptée a permis de réaliser un travail d'une extrême finesse ; l'aspect des personnages, taillés et gravés avec vigueur, les effets ondoyants schématiques des anges encensant la Vierge à l'Enfant au revers, évoquent de façon étonnante l'esprit roman. Pourtant ce thème, ainsi que celui de la Crucifixion de l'avers, se retrouvent avec d'autres détails comme la forme des feuillages ou le petit toit en bâtière, sur la croix monumentale de Pléchâtel datée grâce à l'héraldique du début du 15e siècle. Même si la composition d'ensemble est plus simple ici, elle n'exclut pas de savantes références. A saint Pierre figurant au sud coiffé de la tiare et muni de son attribut traditionnel, la clef du Royaume des Cieux, fait pendant, au nord, un saint céphalophore identifié par Banéat comme saint Denis ou un pieux solitaire nommé saint Herminn qui habitait la Landelle, près du château de Maure. Il s'agit ici plus certainement de saint Maure de Glanfeuil, représenté ainsi martyrisé par confusion avec d'autres saint homonymes, clin d'oeil au nom de la paroisse, Maure, où son patronage vint au 9e siècle concurrencer celui du premier pape à la suite d'une fondation du monastère de Glanfeuil (Saint-Maure sur Loire). Cette allusion évoque aussi la famille de Maure comme en témoignent les croissants échiquetés que l'on devine encore aux pieds des deux saints personnages.