Dossier d’œuvre architecture IA35023929 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Rennes
Couvent des Dames Budes, dit séminaire des Filles de la Sainte-Vierge ou des Dames de la retraite, rue Saint-Hélier (Rennes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rennes ville - Rennes ville
  • Commune Rennes
  • Adresse rue Saint-Hélier
  • Dénominations
    couvent
  • Destinations
    édifice hospitalier
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, école

Historique

Créée en 1676 puis approuvée par lettre patente de Louis XIV en 1678, l'association des Filles de la Sainte Vierge ou des Dames Budes tient son nom de sa fondatrice, Jeanne Brandon, veuve de Jean Budes, et eut comme vocation l'éducation et l'encadrement de femmes. Les soeurs, bien que soumises à un statut, ne prononçaient pas de voeux et restaient propriétaires de leurs biens dont elles firent souvent profiter leur fondation. D'abord installées, en 1682, dans une maison de la rue de Toussaints, les Dames Budes souhaitèrent fonder, au milieu du 18e siècle, un nouveau groupement ; elles furent encouragées par l'évêque de Rennes qui favorisa la continuation de leurs oeuvres et l'essor des retraites. Ainsi, l'établissement fut-il transféré en 1758 dans la rue de La Guerche, actuelle rue Saint-Hélier, sur un terrain appartenant à une certaine Mme Dampierre. Un nouveau bâtiment, construit par l'architecte François-André Forestier, fut béni en 1760. Bien que propriétaires, les religieuses furent chassées de leur maison à la Révolution ; on y installa une manufacture de toile (1804) puis un dépôt de mendicité, avant que l'édifice ne fut échangé par la ville à un ecclésiastique, l'abbé Caron, contre la manufacture de la Piletière. En 1821, ce dernier céda finalement le couvent aux Dames Budes qui avaient entre temps pensé s'installer dans l'ancien couvent des Carmélites. Deux ailes vinrent agrandir l'établissement en 1859 tandis que Melle de Trédern, Supérieure générale, fit construire une nouvelle chapelle en 1865. L'édifice abrite aujourd'hui principalement une clinique et une maison de retraite, la fondation religieuse, rattachée à l'ordre du Sacré-Coeur de Jésus, n'en occupant que petite partie.

Description :

Les dispositions originelles du couvent nous sont principalement connues grâce à une description faite en l'an XII par un architecte chargé d'évaluer les bâtiments. Le corps principal, construit en 1758, était précédé au nord par une cour fermée sur la rue et ouvrait, au sud, sur un grand jardin. Il avait un plan longitudinal et était précédé de deux ailes latérales présentant un léger avant-corps que devaient joindre différents corps de bâtiments plus anciens en fermant les côtés est et ouest de la cour.

Le bâtiment central se compose d'un rez-de-chaussée reposant partiellement, au nord, sur des caves ; il est surmonté d'un entresol, d'un étage carré, d'un étage mansardé et enfin d'un grand grenier. Double en profondeur, le bâtiment est traversé à chaque étage par un corridor longitudinal tandis que la distribution verticale était assurée par trois escaliers (disparus) précédés par leur vestibule. Le rez-de-chaussée était occupé, dans l'aile nord est, par la cuisine et ses dépendances ; dans le corps principal, côté jardin, se trouvaient en particulier le réfectoire et l'ancienne chapelle, deux pièces dont la hauteur allait jusqu'au premier étage. Le cloisonnement des salles du rez-de-chaussée fut vraisemblablement modifié dès la Révolution par l'aménagement de grands espaces nécessaires à la manufacture de toiles qui s'y installa.

Principalement voué à accueillir des retraites spirituelles, l'établissement comportait un grand nombre de chambres, certaines avec cheminée, garde-robe ou cabinet, et ouvrant de part et d'autre du corridor central. On en comptait 19 à l'entresol, 22 au 1er étage et 24 à l'étage mansardé, ce dernier n'étant accessible que par les deux escaliers latéraux. Dans le grand grenier régnant sur la totalité des mansardes, sans cloison, un petit escalier en échelle de meunier communiquait avec un campanile.

L'élévation du bâtiment construit par Forestier est en moellons, aujourd'hui enduits, avec encadrement de baies en pierre de taille de granit. La façade nord est composée de 11 travées de fenêtres, dont les trois centrales s'inscrivent sous un fronton triangulaire disposé en avant du brisis du toit. Cette composition se retrouve à la façade sud, élargie de part et d'autre de deux travées de fenêtres. La toiture à la Mansart, couverte d'ardoise, comportait deux croupes sur ses petits côtés, disposition devenue illisible depuis la transformation des ailes latérales. La puissante silhouette du bâtiment, hérissée par de robustes souches de cheminée, est dominée par l'élégant campanile à colonnettes surmonté d'une croix.

La sobriété de l'édifice est accentuée par une absence presque totale de décor : si l'entrée est marquée par quelques consoles sculptées, seules les volutes encadrant les mansardes viennent orner le bâtiment.

La chapelle du 19e siècle :

D'importants agrandissements vinrent transformer l'édifice dans la seconde moitié du 19e siècle, avec en 1859 la construction de deux ailes symétriques en retour d'équerre sur la cour et surtout la construction, au sud, d'une chapelle rattachée au corps central par un passage surmonté d'une tribune. Commencée en 1865, elle est l'oeuvre de l'abbé Brune, théoricien et architecte, et fut consacrée en avril 1867. D'après le comte de Palys, le modèle pris par Brune était une chapelle de Vitré. De plan longitudinal sur lequel se greffent deux chapelles hors oeuvre en avant du choeur, cette chapelle de style néo-gothique à chevet polygonal présente un astucieux système de confessionnaux desservis par un couloir périphérique. Les quatre travées de la nef, couvertes de croisées d'ogives retombant sur des culots sculptés, sont fortement marquées tant par les arcatures cintrées qui s'ouvrent au-dessus des portes jumelées des confessionnaux que par les fenêtres hautes. La tribune des soeurs au nord, le choeur au sud, et l'ouverture des chapelles latérales portent un décor plus riche essentiellement composé par le jumelage d'arcatures brisées ou trilobées s'inscrivant dans une arcade aveugle ou encore surmontées d'un occulus ou quadilobe et retombant sur de fines colonnettes ornées de chapiteaux à feuillage. Les fenêtres hautes, dessinées de manière classique suivant les modèles du 13e siècle, ont perdu leurs vitraux d'origine qui furent remplacés après la seconde guerre mondiale.

Le mobilier du 19e siècle, également disparu, était composé d'un maître-autel surmonté d'un tabernacle, de gradins et d'une exposition, elle-même couronnée par une statue de pierre du Sacré-Coeur signée par J.M. Valentin (seul cet élément est conservé) ; l'ensemble était encadré par deux anges adorateurs. Le choeur était fermé par une clôture métallique tandis qu'une chaire à prêcher à cuve et abat-voix, également de style néo-gothique, était suspendue sur le côté gauche de la nef. Seule la chapelle latérale droite abrite encore son mobilier d'origine.

Les transformations contemporaines :

Les transformations du bâtiment central, commencées à la Révolution, ont vraisemblablement continué tout au long du 19e siècle avec, entre autre, des aménagements engendrés par l'installation d'un dépôt de mendicité entre 1809 et 1811 ou l'installation de salles de classe au rez-de-chaussée dans les années 1870. L'installation d'une clinique et d'une maison de retraite a entraîné ces dernières décennies une restructuration totale des intérieurs, la disparition et le déplacement des escaliers ainsi que la suppression des fenêtres à petits carreaux. La chapelle, entièrement repeinte, a vu l'agrandissement de sa chapelle latérale gauche par la construction dans les années 60 d'une annexe très contemporaine, oeuvre de l'architecte parisien Willy Anthoons et qui fut exécutée par MM. Malluile et de Giorgy. Dédiée au Saint-Sacrement, elle est dessinée sur un plan en accordéon et est couverte de 3 berceaux plein-cintre en briques de verre. Elle renferme un beau vitrail abstrait signé Jean Le Moal et Allain datant vraisemblablement de 1966.

Conclusion :

L'ampleur de l'édifice construit en 1758 témoigne du succès de la fondation et de l'essor des retraites spirituelles qui en étaient l'activité principale. François-André Forestier, ou Forestier aîné, était lors de cette réalisation, un architecte reconnu à Rennes puisqu'il avait dressé entre 1720 et 1722 le plan de la ville sous la direction de Robelin, qu'il apparaissait en 1726-1727 sous le titre "d'architecte des bastimens de la ville de Rennes" et qu'il avait construit en 1733 l'important hôtel Bonin de la Villebouquais. Le parti adopté ici se caractérise par un plan massé dont la conception se rapproche de celle des bâtiments civils, suivant une évolution de l'architecture conventuelle sensible dès de début du 18e siècle : la distribution éclatée traditionnelle des édifices tend à céder le pas sur un ramassement des corps de bâtiment. Dans le contexte de la reconstruction de la ville de Rennes, rien d'étonnant à ce qu'un architecte averti suive les tendances contemporaines dont on retrouve les caractéristiques aux Dames Budes.

La chapelle construite en 1865 dans le style gothique du 13e siècle sans véritable originalité suit les orientations de son auteur, le chanoine Brune, qui, dans son enseignement, se distingue comme ardent défenseur de cette architecture. Ainsi, ne cherche-t-il pas ici à établir de lien stylistique entre sa réalisation et l'édifice existant.

Malgré les nombreuses transformations et mutilations qui ont affecté l'intérieur du bâtiment, celui-ci nous reste en grande partie lisible comme témoin de l'importante emprise spatiale des établissements religieux sous l'Ancien Régime.

Le couvent de la Retraite, fondé par les Dames Budes, voit sa construction débuter vers 1758 selon les plans de l'architecte François-André Forestier. Après le départ des religieuses, entre 1792 et 1825, l'édifice est transformé en filature puis en dépôt de mendicité et de prostituées. Ensuite, entre 1855 et 1860, les bâtiments d'origine sont agrandis, et en 1865, une chapelle est construite par le chanoine Brune. Une annexe, dessinée par Willy Anthoons et construite par Malluile et de Giorgy, vint l'agrandir à l'est autour de 1965. Cet ancien couvent abrite aujourd'hui une clinique de rééducation, une maison de retraite et une petite communauté religieuse.

L'édifice original, agrandi par la construction de deux ailes en retour d'équerre sur la cour au milieu du 19e siècle, se caractérise par un plan massé encadré latéralement par deux ailes symétriques ; il se compose d'un étage carré sur entresol et rez-de-chaussée, surmonté d'un étage mansardé. Double en profondeur, ce corps de bâtiment est traversé à chaque niveau par un couloir central. L'élévation, d'une grande simplicité, est marquée par des chaînages de granit en pierre de taille et surtout par un fronton triangulaire couronnant l'avant-corps antérieur. A l'arrière de l'édifice, un passage couvert donne accès à une chapelle néo-gothique agrandie dans les années 6O.

  • Murs
    • schiste
    • calcaire
    • granite
    • enduit
    • moellon
    • pierre de taille
    • pierre de taille
    • béton armé
  • Toits
    ardoise, verre en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Données complémentaires architecture Rennes

  • DENO
  • HYPO
  • PHYPO
  • NOTA
  • SCLE1
  • IMPA
  • CBATI
  • IMBATI
  • PERP
  • PASSAGE
  • ESPAL
  • ESPAP
  • TAPA
  • BOUTIQ
  • NACC
  • AUTO
  • ACC1
  • ACC2
  • ESCAFO
  • ESCAPO
  • RDC
  • ETAGE
  • ENTRESOL
  • COMBLE
  • ATTIQUE
  • TRAV1
  • TRAV2
  • TRAVANGLE
  • MUR
  • ANGLE
  • ORIEL
  • BALCON
  • IAUT typicum
  • ICHR typicum
  • IESP unicum secteur
  • ICONTX structurant
  • ITOPO site de faubourg
  • PINTE Ce bâtiment, occupé depuis plus de deux siècles par une même communauté religieuse, s'affirme à nous comme témoin de l'évolution de l'architecture conventuelle au 18e siècle sous l'influence des grands modèles de l'architecture civile.
  • POS 3
  • SEL étudié
  • PART
  • NATURE
  • RESEAU
  • MORPHO
  • IMPBA
  • SURF
  • LOTS
  • VOIES
  • PRESC
  • VEGETAL
  • OBS
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • A. D. Ille-et-Vilaine. Série H ; 34 H (1 à 4). Filles de la Sainte-Vierge dites Dames Budes.

  • A. D. Ille-et-Vilaine. Série C ; C 251. Ville de Rennes, acquisitions des Dames Budes (1757-1758) .

  • A. D. Ille-et-Vilaine. Série V ; 1.V.1478.

  • A. D. Ille-et-Vilaine. Série Q ; 1.Q.890. Biens de première origine Clergé régulier (1791-an II) ; 2.Q.266, Direction des Domaines Suppression des congrégations religieuses.

  • A. D. Ille-et-Vilaine. Série Y ; 1.Y.144. Suppression du dépôt de mendicité de Rennes.

  • A. C. Rennes. Série P ; P3. Dames Budes : acquisitions de terrains et d'immeubles, dons et legs, correspondances, état des congrégations religieuses de femmes (1807-1948) .

Bibliographie

  • GUILLOTIN DE CORSON, Abbé. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes.

    1882, tome 3, p.241-242
  • POCQUET DU HAUT-JUSSE, Barthélémy-Antoine. Visites et excursions à Rennes et aux alentours. Mayenne : Joseph Floc éditeur, 1974.

    p.143-145
  • PALYS, Elie de (comte). Les Dames Budes, 1891.

  • PALYS, Elie de (comte). Les Filles de la Sainte Vierge, éd. Frain fils, 1877.

Documents figurés

  • Plan du terrain destiné aux Dames Budes, rue Saint-Hélier par la Communauté, plan, par Chocat de Grandmaison, 1757, 1/565e (A.D. 35, Fonds de l'Intendance, C 251/02).

  • Plan du terrain destiné aux Dames Budes, rue Saint-Hélier par la Communauté, plan, 1757, 1/186e (A. D. 35, Fonds de l'Intendance, C 251/03).

  • Plan du rez-de-chaussée de l'escalier à construire à la Retraite, plan, 1758, 1/25e (A. D. 35, Fonds de l'Intendance, C 251/05).

  • Plan du même escalier pour le premier étage qui servira pour le second et le troisième étage au dessus, plan, 1758, 1/25e (A. D. 35, Fonds de l'Intendance, C 251/06).

  • Elévation d'un des côtés de l'escalier, plan, 1758, 1/29e (A. D. 35, Fonds de l'Intendance, C 251/07 et C 251/08).

  • [Plan et coupe des latrines à construire dans l'ancienne maison des Dames Budes], plan, 1758, 1/29e (A. D. 35, Fonds de l'Intendance, C 251/09).

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 1999; Date(s) de rédaction : 1999