La ZUP doit permettre de faire face à une crise du logement, dans le cadre d´une planification globale de la ville dont l´extension est programmée entre trois ZUP, celle de Maurepas, au nord-est, celle de Villejean-Malifeu, au nord-ouest, enfin celle du Blosne, au sud. Ces quartiers « entièrement nouveaux, [sont] choisis pour des raisons de voisinage avec des zones d´emploi et indépendamment des tendances naturelles de l´expansion », comme l´indique le rapport d´ensemble. La ZUP du Blosne s´inscrit cependant dans la logique de développement de la ville vers le sud dont il s´agit de stopper la tendance spontanée et désordonnée. L´implantation de l´usine Citroën à Chartres-de-Bretagne sera un facteur décisif dans le choix de favoriser et d´organiser le développement vers le sud, malgré les contraintes topographiques.
La ZUP se superpose à une zone rurale de la commune qui subsistait, jusqu´en 1960, au sud de l´axe des boulevards Albert-Ier, Léon-Grimault et de l´Yser.
Le cadastre de 1812 permet d´observer la présence de nombreux manoirs déclassés, ceux du Böedrier et de Saint-Donatien-la-Forêt, ceux des Hautes-Ourmes et des Basses-Ourmes, mais aussi de petites fermes et de maisons rurales construites en bordure des chemins et parfois décrites par Paul Banéat (celles du Gacet, de la Moinerie et du Cormier, celle du Landrel, qui possédait une avenue plantée visible sur le cadastre de 1842). Les villages de Torigné et de la Goupillais ont eux aussi disparu. Seules subsistent à l´état de vestiges les emprises des jardins du manoir des Hautes-Ourmes et du château de Bréquigny, détruits à la fin des années 1960, les maisons des Ecotais et des Hautes-Chalais.
Pour faciliter la commercialisation de ce nouveau secteur urbain, la S. E. M. A. E. B. proposera, en 1968, de conserver la toponymie ancienne pour nommer les nouveaux sous-quartiers (résidence des Hautes-Ourmes, du Landrel, des Basses-Ourmes, etc.) et de proscrire le sigle de ZUP de la dénomination Rennes-Le Blosne, du nom du ruisseau qui coulait au sud de la commune.
Seuls quelques toponymes ont été conservés dans la voirie (allée du Gacet, place de Torigné, quartier du Landrel), l´ensemble porte des noms de provinces ou de villes européennes (Europe centrale à l´est, Europe du Sud, au centre et Europe du Nord à l´ouest). Les arrêts de bus portent le nom de quelques toponymes anciens (Gacet, Landrel, Hautes-Ourmes et Torigné, Canada-Les Chalais) alors qu´on l'observe pour une seule station de la ligne du VAL ouverte en 2002 (Le Blosne) qui traverse la ZUP selon un axe est-ouest. Les parcs aménagés sur les terres d´anciens manoirs conservent également leur toponyme (parcs des Hautes-Ourmes et de Bréquigny), comme les groupes scolaires (Hautes-Ourmes, La Binquenais, Les Chalais, Bréquigny). L´avenue Henri-Fréville portera le nom du maire de Rennes qui fut le fervent promoteur du projet.
Selon le plan de masse dessiné en 1965, chaque quartier est formé d´îlots desservis par des voies dont la largeur est fixée à 10 m pour les voies primaires et à 7 m pour les voies secondaires. Des passages souterrains permettent le franchissement piétonnier des voies séparant les îlots ; des dessertes internes donnent accès aux aires de jeux et aux espaces verts aménagés en coeur d´îlot. Des parkings et des aires de stationnement sont disposés à la périphérie des îlots. A l´est et à l´ouest, deux parcs sont aménagés à l´emplacement des jardins du manoir des Hautes-Ourmes et du château de Bréquigny, complétés, au sud et au nord-ouest, par des équipements sportifs.
Le réseau ancien conservé a été profondément modifié, la rue de Châtillon est interrompue au niveau de la rue d´Espagne et l´ancien chemin de la Goupillais a été élargi et rectifié pour former un tronçon du boulevard de contournement, l´actuel boulevard Albert-Ier. L´avenue Henri-Fréville rompt le chemin dont il reste des vestiges dans les îlots C et D. Les seuls édifices anciens conservés sont situés dans l´îlot J, il s´agit du manoir des Hautes-Chalais et de la maison des Chalais, alors qu´il ne subsiste que les jardins du manoir des Hautes-Ourmes et du château de Bréquigny. Au sud des Chalais, les jardins sont également conservés.
Les équipements publics sont nombreux, certains fonctionnant à l´échelle de la ville entière voire au-delà, comme le lycée Bréquigny et le complexe sportif du même nom (avant 1983) ou encore l´hôpital (1979) et le centre commercial Alma (1973) où sont situés bowling et cinémas. La ZUP est cependant équipée d´établissements scolaires, sportifs et religieux répartis dans les quartiers qui disposent à l´origine d´une église ; un local est mis à la disposition de la communauté israélite, 2 allée de Brno) et d´un collège mais aussi de plusieurs groupes scolaires liés aux unités de voisinage. En 1983, un programme de bureaux : Le Méridien, Le Crimée (îlot O), les Argonautes (îlot J), PTT (îlot D), vient compléter l'ensemble.
L´ensemble des logements collectifs, dont l´unité est la résidence, est à l´origine conçu par groupes d´immeubles formant eux-mêmes des unités de voisinage dans lesquelles s´intègrent également des logements individuels. Ceux-ci, peu nombreux (10%), sont disposés à la périphérie, au sud et au sud-ouest. A l´origine, le quartier ouest regroupe trois unités de voisinage composées de logements collectifs, le quartier est compte trois unités de voisinage, dont deux mixtes, le quartier centre en compte quatre, dont deux mixtes. Ces unités de voisinage ne coïncident pas avec les îlots, elles sont distribuées par des voies secondaires et des dessertes d´îlot. Les programmes de logement ne coïncident pas avec les îlots.
Le ministère de la Construction émet un avis favorable, en 1962, considérant « que l´ensemble des problèmes exposés trouve une heureuse solution tant dans le plan programme que dans le plan de masse établi par l´architecte en chef ». Il émet cependant une réserve sur l´emplacement des commerces (voie à grand trafic vers la ville) et insiste sur le fait que le cimetière « puisse jouer le rôle d´une véritable zone paysagère de calme et de verdure ».
Le choix de l´emplacement des églises, dont l´emprise est fixée à 1 ha pour chacune d´entre elles, sera soumis à l´archevêché, en 1962, qui expose ses préférences pour le sud-est du rond-point Albert-Ier, et non l´emplacement projeté, « adossée au cimetière », pour les abords de la ferme de Saint-Donatien, mieux situés par rapport aux églises existantes ; enfin regrette l´emplacement prévu au sud-est, « rejetée à l´extrémité ou presque de la ZUP, non loin de la rocade », et préfèrerait le secteur de la ferme du Petit-Thorigné.
Ces quartiers doivent accueillir les 12000 logements prévus, 5000 à l´est, 3210 au centre et 3680 à l´ouest. Un autre projet présente une répartition différente et moins dense, soit près de 4000 logements aux secteurs centre et est et moins de 3000 au secteur ouest, dont l´emprise est largement mobilisée par le complexe sportif, le lycée et le parc de Bréquigny. Ces deux secteurs sont ceux qui comptent aujourd´hui le plus de logements sociaux (60%) alors que le rapport est inversé dans le secteur ouest où il n´atteint que 40%.
Le bilan de 1969 donne le chiffre de 1025 logements construits et 2840 en cours.
Le programme 1969-1971 prévoit la construction de 4647 logements, dont 1980 HLM et 2267 primés et non aidés (ces derniers dans l'îlot H).
La connexion avec les quartiers existants s´effectue principalement avec le secteur des Champs-Manceaux et dans une moindre mesure avec celui de la Thébaudais.