Le fief de Maurepas, mentionné au début du 13e siècle, dut être démembré à une date relativement précoce. Au 16e siècle, aucun domaine important n´y est associé, et le nom de la terre est porté par plusieurs famille de la bourgeoisie rennaise (Pocquet). L´une d´elle se distingue vers les années 1580-90, pendant les guerres de la Ligue en la personne de Raoul Martin, sieur de la Balluère (en Broons-sur-Vilaine) et de Maurepas (en Rennes), juge au présidial de Rennes, personnage riche et influent auquel revient l´honneur d´héberger Henri IV dans son hôtel de la rue aux Foulons en 1598. Son anoblissement rapide en 1599, est à la mesure des importants services rendus au roi. C´est sans doute lui qui est à l´origine au début du 17e siècle de l´étonnante construction, implantée le long de la rue de Fougères et marquée à son extrémité ouest par un important pavillon à deux étages surmonté d´un toit à l´impériale, qui jusqu´à sa démolition en 1967, reçut l´appellation flatteuse de « château de Maurepas ».
Avant sa métamorphose du début du 17e siècle, la maison de Maurepas est sans doute un édifice à l´image de nombreux exemples dispersés le long des routes qui prolongent les faubourgs de la ville. Son implantation en bordure immédiate du grand chemin, reprise lors des embellissements du 17e, le voisinage tout proche des maisons de la Riauderie à l´ouest, et de l´Epine à l´est visible sur les cadastres de 1812 et 1842 met en évidence le peu d´importance du foncier et par là même le rang secondaire de la terre. La configuration des lieux s´apparente à une réalité bien connue à Rennes, celle d´une maison de retenue. A l´ouest s´étend un grand jardin rectangulaire, clos de levées de terre, dont l´angle nord-est, près la rue de Fougères est occupé par le logis principal. La cour, à l´est est commune avec la maison de l´Epine, servant de ferme, qui possède au delà ses propres jardins. Le toponyme de l´Epine, distinct de celui de la maison principale est un indice supplémentaire d´une annexion relativement tardive qui ne remonterait guère au-delà du 16e siècle.
Les différentes vues anciennes du château de Maurepas, lithographie de 1842 et photographies des années 1880 montrent bien son rez-de-chaussée aveugle, formant soubassement et abritant caves et cuisines. Le style de l´édifice, est à rapprocher de l´hôtel Loysel de Brie, rue du chapitre, daté de 1624. Où se retrouve en particulier l´emploi des pilastres ioniques à oves et dards. L´hôtel du Bouëxic de Pinieuc, construit face à la cathédrale en 1631. On retrouve dans le pignon est de ce dernier l´emploi de l´oculus ovale et de bossages en tables à lignes de refends. La répartition des baies originale, et joue sur l´alternance de parties à baies rapprochées et celles des parties peu ouvertes. Ainsi la face sud du pavillon, formant pignon est ouverte de deux travées tandis qu´une seule travée de baies éclaire la face du côté de la rue de Fougères. Le corps central ne comporte pas moins de cinq fenêtres, surmontées de grandes lucarnes de pierre à ouvertes en plein cintre et couronnées de frontons sinueux brisés que leur forme situe avant 1630. Enfin le pavillon nord, percé de deux fenêtres présente une élévation très simple et ne comporte qu´un seul étage carré que surmonte un toit en pavillon à forte pente et coyau accentué, indice probable d´une construction antérieure. Lors des aménagements du 18e siècle, les pièces de l´étage furent dotées de lambris selon la mode du temps. Sans doute en même temps, la toiture du corps central fut transformée en comble brisé. Cette modification destinée à augmenter la capacité de l´habitation eut pour conséquence un raccord inesthétique avec le toit de l´ancien pavillon nord, dont la partie basse du versant se trouva désormais en retrait du nouveau toit du corps central.
La confrontation des photographies du château prises peu avant sa démolition et du plan du premier étage appelle quelques remarques. Le pavillon ouest dont la masse domine de façon ostentatoire la route de Fougères est couronné d´un toit à l´impériale de plan carré. Toutefois le plan de l´étage ne représente sur le côté intérieur du carré qu´une simple cloison. D´autre part, les deux pièces qui suivent sont chauffées par des cheminées adossées, sans mur de refends. Ces incohérences apparentes, de même que les cinq fenêtres extrêmement rapprochées du corps central, permettent d´envisager que cette élévation savante et riche à pilastres ioniques, bandeaux et chaînes de refends n´est qu´un rhabillage d´un édifice plus ancien dont l´étage se trouvait en majeure partie construit en pan de bois. Cette sorte de reconstruction périphérique des murs latéraux, sans modifier la structure interne plus ancienne d´un édifice, rappelle les modifications de façades apportées ponctuellement en milieu urbain, en particulier avant l´incendie de 1720, elle se retrouve aussi fréquemment dans les maisons rurales en pan de bois des environs de Rennes au 17e et 18e siècle, dont le colombage est alors remplacé par des murs de terre élevés selon la technique de la bauge.