Le regroupement de plusieurs logis au sein d'un alignement était appelé autrefois « rue » comme semble l'indiquer le toponyme La Rue Josse. Ce phénomène est assez courant dans l'architecture vernaculaire ancienne, aussi bien à l'intérieur de terres que sur la bordure littorale, mais le contexte économique et social qui sous-tend ce mode d'habitat groupé reste à étudier.

Une soixantaine de ces alignements a été recensée sur le territoire communal et certains exemples sont particulièrement notables par leur longueur, comme ceux de la Négrais au nord et du Grand Veaupiard au sud.

Grâce aux maisons qui les composent, on peut quelquefois se faire une idée de l´époque à laquelle ils ont été construits, en tenant compte du fait que beaucoup ont pu être entièrement ou partiellement réédifiés à peu près au même emplacement. La chronologie qui ressort de ce sondage est très cohérente et s´étale du dernier quart du XVIIe siècle au début du XIXe siècle, comme le montre le tableau suivant :

Le Petit Veaupiard 1695, 1741

Roux (impasse) 1696, 1752

La Ville-Brunet 1700

La chapelle 1716

Le Bois Pertuit 1719, 1778

La Croix 1743

La Ville-Etoire 1749

Donjon (venelle du) 1761

Mairie (rue de la) 1790

La Rue Josse An XII (1804)

La composition de ces « rues » est aussi remarquablement homogène, et l´on trouve jusqu´au XXe siècle des types de logis que l´on reconnaît déjà au XVIIIe siècle. Alors qu´au Petit Veaupiard se trouvent associés un logis élémentaire de plain-pied (1695), une maison à étage (c.1800) et une ferme (1749), on trouve au Grand Veaupiard une série de cinq maisons de type ternaire qu´on croirait bâties en série. Plus fréquente encore est la juxtaposition de maisons à étage à deux pièces par niveaux comme à la Rue Josse ou à la Fosse.

Plusieurs témoignages oraux recueillis in situ attribuent à une organisation familiale la genèse de cette forme d'habitat. Les parents font édifier une première maison, à côté de laquelle viennent s'agréger ensuite celles de leurs enfants et petits enfants. Cette explication laisse néanmoins beaucoup d'interrogations sans réponses. S'agit-il d'un mode de tenure collective des terres, d'un partage du temps de travail entre la pêche ou le commerce maritime d'une part, et l'agriculture d'autre part ?